Cap sur l’avenir connecté : guide pratique de la téléconsultation à l’officine

Une réponse à l’urgence d’accès aux soins

Aujourd’hui, plus de six millions de Français sont sans médecin traitant, et 29 000 communes sont classées en zones sous-dotées. Face à cette pénurie de soins primaires, la téléconsultation en pharmacie connaît un développement sans précédent. En 2023, elle ne représentait encore que 7 % des téléconsultations globales, mais son rôle devient central dans la lutte contre les inégalités territoriales.

Pour Elie-Dan Mimouni, directeur général de MEDADOM, cet usage encadré et structuré représente une véritable porte d’entrée médicale pour les patients les plus isolés : « L’officine est le point d’accès de référence. Elle offre un espace dédié, un accompagnement, des conditions de confidentialité et des dispositifs médicaux connectés. C’est dans ce cadre qu’on peut garantir une téléconsultation de qualité. »

Consoles, bornes ou cabines : un équipement à la carte

En officine, plusieurs formats coexistent :

  • Les consoles, solutions légères (webcam + objets connectés), conviennent aux petites pharmacies,
  • Les bornes regroupent matériel et logiciel dans un mobilier dédié,
  • Les cabines, enfin, offrent un espace clos, garantissant confidentialité et confort. Certaines officines installent même des unités extérieures de type « Box Médicale » (15 m², 39 000 €). Le coût d’abonnement mensuel varie de 99 à 550 €, selon le format.

En parallèle, l’Assurance Maladie soutient l’équipement via un forfait de 1 225 € TTC, plus 750 € pour l’accompagnement de 145 actes annuels.

MEDADOM et TESSAN, deux leaders en mouvement

Cabine Phenix de Medadom

Cabine Phenix de Medadom

Parmi les pionniers, MEDADOM équipe aujourd’hui plus de 5 300 pharmacies. Sa cabine Phénix, ultra-compacte (<1 m²), installable en 30 minutes, embarque stéthoscope, otoscope, caméra dermatologique, saturomètre, tensiomètre. Ces outils permettent de réaliser un examen clinique complet à distance.

La société a également lancé MEDADOM Copilot, une IA générant automatiquement les comptes-rendus médicaux. Résultat : 95 % de satisfaction chez les médecins, et un gain administratif majeur.

Cabine SLIM de Tessan

Cabine SLIM de Tessan

De son côté, TESSAN propose une cabine augmentée pouvant accueillir jusqu’à trois personnes, intégrant six dispositifs connectés et des modules de télé-expertise ou d’intelligence clinique.

L’officine, pilier de la téléconsultation assistée

La Haute Autorité de Santé encadre strictement la téléconsultation en officine : confidentialité, accompagnement par un professionnel, matériel validé, espace dédié. Ces critères sont respectés dans les pharmacies partenaires de MEDADOM, ce qui renforce la confiance des patients comme des prescripteurs. Le Dr Dominique Souvestre, président de la Fédération des Médecins Téléconsultants (FMT), le confirme : « On redirige volontiers les patients vers les pharmacies équipées. L’examen y est plus complet, grâce aux dispositifs connectés. C’est un vrai gain de qualité et de sécurité. »

Un cadre encore trop rigide

Si le développement est bien engagé, plusieurs freins réglementaires subsistent, au premier rang desquels le plafond des 20 % d’activité en téléconsultation imposé par la convention médicale. Cette limite empêche certains médecins volontaires d’élargir leur pratique pour couvrir les besoins. Le Dr Souvestre de MEDADOM alerte :

« Il faut une convention spécifique. Nous avons besoin d’un cadre qui nous représente, avec une gouvernance adaptée. » C’est tout l’objet du livre blanc publié en juin 2025 par la FMT, présenté lors des Assises de la Télémédecine. Trois mesures clés y sont défendues :

  • Supprimer le plafond des 20 %
  • Créer une convention dédiée à la téléconsultation
  • Intégrer ces actes dans les parcours territoriaux coordonnés

Des résultats concrets et mesurables

Le rapport de la Cour des comptes souligne les atouts économiques et sociaux de la téléconsultation :

  • 113 millions d’euros d’économies/an estimées,
  • 42 % des téléconsultations assistées sont réalisées en zones prioritaires (contre 26 % en libéral),
  • Les plateformes prennent en charge trois fois plus de patients sans médecin traitant que les médecins généralistes libéraux (20 % versus 7 %),
  • Les bénéficiaires de la CSS y ont aussi davantage recours.

Démystifier les craintes

Une étude IFOP pour MEDADOM (juin 2025) tord le cou à certaines idées reçues. Dans 75 % des cas, les patients téléconsultent par nécessité faute de rendez-vous, et non par confort. 26 % des actes sont réalisés en zones rurales, et près de 20 % concernent les 50-64 ansElie-Dan Mimouni, co-fondateur de MEDADOM, le rappelle : « Les patients nous le disent : sans la cabine de leur pharmacie, ils ne savent plus vers qui se tourner. Les pharmaciens sont devenus des acteurs à part entière du parcours. »