Prothèses mammaires externes : accompagner la reconstruction physique et psychologique

Face au traumatisme d'une mastectomie, l'officine a un rôle clef pour aider les patientes à retrouver confiance en leur image corporelle grâce à la dispensation de prothèses mammaires externes. Connaissance du dispositif médical, conditions de délivrance, conseils adaptés : tour d'horizon pratique pour accompagner au mieux ce moment sensible.

Thomas Kassab, DU d'Orthopédie et petit appareillage, publié le 02 mai 2025

Prothèses mammaires externes : accompagner la reconstruction physique et psychologique

Une délivrance encadrée

La délivrance d’une prothèse mammaire externe en officine repose sur une prescription médicale spécifique conforme à la LPPR. L’ordonnance doit préciser le type de prothèse : transitoire (immédiate post-chirurgicale) ou définitive (silicone). L’espace de délivrance doit garantir confidentialité et discrétion. La prise en charge est assurée à 100 % après mastectomie, et à 60 % pour un complément mammaire. La dispensation est effectuée par un pharmacien formé, ou sous sa supervision directe, avec une traçabilité rigoureuse des modèles délivrés.

Prothèses transitoires et définitives : quand et comment les proposer ?

Juste après la chirurgie, la cicatrisation étant encore fragile, il est recommandé de délivrer une prothèse transitoire, en mousse ou textile, légère et souple. Elle est renouvelable deux fois par an.

Prothèse initiale textile d’Anita Care

Après 6 à 8 semaines, si la cicatrisation est complète, une prothèse définitive en silicone peut être proposée : plus esthétique et plus proche du sein naturel, elle est renouvelable tous les 18 mois, sauf évolution morphologique justifiée.

Prendre les mesures avec précision

La délivrance passe par un essayage personnalisé. Les mesures (largeur de la base du sein sain, volume désiré, hauteur thoracique) sont prises avec un soutien-gorge adapté pour plus de réalisme. Les grilles de correspondance des fabricants (Amoena, Anita, Thuasne) sont précieuses pour choisir. L’objectif est de retrouver une symétrie naturelle, sans sur-correction, afin d’éviter douleurs posturales et déséquilibres musculaires.

Bien choisir : types de prothèses et lingerie associée

Les prothèses en silicone existent en modèles adhésifs ou non, symétriques ou asymétriques. Certaines sont spécifiques pour l’activité physique ou aquatique (« prothèses aqua »). L’essayage permet de vérifier confort, maintien et esthétique.

Prothèse mammaire externe en silicone Silima® Direct de Thuasne

La lingerie adaptée est essentielle : brassières post-opératoires et soutien-gorge à poches intégrées, sans armatures, garantissent maintien et confort, et préviennent les déséquilibres.

Adapter la prothèse au profil anatomique de chaque patiente

Le choix ne repose pas que sur la taille. Il doit aussi tenir compte de la forme anatomique (galbe, hauteur, base large ou étroite).

Les prothèses peuvent être :

  • Symétriques : adaptées à une mastectomie totale sans déformation thoracique.
  • Asymétriques : indiquées après chirurgie partielle ou en cas d’asymétrie thoracique.

Des prothèses allégées (réduction de poids jusqu’à 30 %) existent pour les patientes présentant un lymphœdème, une fragilité musculaire ou pour les personnes âgées.

Enfin, les textures de silicone varient : des modèles plus légers et respirants limitent l’humidité sous la prothèse et préviennent les irritations.

Informer sur l’entretien pour préserver la qualité

La prothèse doit être lavée quotidiennement avec un savon doux, rincée à l’eau claire, et séchée à l’air libre. Sources de chaleur, corps gras ou produits alcoolisés sont à proscrire. Certains laboratoires proposent des produits d’entretien spécifiques. Un bon entretien prolonge la durée de vie de la prothèse et maintient son apparence.

Prothèse mammaire piscine Aqua Wave d’Amoena

Notre rôle clef : écoute, conseil et suivi

Au-delà de la délivrance, nous jouons un rôle d’accompagnement sur le long terme. Écoute, réassurance, adaptation des conseils aux évolutions morphologiques (prise/perte de poids, vieillissement cutané) sont essentiels. Un suivi régulier est recommandé pour vérifier l’ajustement et anticiper un éventuel renouvellement.

La relation de confiance nouée avec la patiente est un véritable soutien dans l’acceptation de son nouveau schéma corporel.

Les étapes clés :

  • Vérifier l’ordonnance : mention obligatoire du type de prothèse.
  • Accueillir dans l’espace de confidentialité : respect et écoute.
  • Questionner avec tact : date de chirurgie, état de cicatrisation, projet de reconstruction, attentes.
  • Choisir le bon dispositif : prothèse transitoire si cicatrisation incomplète ; prothèse en silicone si cicatrisation acquise (6-8 semaines).
  • Faire essayer et ajuster : adapter galbe et taille à la morphologie globale, pas seulement au côté opéré.
  • Proposer une lingerie adaptée : brassières post-opératoires, soutiens-gorge à poches.
  • Informer sur l’entretien : lavage doux quotidien, séchage naturel, éviter chaleur.
  • Rappeler le renouvellement : prothèse transitoire : 2 par an ; prothèse silicone : 1 tous les 18 mois.
  • Tracer la dispensation dans le LGO : modèle, taille, date.