PLFSS 2026 : quelles conséquences concrètes pour l’officine ?

Présenté le 14 octobre en Conseil des ministres, le PLFSS 2026 remet sur la table le doublement des franchises médicales et des participations, recentre certaines exonérations en ALD, vise des économies sur les prix des produits de santé et encourage l’usage du DMP. Le texte affiche 7,1 milliards d’euros d’économies en santé, afin de ramener le déficit à 17,5 milliards. Décryptage et impacts au comptoir.

Par Armance Gelaude, publié le 15 octobre 2025

PLFSS 2026 : quelles conséquences concrètes pour l’officine ?

Franchises et participations : cap sur un doublement

Le gouvernement prévoit de doubler les montants et plafonds : 2 € par boîte de médicament et par acte paramédical, 4 € par acte médical, et 8 € pour un transport sanitaire. Les deux plafonds annuels (franchises et participations) doubleraient et passeraient de 50 à 100 €. 

Les publics déjà exonérés le resteraient, mais le reste à charge moyen augmenterait en moyenne de 42€ par an, soit environ 3 euros de plus par mois, pour la majorité des assurés.  Les syndicats s’y opposent, estimant que cette mesure pénaliserait des patients déjà fragiles.

Au comptoir, ces changements impliqueraient davantage d’explications lors de la délivrance, ainsi qu’une mise à jour des affichages et des messages de suivi (SMS, e-mails) pour éviter les incompréhensions liées aux déductions effectuées par l’Assurance maladie.

 

ALD : les médicaments à SMR faible ne seraient plus remboursés à 100 %

Le projet propose, entre autres, de supprimer l’exonération du ticket modérateur pour les médicaments à faible service médical rendu (SMR) prescrits à des patients en ALD, lorsque ces produits sortent du périmètre « 100 % base ».

Concrètement, ces spécialités retrouveraient leur taux de remboursement habituel, réintroduisant un reste à charge pour le patient ou sa complémentaire santé.

En officine, cela nécessitera une vérification rigoureuse du statut ALD dans le LGO, un temps d’explication accru auprès des patients concernant les écarts de remboursement au sein d’une même classe thérapeutique, et un dialogue renforcé avec les prescripteurs lors des renouvellements afin de sécuriser l’observance.

 

Prix des produits de santé : 1,4 Md€ d’économies sur les médicaments

Le gouvernement vise 1,4 milliard d’euros d’économies sur les médicaments (dont 200 millions sur les génériques) et 200 millions sur les dispositifs médicaux. Ces économies passeront principalement par des baisses de prix et, si nécessaire, par des modes d’achat plus contraints dans certaines classes dites « matures ».

En officine, une base de calcul plus basse réduit mécaniquement la rémunération par unité. À grande échelle, cela affecte la marge globale, modifie l’intérêt économique de la substitution, et appelle à une révision de la politique de stock (valeur unitaire et rotation).

Pour les dispositifs, une recomposition des gammes et des conditions commerciales est à prévoir, avec des risques de tensions logistiques ponctuelles lors des transitions. L’anticipation, en lien avec les répartiteurs, permettra de limiter les à-coups.

 

Biosimilaires : lever les freins à leur adoption

Pour augmenter le taux de pénétration des biosimilaires en ville au-delà de 47 %, le texte propose plusieurs leviers : tiers payant conditionné à la délivrance de biosimilaires ou hybrides substituables, simplification de la prescription (suppression de l’obligation de mentionner un nom de marque en plus de la DCI), et clarification des règles de substitution.

Des voix professionnelles alertent toutefois sur les stratégies de contournement de certains laboratoires et insistent sur la nécessité d’une identification claire des spécialités si la DCI devient la norme sur l’ordonnance.

En officine, cela se traduira par davantage de substitutions techniques, une pédagogie renforcée auprès des patients, et une sécurisation des équivalences avec les prescripteurs.

 

Numérique en santé : DMP et aide à la décision au quotidien

Le PLFSS ambitionne de généraliser l’usage du DMP via Mon Espace Santé : alimentation systématique (vaccinations, entretiens, bilans partagés de médication) et consultation en cas de risque d’iatrogénie. Il prévoit également le financement d’outils d’aide à la décision pour améliorer la pertinence des prescriptions.

En officine, l’enjeu sera d’industrialiser la traçabilité de l’analyse pharmaceutique, de vérifier l’interopérabilité entre le LGO et le DMP, ainsi que la gestion des habilitations et des consentements pour garantir un usage fluide et conforme.