Valproate, carbamazépine, topiramate : ce qui change au 30 juin 2025 pour la délivrance
Un virage réglementaire s’impose pour les pharmaciens à compter du 30 juin. Valproate, carbamazépine et topiramate voient leurs conditions de prescription et de dispensation durcies, y compris pour les patients déjà sous traitement. Objectif : renforcer l’information et prévenir les risques tératogènes. Détail des obligations à jour, rôle officinal et précautions à anticiper avant la fin du mois.

Pourquoi cette échéance du 30 juin 2025 ?
Depuis le 6 janvier 2025, un premier cadre renforcé s’appliquait uniquement aux initiations de traitement par valproate, carbamazépine ou topiramate.
Mais à compter du 30 juin, les patients déjà traités par ces molécules tombent eux aussi sous le coup des nouvelles obligations documentaires. L’officine devra donc exiger des pièces justificatives spécifiques pour toute délivrance, y compris en renouvellement.
Valproate et dérivés : ordonnance spécialisée obligatoire pour tous
Médicaments concernés : Dépakine®, Dépakote®, Dépamide®, Micropakine®, Divalcote®, et leurs génériques à base de valproate de sodium ou valpromide.
À compter du 30 juin 2025, toute délivrance (initiation ou renouvellement) nécessite :
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Une ordonnance annuelle rédigée exclusivement par un neurologue, psychiatre ou pédiatre ;
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Une attestation d’information partagée, signée à la fois par le spécialiste et le patient.
Renouvellement par le médecin traitant possible uniquement après établissement initial par un spécialiste. Pas de distinction homme/femme : tous les patients sont concernés.
Pour les femmes en âge de procréer déjà sous traitement avant le 6 janvier 2025, l’ancien formulaire d’accord de soins reste valable jusqu’à sa date d’expiration.
Au comptoir : ne pas délivrer sans les deux documents à jour. Scanner les pièces dans le DMP si possible, et sensibiliser les patients sur la nécessité d’un renouvellement annuel.
Carbamazépine : les femmes aussi doivent signer
Médicaments concernés : Tégrétol® et génériques.
Nouveauté au 30 juin 2025 : les femmes en âge de procréer déjà traitées doivent désormais fournir :
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Une ordonnance médicale (non nécessairement spécialisée) ;
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Une attestation d’information partagée, cosignée avec leur médecin (généraliste ou spécialiste).
Cette exigence s’alignera sur celle déjà en vigueur depuis janvier pour les initiations. Les hommes ne sont pas concernés.
À retenir pour l’officine : refuser la délivrance en l’absence d’attestation signée, même pour un renouvellement, et inviter la patiente à consulter avant le 30 juin pour établir le document.
Topiramate : un élargissement pour les prescripteurs, mais les femmes sous traitement sont encadrées
Médicaments concernés : Épitomax® et génériques.
Depuis le 6 janvier 2025 :
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Le formulaire d’accord de soins est remplacé par une attestation d’information partagée, cosignée entre la patiente et le médecin ;
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Les prescripteurs habilités incluent désormais, en plus des neurologues et pédiatres, les médecins spécialisés en douleur chronique, notamment pour l’indication migraineuse.
À noter : les femmes déjà traitées peuvent utiliser leur ancien formulaire jusqu’au terme de sa validité. Les hommes ne sont pas concernés par l’attestation. La substitution générique reste possible dans le respect du cadre réglementaire et des mentions de l’ordonnance (hors clause non-substituable).
Conseil : Anticiper le remplacement des formulaires par la nouvelle attestation pour les patientes en renouvellement. Attention aux prescriptions « anciennes » encore basées sur l’accord de soins.
Check-list officinale avant délivrance à partir du 30 juin :
Molécule | Sexe | Condition à vérifier | Spécialité requise | Forme du document |
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Valproate | H/F | Ordonnance + attestation | Neurologue / Psychiatre / Pédiatre | Attestation partagée |
Carbamazépine | F | Ordonnance + attestation | Tout médecin | Attestation partagée |
Topiramate | F | Ordonnance + attestation | Neurologue / Pédiatre / Médecin douleur | Attestation partagée |
Topiramate | H | Ordonnance seule | Tout médecin | Pas d’attestation |
Phrase magique au comptoir ?
« Pour continuer à délivrer votre traitement, la réglementation impose un document d’information signé par vous et votre médecin. On peut le scanner ensemble si vous l’avez avec vous. »
Et en cas d’absence de document ?
Ne pas délivrer. Orienter vers le prescripteur, idéalement avant fin juin. Signaler les refus si risque de rupture thérapeutique, notamment pour les formes réfractaires.