En direct du CNDP - ANEPF : « On a la chance de partir d’une page blanche »

Lyon, 77ᵉ Congrès national des pharmaciens. Dans un contexte où la profession s’interroge sur son avenir économique, la présidente de l’ANEPF, Noémie Chantrel-Richard, incarne une génération à la fois réaliste et enthousiaste. Portée par une envie d’agir, elle défend une vision moderne du métier et rappelle combien les étudiants disposent aujourd’hui d’outils solides pour se construire un avenir : les cinq guides de l’ANEPF.

Par Thomas Kassab, publié le 12 octobre 2025

En direct du CNDP – ANEPF : « On a la chance de partir d’une page blanche »

Cinq guides comme fil conducteur d’un parcours

Chaque rentrée universitaire, l’association publie cinq ouvrages de référence qui accompagnent les étudiants tout au long de leur cursus.
« Nous proposons cinq guides : trois sont en format papier, un est numérique et papier, et un est complètement numérique », explique Noémie Chantrel-Richard. Malgré la montée du digital, elle observe une constante : « On n’a jamais abandonné le format papier, très demandé des étudiants ! »

Le Guide pratique de l’étudiant en pharmacie rassemble des conseils et astuces utiles au comptoir : « Ce sont des conseils, de la prévention, des petits tips pour les étudiants, avec par exemple des tableaux d’équivalence en dosage et les références pour les dosages enfants. »
Le Guide des professions pharmaceutiques, lui, offre un panorama complet des débouchés : « Chaque page est un nouveau métier : on a l’officine, l’industrie, la recherche, l’hospitalière, la biologie médicale. »

Tous les guides sont disponibles pour tous les étudiants en pharmacie. Ils sont 100 % gratuits et mis à leur disposition dès la rentrée.

Tous ces guides sont gratuits, remis à jour chaque année et distribués dès la rentrée dans les facultés.

Le guide de l’installation : mode d’emploi pour jeunes titulaires

Véritable outil de terrain, le Guide de l’installation du jeune pharmacien est réalisé avec plusieurs partenaires : groupements, institutions et experts .
« On fait appel à plusieurs acteurs, à plusieurs partenaires, à plusieurs ressources […] et ça fait un guide qui est aussi très complet et qui regroupe énormément de sources différentes pour donner une visibilité très complète de comment s’installer. »

Il aborde toutes les facettes de l’installation : réglementation, déontologie, RSE, transition numérique, gestion des salariés… L’objectif est clair :

Le but, c’est que l’étudiant sache où aller et comment, selon ses envies et ses souhaits, et qu’il ait toutes les cartes en main pour faire le choix qui lui correspond.

Une installation repensée

Si l’envie d’entreprendre demeure, elle se réinvente. « L’envie de s’installer est toujours là, mais elle est différente de celle d’il y a quinze ou vingt ans. Aujourd’hui, on a moins envie de s’installer seul, on a envie d’avoir un associé, de pouvoir prendre du temps pour soi et pour sa famille. »

Les chiffres du Grand Entretien 3.0 confirment cette évolution :

Sur les étudiants en pharmacie déjà filiarisés en officine, il y en a 75 % qui pourraient être titulaires et 60 % qui pourraient être adjoints.

Un modèle économique à repenser

La suspension de l’arrêté plafonnant les remises génériques, à l’été 2025, a nourri des débats passionnés parmi les étudiants.
« Il y a eu des inquiétudes évidemment, et c’est vrai que ça a posé question de savoir comment nous, on allait pouvoir exercer dans le futur. »

La présidente souligne la cohérence du discours entendu à Lyon : « Le discours de la Cnam est assez en accord avec nous, ce qu’on porte […] et qui sont prometteuses pour la suite. » Reste une inquiétude : « Le problème, c’est : est-ce qu’elles vont être appliquées ? »

R3C : une réforme à ne pas bâcler

La réforme du troisième cycle officinal (R3C), toujours reportée, suscite l’impatience. « Pour l’instant, nous visons toujours une application en 2026, » affirme Noémie Chantrel-Richard.

Si on voit que l’application met en danger les étudiants, en termes de protection […] on refuse.

Tous les grands principes sont actés : stage long, gratification augmentée, approche par compétences, meilleure répartition territoriale. « Les ministres précédents avaient accepté toutes nos revendications pour le concept même de la réforme. Tout était prêt… mais on n’a plus eu de gouvernement. » Aujourd’hui, plus que jamais, l’ANEPF se tient prête.

Une génération qui veut faire bouger les lignes

Au-delà des réformes, les étudiants montrent un vrai appétit pour les nouvelles missions. « On est très proactifs dans nos lieux de stage, pour les effectuer et pour encourager nos maîtres de stage s’engager dans ces nouvelles missions. »

On a la chance de partir d’une page blanche.

Et surtout, ils abordent leur futur métier sans nostalgie, avec la volonté d’inventer leur propre modèle : tourner vers la santé.