Prévention du paludisme : guide pratique au comptoir

Le paludisme représente un défi sanitaire global majeur, affectant plus de 3 milliards de personnes et causant plus de 500 000 décès chaque année. Cette maladie parasitaire, principalement transmise par les moustiques dans les régions intertropicales, requiert une approche proactive pour sa prévention.

Thomas Kassab, øDU de pharmacie clinique, publié le 26 mars 2024

Prévention du paludisme : guide pratique au comptoir

Une menace persistante

Le paludisme ou malaria, causé principalement par le Plasmodium falciparum, est responsable de formes graves de la maladie, avec une prévalence élevée en Afrique subsaharienne. Les enfants de moins de 5 ans restent les plus vulnérables, représentant environ ¾ des décès. Les indications de la chimioprophylaxie varient selon les zones d’endémie, visant surtout à prévenir l’infection par P. falciparum. Aucun médicament n’offre une protection totale, soulignant l’importance de combiner les mesures médicamenteuses à la protection antivectorielle.

Quelles zones géographiques concernées ?

La prévention du paludisme est essentielle dans toutes les zones de transmission. La chimioprophylaxie, adaptée aux spécificités de chaque région, doit être initiée avant le départ et poursuivie après le retour, selon la durée recommandée pour chaque médicament. Les résistances et recommandations prophylactiques spécifiques à chaque pays sont régulièrement mises à jour, nécessitant une consultation des ressources officielles avant tout voyage.

La chimioprophylaxie

La chimioprophylaxie du paludisme nécessite une sélection minutieuse des médicaments, adaptée à la zone géographique de destination et aux caractéristiques individuelles du voyageur, incluant l’âge, les conditions médicales préexistantes et la grossesse. Les options principales comprennent l’atovaquone-proguanil (Malarone©), commencée 1 jour avant l’entrée en zone d’endémie et prolongée 7 jours après le retour ; la méfloquine (Lariam©), recommandée pour une utilisation hebdomadaire débutant 10 jours avant le voyage et prolongée pendant 3 semaines après le retour ; et la doxycycline (Doxypalu©), administrée quotidiennement à partir de la veille du départ et prolongée 4 semaines après le retour. Cependant, l’émergence de résistances, notamment à la méfloquine dans certaines régions, exige une réévaluation constante des schémas thérapeutiques. En cas de résistance ou de contre-indications, des alternatives comme la doxycycline ou l’association fixe atovaquone-proguanil sont envisagées, soulignant l’importance d’une stratégie prophylactique flexible et des données épidémiologiques sur la résistance aux médicaments antipaludiques.

Quelles questions poser au patient ?

Êtes-vous à jour avec vos vaccinations ?

Selon la destination, certaines vaccinations peuvent être recommandées ou obligatoires. Cela permet aussi de faire le point sur les rappels nécessaires, afin de prescrire les vaccins conseillés et de les administrer à l’officine.

Quelle est votre destination de voyage ?

Cette question aide à identifier les zones à risque de paludisme et d’autres maladies tropicales, permettant de recommander les répulsifs (spray, moustiquaire…), de vérifier les médicaments prophylactiques et de prodiguer les conseils adéquats.

Quelle sera la durée de votre séjour ?

La durée influe sur le type de chimioprophylaxie nécessaire et sur la quantité de répulsif à délivrer.

Avez-vous prévu des activités en extérieur, en particulier le soir ou la nuit ?

Les activités en plein air augmentent le risque de piqûres. Il faut orienter le patient vers des répulsifs adaptés et des mesures de protection, comme les moustiquaires imprégnées.

Quel répulsif conseiller ?

Les substances actives présentes dans les sprays antimoustiques se distinguent par leur efficacité, leur spectre d’action ainsi que leurs indications et contre-indications spécifiques, rendant leur sélection dépendante de plusieurs facteurs clés.

  • Le DEET est largement reconnu pour son efficacité contre une large gamme de moustiques et est particulièrement recommandé dans les zones à haut risque de transmission de maladies vectorielles. Sa concentration optimale pour une protection maximale est de 50 %. Des formulations à 30 % sont préconisées pour les enfants de plus de 6 mois et les femmes enceintes dans les zones à risque élevé, sous surveillance médical.
  • L’IR3535 et l’icaridine (picaridine) sont des alternatives synthétiques au DEET, offrant une bonne protection dans les zones tempérées et tropicales, avec une meilleure tolérance cutanée et moins de restrictions d’usage chez les jeunes enfants et les femmes enceintes.
  • Le PMD, extrait de l’Eucalyptus citriodora, représente l’option naturelle la plus efficace, adaptée pour une utilisation dans les zones tempérées. Bien que moins agressif que le DEET, son utilisation reste soumise à des précautions, notamment chez les enfants de moins de 6 mois et les femmes enceintes.
  • La perméthrine, un insecticide synthétique dérivé des pyréthrines naturelles, est exclusivement réservée à l’imprégnation des textiles. Sa capacité à repousser et tuer les moustiques en fait un complément indispensable aux répulsifs cutanés dans les zones à haut risque de maladies vectorielles. Toutefois, sa toxicité pour certains animaux, comme les chats, requiert une manipulation prudente.

La sélection du répulsif idéal dépend donc du profil de risque lié à la destination, de l’âge et du statut de santé de l’utilisateur.

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