Contractures musculaires : que proposer à l'officine ? Guide pratique
Raideur brutale, douleur persistante, muscle dur comme du bois : la contracture musculaire est fréquente au comptoir. Bien la distinguer des crampes ou des courbatures, proposer chaleur et mobilisation, connaître les limites des myorelaxants et le rôle des compléments : autant de réflexes à maîtriser pour soulager efficacement nos patients.
Quand le muscle se fige
La contracture musculaire correspond à une contraction involontaire, prolongée et douloureuse d’un muscle, survenant après un effort inhabituel, un faux mouvement ou une posture prolongée. Elle se distingue de la crampe, brève et brutale, et de la courbature, diffuse et retardée de plusieurs heures après l’effort. La contracture reste localisée, persistante et s’accompagne d’une raideur palpable.

Sur le plan physiopathologique, elle traduit une hyperexcitabilité neuromusculaire : l’influx nerveux maintient le muscle en tension, entraînant une réduction du flux sanguin local, une hypoxie tissulaire et l’accumulation de métabolites acides (lactates, ions H⁺) responsables de la douleur et de la sensation de « nœud ». Ce cercle vicieux explique la lenteur du relâchement spontané.
Il est essentiel de la différencier d’une lésion musculaire véritable (élongation, déchirure), qui se manifeste par une douleur vive immédiate, parfois suivie d’un hématome ou d’une impotence fonctionnelle. Tout signe d’alerte (traumatisme sévère, douleur irradiant vers un membre, contexte infectieux, etc.) impose une orientation médicale rapide.

Chaleur, mouvement et patience
La prise en charge initiale repose sur des mesures simples mais fondées : le repos strict n’est pas recommandé, car l’immobilisation entretient la douleur et la raideur. Une mobilisation douce et progressive accélère la résorption des déchets métaboliques et restaure la souplesse.
La thermothérapie reste la première arme du comptoir : la chaleur agit comme un myorelaxant naturel. En provoquant une vasodilatation, elle améliore l’oxygénation et détend la fibre musculaire. Les patchs chauffants, comme ThermaCare®, diffusant une chaleur constante autour de 40 °C pendant huit heures, ont prouvé leur efficacité dans les lombalgies mécaniques et les contractures posturales.
Le massage, associé à un gel à l’arnica ou à un baume chauffant aux huiles essentielles (gaulthérie, romarin camphré, eucalyptus citronné), stimule la microcirculation et complète l’effet antalgique et décontracturant. Dans les cas plus intenses, on peut envisager une séance de kinésithérapie pour étirer le muscle et restaurer la fonction.
Myorelaxants
Les myorelaxants ne doivent être envisagés qu’en seconde intention, lorsque les mesures locales, la chaleur et les antalgiques n’apportent pas un soulagement suffisant.
Méthocarbamol (Lumirelax®)
Il agit au niveau central en réduisant l’excitabilité des interneurones médullaires. Il abaisse le tonus réflexe sans altérer la contraction volontaire. Utilisable dès 15 ans, il peut provoquer somnolence et vertiges, imposant la prudence pour la conduite automobile.
Thiocolchicoside (Miorel®)
Il est indiqué comme adjuvant des contractures musculaires aiguës d’origine rachidienne. Agoniste partiel des récepteurs glycine et GABA-A, il inhibe la transmission excitatrice médullaire et favorise le relâchement musculaire. En raison de sa génotoxicité démontrée, son usage est désormais strictement encadré :
- Durée maximale : 7 jours par voie orale (8 mg deux fois par jour) ou 5 jours par voie intramusculaire (4 mg deux fois par jour),
- Contre-indications : grossesse, allaitement, femmes en âge de procréer sans contraception efficace et hommes sans contraception efficace,
Une contraception doit être maintenue pendant toute la durée du traitement, puis au moins un mois après pour les femmes et trois mois pour les hommes.
Côté topiques
Les topiques complètent utilement la prise en charge. À base d’Arnica montana, Arnigel® ou encore Arnican® 4 % offrent le même levier : ils s’emploient 2 à 3 fois par jour pour un apaisement rapide. La gamme My.Care (3C Pharma) se décline en gel Effet Froid (après l’effort) et en Roll-on ou Spray Chaleur durable (décontraction par effet chauffant). Enfin, les gels contenant du diclofénac soulagent efficacement les douleurs musculaires aiguës, mais sont contre-indiqués chez la femme enceinte à partir du 6ᵉ mois et doivent être évités sur peau lésée ou sous pansement occlusif.
Hydratation et minéraux soutiennent la fonction musculaire. Des solutions comme Hydratis® aident à prévenir crampes et contractures lors d’efforts ou de fortes chaleurs.
Côté compléments alimentaires
Ils visent à soutenir la fonction musculaire et à favoriser la récupération après un effort ou un épisode douloureux :
Myolegy® (PiLeJe) : 1 à 2 comprimés par jour au repas. Sa formule associe magnésium marin, PEA (palmitoyléthanolamide) et extrait de valériane pour réduire les tensions et améliorer la détente musculaire.
Granions® Décontractant Musculaire : 2 à 3 comprimés par jour. Ce complexe de magnésium, potassium, cuivre, sélénium et vitamines B1, B6, B12 soutient la fonction neuromusculaire et aide à limiter la fatigue.
Forté Flex D-Contract’ (Forté Pharma) : 2 comprimés en une prise quotidienne dès l’apparition d’une contracture. Il associe quinquina, prêle, ortie, saule, scutellaire, sureau, créatine, minéraux et vitamines B pour favoriser la détente et la souplesse.
Sportenine® (Boiron) : 1 comprimé à sucer avant, pendant et après l’effort, à renouveler si besoin. À base d’actifs homéopathiques, il accompagne la prévention des crampes et contractures sportives.
Artensium® crème (Boiron) : application locale 2 à 3 fois par jour. Sa composition à base d’arnica et d’harpagophytum en fait un soin de massage idéal pour soulager les douleurs musculaires et tendino-ligamentaires bénignes.
Vital Proteins Active Complex Collagen : une portion quotidienne apporte des peptides de collagène, acide hyaluronique, magnésium, calcium, zinc et vitamines B et C, pour soutenir la structure musculo-tendineuse et optimiser la récupération post-effort, notamment chez le sportif ou la personne âgée présentant une perte de tonicité.