" Vous avez des plantes pour dormir ? "

L'insomnie touche environ 20 à 30 % des adultes et représente une problématique de santé publique majeure. En France, 62 % des consommateurs recherchent des solutions plus naturelles pour leurs problèmes de santé, y compris les troubles du sommeil. En officine, il est essentiel de fournir des conseils avisés et des solutions adaptées afin de conseiller au mieux nos patients.

Thomas Kassab, DU de Phytothérapie-aromathérapie, publié le 21 novembre 2024

 » Vous avez des plantes pour dormir ? « 

Épidémiologie des troubles du sommeil

Les troubles du sommeil sont courants et représentent un problème de santé publique significatif. La prévalence de ces plaintes est stable à travers diverses études épidémiologiques. Les principales pathologies du sommeil incluent le syndrome d’apnée du sommeil et l’insomnie, souvent associées à des pathologies anxieuses et dépressives. D’autres troubles comme les hypersomnies, bien que moins fréquents, peuvent avoir des conséquences sévères.

Cycle du sommeil

Le sommeil humain est structuré en cycles successifs, généralement de 4 à 6 par nuit, chacun durant environ 90 minutes. Chaque cycle comprend plusieurs stades de sommeil : le sommeil lent léger (N1 et N2), le sommeil lent profond (N3) et le sommeil paradoxal (REM). La première partie de la nuit est dominée par le sommeil profond, caractérisé par des ondes lentes et amples sur l’électroencéphalogramme (EEG). La seconde partie de la nuit est riche en sommeil léger et paradoxal, marqué par une activité cérébrale intense et des mouvements oculaires rapides, mais une paralysie musculaire protectrice empêche les mouvements physiques.

Rythme veille-sommeil

Chez les mammifères, trois principaux états de vigilance sont distingués : l’éveil, le sommeil lent et le sommeil paradoxal. Ces états sont objectivés par des mesures électrophysiologiques, notamment l’EEG, l’EMG et l’électro-oculogramme (EOG). L’éveil se caractérise par une activité EEG rapide et de faible amplitude, un tonus musculaire élevé et des mouvements oculaires actifs. Le sommeil lent présente un EEG synchronisé avec des ondes lentes, un tonus musculaire réduit et peu de mouvements oculaires. Le sommeil paradoxal montre une désynchronisation EEG similaire à l’éveil, des mouvements oculaires rapides et une abolition du tonus musculaire postural.

Que proposer en phytothérapie ?

Pour les troubles du sommeil, certaines plantes ont des propriétés sédatives et calmantes qui favorisent l’endormissement et améliorent la qualité du sommeil. Parmi celles-ci :

Valériane (Valeriana officinalis)

On utilise le rhizome et les racines de la valériane, riches en sesquiterpènes comme l’acide valérénique, ainsi qu’en monoterpènes et valépotriates. Ces composés agissent en synergie pour produire un effet sédatif et relaxant, réduisant l’anxiété et facilitant l’endormissement. La valériane est disponible sous forme d’infusions, d’extraits secs, en gélules ou comprimés. Elle est particulièrement utile pour traiter les insomnies liées au stress. Exemple de spécialité : Valdispert® Phyto Nuit, Omega Pharma.

Passiflore (Passiflora incarnata)

Ses parties aériennes, riches en flavonoïdes, hétérosides cyanogénétiques et maltol, possèdent des propriétés sédatives et antispasmodiques. Ils sont recommandés pour réduire la nervosité et l’irritabilité, améliorant ainsi l’endormissement. Elle est souvent consommée sous forme d’infusions ou d’extraits secs. Exemple de spécialité : Phytostandard® Passiflore, Pileje.

Aubépine (Crataegus monogyna)

Ses sommités fleuries contiennent des flavonoïdes, triterpènes et pro-anthocyanes, qui exercent des effets sédatifs et cardiotoniques. L’aubépine est utilisée pour atténuer les troubles liés à la nervosité, tels que les palpitations, et améliorer la qualité du sommeil. Elle se consomme en infusions ou sous forme d’extraits secs. Exemple de spécialité : Aubépine Bio®, SuperDiet.

Eschscholtzia (Eschscholtzia californica)

Également connue sous le nom de pavot de Californie, on utilise ses parties aériennes pour ses propriétés sédatives et anxiolytiques, dues à des alcaloïdes comme la californidine et l’eschscholtzine. Cette plante est recommandée pour ses effets calmants, souvent utilisée sous forme d’infusions ou d’extraits secs pour traiter l’insomnie et l’anxiété. Exemple de spécialité : Euphytose Nuit®, Bayer.

Mélisse (Melissa officinalis)

Les feuilles de mélisse contiennent des huiles essentielles (citral, citronellal), des flavonoïdes et des acides phénoliques, qui possèdent des propriétés sédatives, antispasmodiques et digestives. La mélisse aide à réduire le stress et favorise le sommeil en calmant le système nerveux. Elle est disponible sous forme d’infusions et d’extraits secs. Exemple de spécialité : Arkogélules® Mélisse, Arkopharma.

Et en aromathérapie ?

Voie externe

Mélanger une à deux gouttes de plusieurs HE et appliquer sur le plexus solaire 30 minutes avant le coucher : Lavande officinale, Basilic, Néroli, Marjolaine, Camomille noble, Mandarine.

Voie orale

Une goutte de camomille noble et une goutte de basilic sur un comprimé neutre le soir au coucher.

Diffusion

Mélanger 10 gouttes de chaque HE et diffuser pendant 15 minutes avant le coucher : Lavandin super, Camomille noble et Mandarine.

Bain

Ajouter au bain tiède un mélange de HE diluées dans un support de dispersion : 15 gouttes de mandarine, 10 gouttes de camomille noble et 10 gouttes de lavandin super.

Naturalité ne rime pas avec innocuité !

Certaines plantes peuvent interagir avec des médicaments. Par exemple, la valériane (Valeriana officinalis) peut augmenter les effets des sédatifs et des hypnotiques, augmentant ainsi le risque de somnolence excessive. Il est donc important d’interroger les patients sur leur médication actuelle avant de conseiller des traitements phytothérapeutiques.