MedGPT : l’IA souveraine qui veut transformer le quotidien officinal
Synapse Medicine lance MedGPT, un assistant d’intelligence artificielle pensé pour les professionnels de santé. Disponible en version bêta, l’outil se veut une alternative française et sécurisée aux IA généralistes. Louis Létinier, médecin pharmacologue et cofondateur de Synapse Medicine, revient sur la genèse, les ambitions et les usages concrets de cette innovation, qui pourrait bien s’imposer au comptoir.

Comment est né MedGPT et quels besoins vouliez-vous adresser ?
Louis Létinier : C’est un projet assez ancien, presque dans l’ADN de Synapse. Dès la création en 2017, notre mission était claire : offrir à tous la meilleure médecine possible en donnant aux professionnels de santé et aux patients des outils fiables et utiles. Nous avions déjà imaginé un assistant médical, mais en 2018-2019, les technologies n’étaient pas satisfaisantes. L’arrivée des LLM comme ChatGPT a changé la donne. D’un côté, l’usage de l’IA s’est démocratisé, d’abord pour le grand public, puis pour les professionnels de santé. De l’autre, il n’existait pas d’alternative souveraine française crédible. On s’est dit : si on ne fait rien, soit les pharmaciens utiliseront ChatGPT, avec tous les problèmes que cela pose en termes de fiabilité médicale, soit ils se tourneront vers des solutions américaines, au prix d’une dépendance en matière de données et de référentiels.
Sur quelles technologies et données repose MedGPT ?
L. L. : MedGPT est avant tout une IA médicale. Cela signifie qu’elle ne répond qu’à partir de données médicales. Nous nous appuyons sur une base de connaissances que nous développons depuis plusieurs années, enrichie et validée par une équipe de 15 médecins et pharmaciens. Les sources utilisées sont identifiées, sélectionnées et classées selon leur pertinence par rapport aux questions posées. L’IA générative sert ensuite d’interface pour aller chercher l’information et la restituer avec les références en un clic. Nous testons plusieurs modèles, avec un partenariat historique avec Mistral, et les données sont hébergées en France, sur un serveur HDS agréé pour les données de santé.
Comment MedGPT se distingue-t-il des IA généralistes comme ChatGPT ?
L. L. : La différence est nette. ChatGPT ou d’autres IA grand public peuvent répondre à tout type de question, mais sans garantie de fiabilité médicale, avec un risque de réponses biaisées ou inexactes. MedGPT, au contraire, est conçu uniquement pour répondre à des questions médicales, avec des sources validées, référencées et accessibles directement. L’outil ne prend pas de décision, il accompagne le professionnel en lui faisant gagner du temps et en sécurisant son conseil.
Quelles applications concrètes en officine ?
L. L. : L’usage est multiple : vérifier rapidement une prescription (interactions, posologies, contre-indications), répondre à une question de patient au comptoir, confirmer une recommandation officielle HAS ou ANSM… MedGPT peut être utilisé pour tout type de question médicale, avec la garantie de toujours citer ses sources. Cela évite l’effet « boîte noire » et permet au professionnel de se faire son propre avis.
Comment les pharmaciens peuvent-ils accéder à MedGPT ?
L. L. : Pour l’instant, l’accès se fait via le web, compatible mobile, avec une version bêta limitée à cinq questions par jour. Nous allons très vite déployer un système d’inscription avec identification via le RPPS, afin que les professionnels disposent d’un compte, de plus de requêtes et d’une personnalisation selon leur profil. Ensuite, l’intégration dans les logiciels métiers est prévue. Nous discutons déjà avec plusieurs éditeurs d’officine, de ville et d’hôpital.
Quel modèle économique envisagez-vous ?
L. L. : Notre priorité est que MedGPT soit accessible gratuitement pour les professionnels de santé. Le modèle repose sur le BtoB : ce sont les partenaires et éditeurs qui paieront l’intégration. À terme, il pourra exister des formules premium pour un usage intensif, mais le socle restera gratuit.
Quelles évolutions sont prévues ?
L. L. : Nous travaillons à l’ajout de nouvelles fonctionnalités : la possibilité de charger des documents comme des bilans biologiques ou des PDF, puis plus tard de l’imagerie. L’intégration aux logiciels métiers est aussi une étape clé. Nous sommes encore au début, mais la demande est très forte, et nous avançons rapidement.