La Charte d’engagement : le pari de la confiance

Le but de la charte d’engagement des acteurs de la chaîne du médicament est d’apporter de la lisibilité et de la confiance dans le circuit du médicament. Signée le 20 novembre, elle devrait assurer une meilleure répartition des stocks de certains médicaments en tension.

Les industriels doivent libérer les stocks !

Avant toute chose, Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, précise que cette charte ne concerne que les médicaments en rupture pour lesquels il y a du stock. « C’est typiquement le cas de l’amoxicilline. On s’est rendu compte grâce aux chiffres de l’ANSM, qu’il y a entre 3 et 5 mois de stocks chez les industriels, O chez les grossistes, et de 1 à 30 jours chez les pharmaciens.  Autre exemple : les industriels ont environ 4 mois de stocks pour l’amoxicilline pédiatrique, et ma pharmacie n’a pas eu un seul flacon  depuis des semaines ! »

Il est assez difficile d’expliquer les raisons pour lesquelles les industriels ne libèrent pas les stocks. Peut-être craignent-ils d’avoir une amende de la même l’ANSM, qui avait augmenté les stocks de sécurité de certains médicaments à 4 mois en 2022… Pourtant, l’ANSM a bien souligné lors de la réunion préparatoire à la Charte qu’elle ne mettrait pas d’amendes aux industriels s’ils livraient les stocks de médicaments en tension.

« Que les industriels reconstituent les stocks quand tout va bien me paraît tout à fait normal. », poursuit Pierre Oliver Variot. « Mais ça ne l’est plus lorsque certains médicaments d’intérêt thérapeutique majeur viennent à manquer dans de très nombreuses officines. On ne fait pas des stocks pour les regarder ! »

Les grossistes-répartiteurs incontournables maillon de la distribution

Les industriels s’engagent donc à libérer les stocks au profit des grossistes-répartiteurs qui sont chargés d’obligations de service public pour la prévention et la gestion des pénuries de médicaments. Les grossistes livreront les officines en fonction de leurs rotations et de leurs consommations habituelles. D’après l’amendement 2937 au PLFSS 2024, l’ANSM peut contraindre les laboratoires à vendre aux seuls grossistes-répartiteurs pendant la durée de tension. Cela éviterait l’écueil lié à la vente directe des laboratoires aux officines. On estime qu’elle peut représenter jusqu’à 50% pour les médicaments en tension. Les grandes pharmacies qui ont une capacité de stockage supérieure sont bien mieux approvisionnées par les industriels, ce qui défavoriserait les petites pharmacies. Par cette charte, tous les pharmaciens s’engagent également à ne pas stocker.

« Jusqu’à présent, il était courant que des industriels poussent des commandes de 50 à 60 boîtes d’un médicament vers certaines pharmacies sans que le pharmacien ait son mot à dire. », précise Pierre-Olivier Variot. « Ce que cette charte va changer, c’est que nous allons recommencer à commander notre amoxicilline à nos grossistes habituels. Et les pharmaciens ne vont plus utiliser les logiciels de commandes automatiques qui avaient tendance à piller les grossistes. »