Rendez-vous USPO : où en est la négociation sur les remises et les missions de l’officine ?
Lors du rendez-vous USPO du 1ᵉʳ octobre, Pierre-Olivier Variot (président) et Lucie-Hélène Pagnat (directrice générale) ont fait le point sur les propositions ministérielles discutées le 24 septembre à Matignon. En ligne de mire : clarifier le cadre économique et les missions de l’officine à l’approche du PLFSS.

Une séquence ouverte par la mobilisation d’août-septembre
Après des gardes perturbées et la fermeture symbolique du 16 août, la manifestation du 18 septembre a installé le débat sur les remises et, plus largement, sur le modèle économique du réseau.
« Nous avons montré notre capacité à nous mobiliser sans bloquer les patients », a résumé Pierre-Olivier Variot. Dans ce contexte, une réunion de travail s’est tenue le 24 septembre à Matignon entre le Premier ministre, ses conseillers et les représentants de l’USPO, de la FSPF et de l’Ordre.
« Nous avons demandé la suspension préalable de l’arrêté avant toute discussion économique », indique d’emblée le président de l’USPO.
24 septembre : propositions et cadrage gouvernemental
Lors de cette réunion, la profession a réitéré sa demande de suspendre l’arrêté du 4 août sur le plafonnement des remises des génériques. En réponse, Matignon a mis sur la table « une suspension d’au moins trois mois » de la partie litigieuse, assortie du « lancement d’une mission conjointe IGAS-IGF » articulée avec les travaux de l’Assurance maladie et de la Cour des comptes, afin « d’analyser objectivement les flux financiers du circuit du médicament ».
Les représentants ont également évoqué « le renforcement des missions de santé publique des pharmacies, notamment en zone rurale », et « la perspective de généraliser l’expérimentation OSyS ».
« L’objectif est de clarifier ce qu’on attend du réseau officinal et comment on le rémunère, sans fragiliser le maillage », a été indiqué à l’issue de l’échange. Ce cadrage doit nourrir l’ouverture d’un avenant conventionnel économique, porté par l’USPO depuis juin.
Missions en pharmacie : cap sur le service rendu
Le ministère souhaite élargir et stabiliser les missions de santé publique portées par les officines, avec un accent sur l’accès aux soins de premier recours et la prévention. L’objectif, rappelé par l’USPO, consiste à faire reconnaître la valeur clinique des interventions réalisées au comptoir. « La rémunération des interventions pharmaceutiques doit reconnaître l’analyse clinique, y compris jusqu’au refus de dispensation lorsqu’il est justifié et tracé », a indiqué Pierre-Olivier Variot.
Le principe de traçabilité est central : chaque acte documenté, intégré au dossier du patient et communicable via les outils sécurisés, doit pouvoir être valorisé de façon lisible et opposable.
Concernant OSyS, ce dernier vise à fluidifier l’orientation des patients dans les territoires sous-denses. Les pharmacies seraient des points d’entrée pour évaluer les demandes et orienter vers les ressources médicales ou paramédicales, en utilisant des protocoles partagés. L’enjeu est la coordination interprofessionnelle et des indicateurs simples de résultat.
En arrière-plan, la question du « 1 € par boîte » revient comme limite d’un modèle trop corrélé aux volumes délivrés. Les représentants syndicaux estiment qu’un rééquilibrage vers des actes identifiés et tracés est nécessaire pour soutenir l’activité sans inciter à la quantité. « Réduire la dépendance au volume suppose d’investir ailleurs », souligne Pierre-Olivier Variot.
L’architecture à bâtir viserait un mix plus robuste, combinant une part liée à la dispensation, une part forfaitaire pour les missions récurrentes, et une part variable indexée sur des interventions cliniques objectivables, afin de sécuriser les officines et d’améliorer la prise en charge dans les zones les plus fragiles.
Et maintenant : trêve conditionnelle et calendrier
La ligne demeure celle d’une « suspension contre suspension » : « Tant que l’arrêté est gelé et que la mission avance, nous mettons en pause les actions nationales », a indiqué l’USPO. « Le droit de grève reste individuel ; des initiatives locales peuvent se poursuivre. L’objectif n’est pas de prendre les patients en otage. »
Prochaine étape attendue : la parution au Journal officiel, puis l’installation formelle de la mission et des premières conclusions à intégrer au débat budgétaire. « À défaut d’avancées tangibles, la remobilisation reste sur la table. »