Asthme : prévenir les crises, maîtriser l'inflammation - décryptage d'ordo'
Derrière une ordonnance banale peut se dissimuler un asthme mal contrôlé, une errance thérapeutique... ou une vraie opportunité d'agir. À nous de décoder, d'intervenir et de faire de chaque délivrance un véritable acte clinique, car chaque échange au comptoir peut changer le quotidien d'un patient asthmatique.

Asthme : une maladie inflammatoire aux multiples visages
L’asthme est une affection respiratoire chronique caractérisée par une inflammation persistante des voies aériennes. Cette inflammation entraîne une obstruction bronchique variable et réversible, à l’origine de symptômes évocateurs : dyspnée (essoufflement), toux sèche, sifflements respiratoires, souvent majorés la nuit, au réveil ou à l’effort. Même en dehors des crises, une hyperréactivité bronchique – véritable marqueur de la maladie – persiste, rendant les bronches particulièrement sensibles aux irritants.

Chez l’adulte, l’asthme a le plus souvent une origine multifactorielle. Les allergènes (acariens, pollens, moisissures), les facteurs environnementaux (pollution, tabac), les infections respiratoires, le stress ou encore certains médicaments peuvent en être les déclencheurs ou les aggravants.
Le traitement repose sur une double stratégie complémentaire : un traitement de fond visant à contrôler l’inflammation à long terme et des traitements de secours pour soulager rapidement les symptômes en cas de crise. L’équilibre entre ces deux volets thérapeutiques est essentiel pour prévenir les exacerbations sévères et préserver la qualité de vie. La vigilance, tant du patient que du soignant, en est la clé.
Prescription
M. François G., 36 ans, 1,76 m, 72 kg
Prescripteur : généraliste
Innovair® 200/6 µg/dose
1 inhal. matin et soir
Ventoline®
1 inhal. en cas de crise
Montelukast 10 mg cp
1 cp le soir
Décryptage de l’ordonnance
Trois traitements, trois cibles, et un seul enjeu : restaurer un contrôle optimal de l’asthme :
- Innovair® 200/6 µg/dose en spray : une inhalation matin et soir. Ce traitement de fond associe un corticoïde inhalé (béclométasone) et un ß-2 mimétique à action rapide et prolongée (formotérol). Il vise à réduire l’inflammation bronchique et à maintenir une bronchodilatation continue. Il doit être pris quotidiennement, même en l’absence de symptômes, pour garantir son efficacité.
- Ventoline® : à utiliser en traitement de secours, lors des crises. Un usage fréquent, au-delà de deux prises par semaine, doit alerter sur un déséquilibre du traitement de fond ou une mauvaise observance.
- Montélukast 10 mg : utilisé en complément, notamment en cas de terrain allergique ou d’asthme d’effort. La prise est recommandée le soir, car les symptômes nocturnes sont fréquents et liés à une activité accrue des leucotriènes pendant la nuit. Cet anti-leucotriène peut améliorer le contrôle de l’asthme, mais il peut aussi induire des effets neuropsychiques à surveiller : insomnies, agitation, cauchemars.
L’asthme d’effort ne contre-indique pas l’activité physique
Ce type d’asthme se manifeste pendant ou après l’exercice, souvent chez les jeunes ou les sportifs. Le montélukast, pris le soir, est particulièrement utile dans ce contexte. Il est essentiel de rappeler que le sport reste recommandé, car il améliore la capacité respiratoire et la qualité de vie, à condition d’avoir un traitement adapté et une préparation anticipée.
Ce que cache parfois la Ventoline®
La délivrance répétée de Ventoline® est un signal d’alerte. Une consommation ≥2 fois/semaine traduit un asthme mal contrôlé, même si le patient s’y est « habitué ». Il ne faut jamais se contenter de délivrer sans questionner. Ce recours fréquent peut révéler une mauvaise observance, une technique d’inhalation inadéquate, ou des facteurs aggravants. Un simple entretien de comptoir peut suffire à faire émerger ces causes. Dans certains cas, cela justifie une orientation médicale, surtout en cas d’échec thérapeutique, de symptômes nocturnes, de gêne à l’effort ou de consommation excessive malgré une trithérapie.
Et quand la trithérapie ne suffit plus ?
Chez certains patients asthmatiques sévères à composante allergique, malgré une observance correcte d’une trithérapie inhalée optimisée, le contrôle reste insuffisant. C’est dans ce cadre qu’intervient le Xolair® (omalizumab), un anticorps monoclonal anti-IgE indiqué en asthme allergique sévère persistant chez l’adulte et l’enfant dès six ans. Administré en injection sous-cutanée toutes les 1 à 4 semaines, il réduit la fréquence des exacerbations. Sa prescription est réservée aux spécialistes.