Cystite : agir sans fausse note à l’officine

Identifier une cystite aiguë simple

La cystite aiguë simple se définit comme une infection urinaire basse survenant chez une femme adulte, sans facteur de risque ni signe de gravité. Elle est le plus souvent causée par E. coli, une bactérie d’origine digestive. Les facteurs favorisants incluent l’activité sexuelle, l’utilisation de spermicides, une hygiène intime inadaptée ou une hydratation insuffisante. Avant d’initier toute démarche diagnostique en officine, le pharmacien doit impérativement vérifier l’absence de critères d’exclusion. Le dépistage officinal est interdit avant 16 ans et après 65 ans, et si l’un des signes suivants est présent :

  • Fièvre ≥ 38 °C ou frissons,
  • Douleurs lombaires ou douleurs abdominales importantes,
  • Nausées, vomissements associés,
  • Leucorrhées, prurit vaginal ou autres signes gynécologiques,
  • Terrain particulier : femme enceinte, femme ménopausée sous traitement hormonal, immunodépression, antécédents récents d’infection urinaire (< 1 mois),

En présence de l’un de ces éléments, la patiente doit être immédiatement orientée vers une consultation médicale.

Escherichia coli

Le TROD urinaire en pratique

Depuis 2023, il est possible de réaliser en officine un TROD par bandelette urinaire chez les femmes de 16 à 65 ans sans facteur de risque. En cas de test positif aux leucocytes et/ou aux nitrites, et en l’absence de signe d’alerte, une cystite aiguë simple peut être diagnostiquée et prise en charge à l’officine. La réalisation de cet acte est strictement réservée au pharmacien titulaire d’une formation obligatoire à la remise et à l’analyse de la bandelette urinaire, validée dans le cadre du DPC. Sans cette formation, il n’est ni autorisé à effectuer le test, ni à prescrire un traitement. Le préparateur en pharmacie ne peut pas réaliser le TROD, même sous supervision.

En cas de confirmation diagnostique, et selon l’arrêté du 17 juin 2024, le pharmacien peut désormais prescrire directement un antibiotique :

  • Fosfomycine-trométamol : en dose unique, en première intention.
  • Pivmécillinam 400 mg (Selexid®) : 2 fois par jour pendant 3 jours, en cas de CI ou d’intolérance à la fosfomycine.

La facturation s’effectue avec le code acte PEE :

  • 10 € TTC sans prescription d’antibiotique,
  • 15 € TTC en cas de prescription et de délivrance immédiate.

Renforcer la prévention à l’officine

Au-delà du traitement de l’épisode aigu, la prévention des cystites récidivantes repose sur une prise en charge globale. L’éducation des patientes sur les règles hygiéno-diététiques reste essentielle :

  • boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour,
  • éviter de se retenir d’uriner,
  • s’essuyer d’avant en arrière après la toilette,
  • uriner après chaque rapport sexuel,
  • et privilégier des sous-vêtements en coton.

Phytothérapie : un vrai levier officinal

En prévention ou en accompagnement des cystites simples, certaines plantes médicinales offrent un soutien ciblé et documenté. On recommande de préférence des compléments alimentaires sous forme de gélules, ampoules ou extraits fluides, garantissant un dosage stable et une bonne observance.

Plantes diurétiques

Le bouleau (B. alba), l’orthosiphon (O. stamineus) ou encore le pissenlit (T. officinale) stimulent la diurèse sans agresser les muqueuses. Leur action permet un « lavage vésical » utile pour limiter la prolifération bactérienne, notamment chez les patientes sujettes à une hydratation insuffisante ou à une vidange incomplète de la vessie.

Antiseptiques urinaires végétaux

La busserole (A. uva-ursi), riche en arbutoside, libère une molécule à l’activité antibactérienne (hydroquinone) au contact d’un pH urinaire alcalin. Elle doit être utilisée sur de courtes durées et est contre-indiquée en cas de grossesse. La bruyère (C. vulgaris) constitue une alternative plus douce, à visée antiseptique et anti-inflammatoire.

Plantes immunostimulantes

L’échinacée (E. purpurea) peut être utilisée en prévention rapprochée ou chez les patientes sujettes aux récidives, notamment en période hivernale ou de fatigue prolongée. Elle est souvent présente dans les formules complexes.

Exemples de spécialités :

  • Cys-Control® Naturel de Arkopharma : contient bruyère, orthosiphon et canneberge, en cure préventive de 10 à 15 jours.
  • Cys Régul® de Superdiet : association de bruyère, bouleau, canneberge et queues de cerise, pour un effet diurétique et apaisant.
  • Oléobiotic® Santé Urinaire de Pranarôm : formule associant huiles essentielles (sarriette, cannelle de Ceylan, origan, giroflier) et extraits de plantes, à utiliser dès les premiers signes ou en prévention ponctuelle. À réserver à l’adulte, sur durée courte, hors grossesse et allaitement.

Ces spécialités complètent utilement les mesures hygiéno-diététiques et peuvent être proposés en relais post-traitement ou en anticipation d’un facteur déclenchant identifié (voyage, période de stress, cycle menstruel…).

Microbiote urinaire et probiotiques : une piste prometteuse

La recherche récente reconnaît l’existence d’un microbiote urinaire spécifique. Son altération pourrait être un facteur de susceptibilité aux cystites récidivantes. L’intérêt des probiotiques urologiques (comme Lactobacillus rhamnosus GR-1 et Lactobacillus reuteri RC-14) a été démontré pour restaurer la flore vaginale et urinaire, notamment en post-antibiothérapie. On peut conseiller des références comme Lactibiane CBU® de PiLeJe ou Physioflor® de Iprad.