Guide pratique pour maîtriser le calendrier vaccinal et l'aborder avec les patients

La maîtrise du calendrier vaccinal est importante pour les pharmaciens, qui jouent un rôle actif en tant que prescripteurs et vaccinateurs. Cet engagement est d'autant plus important que la France fait face à certains retards vaccinaux, notamment pour le vaccin contre le papillomavirus (HPV), où la couverture vaccinale n'était que de 37,4 % en 2021, l'une des plus faibles en Europe. En se concentrant sur le calendrier vaccinal, les pharmaciens peuvent non seulement fournir des conseils éclairés, mais aussi jouer un rôle déterminant dans l'amélioration de la couverture vaccinale.

Par Thomas Kassab, publié le 21 février 2024

Guide pratique pour maîtriser le calendrier vaccinal et l’aborder avec les patients

Le calendrier vaccinal, un outil central de la politique de santé publique, est régulièrement mis à jour par le ministère de la Santé. La mise en place de vaccinations obligatoires en France a débuté au début du XXe siècle avec la variole, en 1902, suivie par la diphtérie, le tétanos et la tuberculose. En 2018, l’obligation vaccinale s’est étendue à huit vaccins supplémentaires pour les bébés de moins de 2 ans, incluant la coqueluche, l’Haemophilus influenzae b, l’hépatite B et d’autres, en réponse à une couverture vaccinale insuffisante et à la réapparition d’épidémies. Ces décisions historiques reflètent l’évolution des connaissances scientifiques, des risques d’épidémies et de l’apparition de nouvelles maladies.

Compréhension du calendrier vaccinal

Le calendrier vaccinal en France est un guide élaboré par les autorités de santé pour informer sur les vaccinations recommandées à différentes tranches d’âge. Sa mise à jour annuelle tient compte de l’évolution des connaissances scientifiques, des risques d’épidémie, et de l’émergence de nouvelles maladies. Voici un aperçu détaillé :

Vaccins chez les nourrissons et enfants

Ces vaccins incluent la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, l’Haemophilus influenzae type b, l’hépatite B, le méningocoque C, le pneumocoque et les vaccins combinés contre la rougeole, le ROR. Ces vaccinations débutent dès le plus jeune âge pour une protection précoce contre des maladies potentiellement graves.

Vaccins chez les adolescents

Vaccin contre le HPV : recommandé pour les filles et les garçons à partir de 11 ans. Le HPV est lié à plusieurs types de cancers, dont le cancer du col de l’utérus. Des rappels pour le tétanos, la diphtérie, la coqueluche et la méningite sont également recommandés à l’adolescence.

Vaccins chez les adultes

Selon l’exposition professionnelle, les voyages ou les conditions de santé (par exemple, les vaccins contre la grippe pour les personnes âgées ou les professionnels de santé). Des rappels réguliers pour le tétanos et la diphtérie sont recommandés tout au long de la vie adulte (tous les 20 ans).

Vaccins chez les personnes âgées

Vaccination contre la grippe, annuelle en raison de la variation des souches virales, et la vaccination contre le pneumocoque, recommandée en raison de la vulnérabilité accrue aux infections respiratoires.

Pourquoi les rappels ?

Déclin de l’immunité

La diminution des anticorps après la vaccination initiale est un phénomène naturel. Lorsqu’un vaccin est administré, il stimule le système immunitaire pour produire des anticorps spécifiques contre l’agent pathogène ciblé. Cette réponse immunitaire primaire est suivie par une phase de déclin, où le nombre d’anticorps spécifiques dans le système circulatoire diminue progressivement. Cela est dû au fait que les plasmocytes, les cellules produisant des anticorps, ont une durée de vie limitée et, lorsqu’ils meurent, la production d’anticorps baisse. Cependant, ce déclin n’implique pas nécessairement une perte complète d’immunité. Les mémoires immunitaires B et T, qui ont été formées lors de la réponse primaire, restent en veille dans l’organisme. La durée pendant laquelle ces anticorps restent à un niveau suffisamment protecteur varie selon le vaccin et l’individu.

Renforcement de la mémoire immunitaire

Les rappels vaccinaux jouent un rôle essentiel dans le renforcement de la mémoire immunitaire. Lorsqu’un rappel est administré, il réactive les lymphocytes B et T de mémoire, formés en réponse à la vaccination initiale. Cette réactivation conduit à une réponse immunitaire secondaire plus rapide et plus forte. Les plasmocytes de mémoire produisent des anticorps à un taux beaucoup plus élevé, et les cellules T de mémoire sont capables de reconnaître et de répondre plus efficacement à l’agent pathogène.

Ajustement du vaccin

Les laboratoires ajustent les composants du vaccin pour qu’ils soient efficaces contre les souches virales actuelles. Cette adaptation est nécessaire pour maintenir l’efficacité du vaccin face à l’évolution constante des pathogènes.

Comment aborder la vaccination au comptoir ?

Situation de coupure ou blessure

Un patient vient acheter des pansements ou mentionne s’être coupé avec un objet métallique. Phrase d’accroche : « Avec cette coupure, il est important de vérifier votre dernière vaccination contre le tétanos. C’est un vaccin que nous pouvons prescrire et administrer ici. » C’est l’occasion de rappeler l’importance de la vaccination antitétanique et d’offrir le service directement en pharmacie.

Durant la saison de la grippe

Un patient se présente en pharmacie pendant la saison grippale. Phrase d’accroche : « Avez-vous pensé à vous faire vacciner contre la grippe ? C’est un service rapide et facile que nous proposons ici en pharmacie. » Opportunité : encouragez la vaccination antigrippale, particulièrement importante pour les personnes âgées ou à risque.

Demande de conseils pour un voyage

Description : un client planifie un voyage à l’étranger et demande des conseils de santé. Phrase d’accroche : « Pour votre voyage, avez-vous vérifié les recommandations vaccinales ? Nous pouvons vous aider à vous préparer et à vous protéger contre les maladies courantes dans votre destination. » Opportunité : c’est l’occasion de discuter des vaccins nécessaires pour voyager, comme ceux contre l’hépatite A.