La réponse de Cyclamed : "La réutilisation des MNU ? Rien n’est prêt, ni techniquement, ni légalement" - interview exclusive
À la suite des déclarations de Catherine Vautrin sur la possible remise en circulation de certains médicaments non utilisés (MNU), Laurent Wilmouth, Directeur Général de Cyclamed, répond sans détour. Traçabilité rompue, cadre légal absent, données incomplètes, gain économique incertain… Pour lui, cette annonce ne résiste pas à l’analyse. Entretien exclusif.

Alors que la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, relance l’idée de réutiliser les médicaments non utilisés (MNU) pour lutter contre le gaspillage, les professionnels de terrain s’inquiètent. Derrière l’annonce, peu de données fiables, de lourds obstacles juridiques… et un risque sanitaire majeur. Entretien avec un pharmacien engagé dans les campagnes de caractérisation menées en 2025, qui remet les faits au centre du débat.

Wilmouth Laurent,
Directeur Général de Cyclamed
« Légalement, le médicament non utilisé est un déchet à incinérer. Il faudrait commencer par changer la loi. »
Ce chiffre de 1,5 milliard d’euros avancé par la Ministre est-il crédible ?
Des données concrètes sont-elles enfin disponibles ?
L. W. : En 2025, nous avons mené avec la CNAM et l’ANSM une campagne de caractérisation sur le contenu des réceptacles de collecte Cyclamed sur cinq sites de grossistes-répartiteurs issus d’un échantillonnage statistique validé. On a analysé boîte par boîte, plaquette par plaquette, en notant la spécialité, sa forme, sa date de péremption, son intégrité, le laboratoire, etc. Près de 50 000 données ont été collectées. L’analyse est en cours. Nous devrions avoir des résultats d’ici à la fin de l’année.
« On a retrouvé aucun médicament cher dans les 5 caractérisations réalisées en 2025. »
Peut-on aujourd’hui envisager une remise en circulation de ces médicaments ?
Ce serait donc un circuit « hors norme » ?
« Il n’y a pas de pire endroit qu’une salle de bain pour conserver un médicament. »
Certains défendent la réutilisation des médicaments chers. Qu’en pensez-vous ?
Jette-t-on de l’argent « à la poubelle » en incinérant ces MNU ?
« On prescrit mieux, on vend moins, les patients jettent moins. C’est une victoire collective. »
Avez-vous été consulté par les autorités avant l’annonce ?
En tant que pharmacien, quel est votre ressenti ?
Je ne suis pas opposé à l’innovation. Mais il faut avoir conscience des contraintes. Aujourd’hui, ni techniquement, ni légalement, ni économiquement, nous ne sommes prêts pour un tel changement.