Plantes et sport : préparation et récupération face à l'effort

Que ce soit pour le sportif amateur ou l'athlète aguerri, l'exercice physique implique une sollicitation aiguë du système locomoteur. Une prise en charge phytothérapeutique et aromathérapeutique adaptée, à l'officine, en amont comme en aval de l'effort, permet de prévenir les blessures, optimiser la performance et faciliter la récupération. Le rôle du pharmacien est ici central.

Thomas Kassab, D.I.U. de Phyto-aromathérapie, publié le 02 mai 2025

Plantes et sport : préparation et récupération face à l’effort

Avant l’effort : préparer le corps à la dépense

L’échauffement permet d’augmenter progressivement la température corporelle, la souplesse musculaire, l’élasticité des tendons et la perfusion sanguine. Cette étape essentielle peut être optimisée par des plantes adaptogènes ou stimulantes.

Par voie orale, les adaptogènes comme le ginseng (P. ginseng) et la rhodiole (R. rosea) sont utiles en préparation : ils améliorent l’endurance, modulent la réponse au stress, et soutiennent l’organisme face à l’effort. Le ginseng, riche en ginsénosides, agit sur les performances cardiovasculaires et cognitives, tandis que la rhodiole, source de salidroside et de rosavines, réduit la fatigue et améliore la concentration.

Pour un effet plus immédiat, on peut recommander des plantes riches en caféine comme le guarana (P. cupana), le maté (I. paraguariensis) ou le thé (C. sinensis). Ces xanthines végétales améliorent la vigilance, diminuent la perception de l’effort et retardent l’apparition de la fatigue musculaire. Elles sont particulièrement utiles dans les sports d’endurance, à condition de respecter la dose maximale recommandée par l’EFSA (400 mg/j) et d’éviter leur consommation en fin de journée pour limiter l’impact sur le sommeil.

En application locale, la capsaïcine issue du piment (C. frutescens) s’utilise en huile ou baume chauffant pour activer la circulation cutanée et préparer les muscles à l’effort. On la retrouve, par exemple, dans les spécialités Akiléïne® Sport Start Huile Chauffante ou encore le Baume Saint-Bernard®.

En parallèle, des huiles essentielles rubéfiantes telles que le romarin à camphre ou le clou de girofle peuvent être ajoutées aux préparations de massage ou dans une huile végétale, pour intensifier l’échauffement musculaire.

Après l’effort : accompagner la récupération

Les courbatures sont causées par de micro-lésions musculaires suivies d’une réponse inflammatoire locale. Pour les atténuer, il faut agir à plusieurs niveaux : drainage des déchets métaboliques, réduction de l’inflammation et relaxation musculaire.

En externe, l’arnica (A. montana) reste une référence incontournable grâce à ses lactones sesquiterpéniques, notamment l’hélénaline. Elle apaise les douleurs, réduit les hématomes et favorise la résorption des chocs. Arnican® en gel, en crème ou en huile (Cooper) peut s’appliquer plusieurs fois par jour après l’effort. Pour améliorer le retour veineux, particulièrement après les efforts prolongés ou en cas de sensation de jambes lourdes, on peut associer des extraits de mélilot (Arnicactiv® jambes légères), de marronnier d’Inde (Veinoflux®) ou encore de vigne rouge (Circulymphe®).

Par voie orale, certaines plantes anti-inflammatoires permettent d’agir en profondeur. La griffe du diable (H. procumbens), riche en harpagoside, est indiquée dans les douleurs chroniques ou tendino-musculaires, surtout chez le sportif régulier. Le curcuma (C. longa), dont la curcumine agit sur les médiateurs inflammatoires (TNF-α, COX-2), peut être recommandé en cure, notamment lorsqu’il est associé à la pipérine pour en améliorer l’absorption. La reine-des-prés (F. ulmaria), riche en dérivés salicylés, est une alternative végétale douce aux anti-inflammatoires classiques, utile dans les douleurs articulaires et les courbatures diffuses.

Aromathérapie et récupération musculaire

Les huiles essentielles s’intègrent parfaitement dans une routine de récupération musculaire. La gaulthérie couchée (G. procumbens), grâce à sa richesse en salicylate de méthyle, est idéale pour soulager les douleurs post-effort. L’eucalyptus citronné (E. citriodora), anti-inflammatoire reconnu, et le lavandin super (L. x burnatii), décontractant musculaire et relaxant, agissent en synergie pour détendre les muscles et réduire l’inconfort. Ces huiles peuvent être appliquées en massage après dilution dans une huile végétale, ou utilisées dans des produits tout prêts comme le Roller Articulations & Muscles de Puressentiel®.

La valériane (V. officinalis), en complément oral, complète utilement cette approche chez les sportifs pour améliorer la relaxation musculaire, grâce à ses valépotriates et acides valéréniques qui potentialisent l’action du GABA, neurotransmetteur inhibiteur responsable du relâchement neuromusculaire.

L’importance du sommeil

Le sommeil est un pilier essentiel de la récupération sportive. C’est durant la nuit que les fibres musculaires se régénèrent et que les systèmes nerveux et immunitaire se restaurent. En cas de difficultés d’endormissement, notamment après un effort tardif, on peut conseiller des extraits de valériane, passiflore ou encore des huiles essentielles de lavande officinale en diffusion ou en spray d’oreiller.

Et en cas de traumatisme ?

Dès les premières heures, on rappellera au patient le protocole GREC (Glace, Repos, Élévation, Contention) – qui constitue la base de la prise en charge initiale. Appliquer du froid (glace protégée) limite l’œdème et l’inflammation locale. Le repos de la zone lésée, associé à une élévation du membre, réduit la pression vasculaire et favorise le drainage. Enfin, une contention modérée stabilise l’articulation et diminue l’œdème sans compromettre la circulation. En parallèle de ces mesures, l’arnica (Arnican®) peut être appliquée dès que possible pour limiter l’apparition des hématomes et soulager la douleur. On peut la compléter avec l’HE d’hélichryse italienne : 1 à 2 gouttes sur la zone impactée, diluées dans une huile végétale, accélèrent la résorption de l’ecchymose.