AÉROSOLTHÉRAPIE

Location d'aérosol : les points clés à maîtriser

Quand le spray ou la poudre sèche ne suffisent plus, la nébulisation retrouve tout son intérêt thérapeutique. À condition de bien choisir le générateur, de respecter les compatibilités moléculaires et de maîtriser les règles de facturation LPP. Un tour d'horizon pratique pour délivrer l'aérosolthérapie en toute sécurité, et avec pédagogie, au comptoir.

Par Thomas Kassab, DU d'orthopédie et petit appareillage, publié le 09 décembre 2025

Location d’aérosol : les points clés à maîtriser

La nébulisation

L’aérosolthérapie par nébulisation transforme une solution médicamenteuse en un brouillard de particules fines (1 à 5 µm), taille optimale pour atteindre l’arbre bronchique. Ce mode d’administration apporte une action locale rapide, avec un passage systémique réduit – mais jamais nul, en particulier avec les β2-mimétiques. Bien menée, elle optimise l’efficacité chez les patients ayant des difficultés avec les dispositifs d’inhalation classiques.

Ses indications sont variées selon la pathologie : asthme ou BPCO lorsque l’inhalateur n’est pas maîtrisé, mucoviscidose, infections bronchiques chroniques à Pseudomonas aeruginosa, et certaines pathologies ORL (otites séreuses, sinusites chroniques) lorsqu’un dispositif sonique ou manosonique est prescrit. Chez l’enfant, notamment dans les laryngites ou les bronchiolites, l’usage doit rester strictement conforme à la prescription médicale.

 

Les questions clés à poser

Quelle est l’indication ?

Quelle forme galénique et compatibilité avec le générateur ?

Quel type d’appareil ?

Quelle interface (buccale, nasale, masque) ?

Le patient sait-il nettoyer et sécher son kit ?

Le code LPP correspond-il bien au matériel délivré ?

Pneumatiques, soniques, manosoniques, ultrasoniques

Aérosols pneumatiques

Ce sont les générateurs les plus polyvalents. Un compresseur envoie de l’air sous pression dans une chambre de nébulisation, produisant un aérosol fin et stable. Ils sont compatibles avec la majorité des médicaments nébulisables, notamment :

  • les corticostéroïdes en suspension,
  • les bronchodilatateurs,
  • certains antibiotiques inhalés,
  • des mucolytiques compatibles.

Certaines spécialités (tobramycine, aztréonam) nécessitent un nébuliseur validé par le fabricant. Nous devons systématiquement vérifier la compatibilité dans le RCP.

Aérosols soniques et manosoniques

Ils reposent sur le principe pneumatique, avec :

  • une onde sonore (environ 100 Hz) pour favoriser la pénétration dans les sinus,
  • une surpression facilitant l’ouverture de la trompe d’Eustache (manosonique).

Ils bénéficient d’un code LPP spécifique et ne sont utilisés que dans des indications ORL bien définies.

Aérosols ultrasoniques

Silencieux et rapides, ils utilisent les vibrations d’un cristal piézoélectrique. L’échauffement du liquide les rend incompatibles avec :

  • les suspensions (budésonide),
  • les antibiotiques inhalés,
  • les molécules thermosensibles.

Ils conviennent uniquement à certaines solutions salines et fluidifiants bronchiques compatibles, en respectant les RCP.

Médicaments nébulisables

Bronchodilatateurs

Salbutamol, terbutaline, ipratropium. Ampoules prêtes à l’emploi, à diluer uniquement au sérum physiologique 0,9 % selon le volume visé. Ils sont utiles lorsque le patient ne peut pas utiliser correctement un inhalateur, ou dans certains protocoles d’exacerbation. Leur passage systémique peut entraîner tachycardie, tremblements ou hypokaliémie.

Corticoïdes

Le budésonide nébulisé est indiqué chez les patients qui ne peuvent pas utiliser un dispositif d’inhalation (enfants, personnes âgées, handicaps moteurs). Il s’administre seul, exclusivement avec un générateur pneumatique, suivi d’un rinçage buccal.

Antibiotiques

Colistiméthate, tobramycine, aztréonam. Réservés à la mucoviscidose et délivrés sous encadrement strict :

  • nébuliseur spécifique,
  • cycles d’administration définis,
  • parfois filtre expiratoire pour protéger l’entourage.

Fluidifiants bronchiques et mucolytiques

Acétylcystéine ou carbocystéine : solutions proches de l’iso-osmolarité, compatibles selon RCP. Solutions salines hypertoniques (3 à 7 %) : augmentent la clairance mucociliaire en mucoviscidose, mais avec un risque de bronchospasme. Une pré-nébulisation bronchodilatatrice peut être nécessaire.

Autres molécules

La pentamidine, en prévention des pneumocystoses, s’utilise uniquement en milieu spécialisé, avec protections adaptées. À proscrire absolument :

  • solutions huileuses,
  • préparations non conformes (pH extrêmes, osmolarité inadaptée),
  • médicaments contenant des sulfites, à risque de bronchospasme.

Bien utiliser et entretenir le dispositif

Une séance dure en général 10 à 15 minutes.

Pour optimiser le dépôt bronchique :

  • respiration lente et profonde,
  • légère pause à l’inspiration,
  • embout buccal privilégié chez l’adulte,
  • masque chez l’enfant ou en cas d’impossibilité.

Pour les indications ORL, une respiration nasale calme est recommandée.

Hygiène : point clé en officine

Après chaque séance :

  • Laver les pièces à l’eau chaude savonneuse.
  • Rincer avec de l’eau bouillie refroidie ou de l’eau stérile.
  • Sécher parfaitement pour éviter la contamination, notamment par Legionella.
  • Une désinfection régulière peut être nécessaire selon les modèles et les pathologies (mucoviscidose, immunodépression).

Le kit patient est strictement personnel et doit être renouvelé régulièrement, selon les recommandations fabricants (souvent toutes les 4 à 8 semaines en usage prolongé).

Thomas Kassab, DU d’orthopédie et petit appareillage