Remises génériques : « Une décision brutale qui menace nos officines » – Daniel Cerf, pharmacien et administrateur PharmaVie

Ce 16 août, la grande majorité des pharmacies françaises ferment leurs portes pour protester contre la baisse du plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques. Daniel Cerf, pharmacien et administrateur au sein du groupement PharmaVie, revient sur cette mesure, qu’il juge unilatérale et dangereuse pour l’économie officinale et le maillage territorial.

Par Thomas Kassab, publié le 16 août 2025

Remises génériques : « Une décision brutale qui menace nos officines » – Daniel Cerf, pharmacien et administrateur PharmaVie

Vous attendiez-vous à une telle décision de la part du Gouvernement ?

Daniel Cerf : Pas du tout. C’est tombé comme un couperet… et très vite perçu comme une trahison. On sait que le pays doit faire des économies, mais on ne pensait pas que cela viserait directement et aussi brutalement les pharmaciens. L’officine a toujours répondu présente, notamment pendant le Covid, où toutes nos équipes était mobilisées. Et là, on nous impose une mesure unilatérale, à effet immédiat, qui fragilise les plus petites pharmacies et menace grandement les emplois dans les structures plus importantes.

Une décision brutale, imposée sans dialogue, qui fragilise les plus petites officines et met en péril des emplois.

Quel impact économique concret constatez-vous ?

D. C. : Les remises génériques représentent une part essentielle du résultat des officines, permettant de payer les salaires, les charges et de réinvestir. Passer de 40 % à 30 %, puis à 20 % en 2027, c’est un choc. On parle de pertes de 20 000 à 30 000 € par an pour une officine moyenne. Pour certaines, notamment en zone rurale, cette perte peut signifier la fermeture pure et simple et pour les autres une baisses significative de la qualité de service.

Le risque dépasse donc la seule question financière ?

D. C. : Oui. Beaucoup de petites pharmacies sont implantées dans des zones déjà fragiles, parfois en plein désert médical. Leur disparition créerait de véritables déserts pharmaceutiques. Et cela intervient alors qu’on nous confie toujours plus de missions : vaccination, dépistage, suivi thérapeutique… Des activités chronophages et peu rémunératrices.

On ne peut pas nous demander toujours plus tout en asséchant nos ressources.

Quelle est la position de PharmaVie sur la mobilisation de ce jour ?

D. C. : Nous soutenons pleinement cette mobilisation. La très grande majorité de nos pharmacies ferment ce samedi. Nous étions déjà mobilisés en juillet et nous sommes prêts à poursuivre en septembre si nécessaire.

Que peut-on espérer ?

D. C. : Aujourd’hui, environ 300 pharmacies ont fermé en 2024, et près de 150 fermetures sont déjà actées en 2025. Sur dix ans, près de 2 000 officines ont disparu, et il n’en reste plus que 20 000 en activité. J’espère que la mobilisation de ce jour, par son ampleur, provoque un électrochoc et une prise de conscience de nos élus : on ne peut pas continuer à nous demander toujours plus, tout en vidant nos forces.

En chiffres

• Plafond des remises génériques : 40 % → 30 % en août 2025, puis 20 % en 2027.
• Perte moyenne estimée : 20 000 à 30 000 € par officine et par an.
• Fermetures : 240 en 2023, 300 prévues en 2024.