Dépistage de la cystite : ce que vous devez savoir
Le dépistage de la cystite en officine par les pharmaciens représente une avancée notable en santé publique, permettant ainsi une prise en charge rapide et efficace des infections urinaires. En France, environ 50 % des femmes souffriront d'une infection urinaire au cours de leur vie, et 30 % d'entre elles auront une récidive dans l'année suivant la première infection.
Les infections urinaires, dont les cystites, sont principalement causées par des bactéries, avec Escherichia coli responsable de 70 à 95 % des cas de cystite non compliquée. D’autres bactéries moins fréquentes incluent S. saprophyticus, représentant environ 5 à 10 % des infections urinaires, particulièrement chez les jeunes femmes sexuellement actives. Des bactéries comme P. mirabilis, K. pneumoniae, et E. faecalis peuvent également être impliquées, mais sont souvent associées à des infections urinaires compliquées.
Pourquoi dépister à l’officine ?
Le dépistage de la cystite en officine accélère la prise en charge en offrant aux patientes un diagnostic et un traitement rapides, sans nécessité de consulter un médecin au préalable. Cette pratique réduit ainsi la surcharge des cabinets médicaux, permettant aux médecins généralistes de se concentrer sur des cas plus complexes. De plus, le contact direct avec le pharmacien améliore l’observance thérapeutique en favorisant une meilleure compréhension et adhésion au traitement. Et surtout, en encadrant la prescription d’antibiotiques, les pharmaciens contribuent à surveiller et limiter le développement de résistances bactériennes.
Qui dépister ?
Le dépistage s’adresse uniquement à la population féminine de 16 à 65 ans qui présente des signes fonctionnels urinaires d’apparition récente, tels que brûlures mictionnelles, dysurie, pollakiurie et mictions impérieuses. Attention, les femmes présentant des critères d’exclusion doivent être réorientées vers un médecin. Ces critères d’urgence incluent la présence de fièvre supérieure à 38 °C ou d’hypothermie inférieure à 36 °C, ainsi que des symptômes tels que frissons, douleurs lombaires, vomissements, diarrhées ou douleurs abdominales. D’autres critères d’exclusion sont la grossesse, les cystites à répétition (trois épisodes ou plus au cours des 12 derniers mois), un épisode de cystite non résolu dans les 15 derniers jours, les anomalies de l’arbre urinaire, l’immunodépression, le port d’un cathéter veineux implanté et l’insuffisance rénale chronique sévère avec un débit de filtration glomérulaire inférieur à 30 ml/min/1,72m².
Comment dépister ?
Le dépistage de la cystite en officine suit un processus bien structuré pour garantir une prise en charge rapide et efficace des patientes.
Lors de l’accueil, les symptômes sont d’abord recueillis et l’absence de critères d’exclusion (tels que fièvre élevée, douleurs sévères ou conditions spécifiques comme la grossesse) est vérifiée.
Ensuite, une bandelette urinaire est utilisée pour détecter la présence de leucocytes, nitrites et protéines. Si le test est positif et qu’il n’y a pas de critères d’urgence, l’antibiotique recommandé est délivré.
En cas de critères d’urgence, la patiente est orientée vers un médecin ou une structure d’urgence. Si le test est négatif, le pharmacien rassure la patiente et lui donne des conseils hygiéno-diététiques pour prévenir les infections futures.
Lorsque la patiente se présente avec une ordonnance conditionnelle, le pharmacien vérifie la validité de l’ordonnance et délivre les antibiotiques prescrits en fonction des résultats du test urinaire. Ce processus structuré assure une prise en charge appropriée et contribue à la lutte contre l’antibiorésistance.
Attention : pour que le test de dépistage de la cystite soit efficace, il est recommandé que la patiente retienne ses urines pendant au moins 4 heures avant de réaliser le test. Cette durée de rétention permet une concentration adéquate des leucocytes, nitrites et protéines dans les urines, augmentant ainsi la fiabilité des résultats du test urinaire.
Quel antibiotique prescrire ?
Selon les dernières recommandations de la HAS, en première intention, la fosfomycine-trométamol est prescrite en dose unique, étant à la fois efficace et bien tolérée. En cas de contre-indication ou d’échec de ce traitement initial, le pivmécillinam est une alternative viable, avec une posologie de 400 mg, deux fois par jour, pendant 3 jours pour les cystites aiguës non compliquées ou pendant 5 jours en cas de FDR (facteur de risque)*. Il est également important de conseiller une bonne hydratation, de respecter la posologie prescrite et de surveiller les symptômes. Si aucune amélioration n’est constatée, une consultation médicale devient nécessaire pour réévaluer la situation.
Quelle prise en charge ?
La réalisation du dépistage de l’infection urinaire est prise en charge à 70 % par l’Assurance maladie obligatoire.
Quid des déchets ?
Les bandelettes urinaires usagées doivent être traitées comme des déchets d’activité de soins à risques infectieux (DASRI). La gestion de ces déchets nécessite l’utilisation de conteneurs spécifiques conformes aux réglementations environnementales. Les pharmaciens peuvent soit contractualiser avec un opérateur habilité pour la collecte et le traitement des DASRI, soit bénéficier des partenariats avec l’éco-organisme DASTRI pour les déchets perforants ou coupants. La traçabilité des DASRI, depuis leur enlèvement jusqu’à leur destruction finale, doit être assurée via la plateforme numérique TrackDéchets, obligatoire depuis le 1er janvier 2023
Formation obligatoire
Pour assurer une bonne orientation des patientes, les pharmaciens doivent suivre une formation à la remise et à l’analyse des bandelettes urinaires. Cette formation est proposée par les organismes de développement professionnel continu et est indispensable pour pouvoir proposer le test et dispenser les antibiotiques prescrits dans le cadre d’une ordonnance conditionnelle.
Comment facturer ?
La facturation du dépistage et de la délivrance des antibiotiques pour la cystite en officine se fait selon un système de tarification à l’acte. Pour la réalisation des TROD, deux situations sont à considérer : si le test ne donne pas lieu à une dispensation du médicament, le tarif est de 10 euros TTC ; si le test conduit à la dispensation d’un antibiotique, le tarif est de 15 euros TTC. Ces services sont remboursés à 70 % par l’assurance maladie obligatoire. Le pharmacien doit renseigner son numéro d’identification dans la facture et indiquer la date de réalisation du test comme date d’exécution.