Chikungunya : Ixchiq de retour chez les seniors, mais sous haute vigilance

Après plusieurs mois de suspension, le vaccin vivant atténué Ixchiq (Valneva) peut à nouveau être proposé aux personnes de 65 ans et plus. L’EMA a tranché : malgré les effets indésirables observés en début d’année, la balance bénéfice/risque redevient favorable… mais uniquement chez les sujets réellement exposés. Le rôle du pharmacien est crucial pour identifier les bons profils.

Par Thomas Kassab, publié le 15 juillet 2025

Chikungunya : Ixchiq de retour chez les seniors, mais sous haute vigilance

Un feu vert encadré

C’est une annonce très attendue à La Réunion, mais également dans les officines métropolitaines fréquentées par des voyageurs âgés : le PRAC de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a levé le 11 juillet 2025 la restriction d’utilisation du vaccin Ixchiq chez les 65 ans et plus. L’indication, suspendue depuis février après des cas d’effets graves (dont trois décès chez des sujets âgés), est désormais réautorisée sous conditions.

« Les personnes âgées sont plus à risque de formes graves de chikungunya, et la vaccination peut leur être bénéfique si le risque d’exposition est élevé », explique l’EMA.

Autrement dit : pas de vaccination de routine chez tous les seniors, mais une évaluation individuelle, en lien avec le médecin traitant ou le centre de vaccination, selon le niveau de risque épidémiologique.

Retour sur les faits

Ixchiq est un vaccin vivant atténué à injection unique, autorisé en Europe depuis juin 2024 pour la prévention du chikungunya. Il a été développé par le laboratoire Valneva, implanté en France et en Autriche, et s’adresse à toute personne de 18 ans et plus se rendant en zone d’endémie (notamment Amérique centrale, Caraïbes, Inde, Afrique subsaharienne… et par ailleurs La Réunion lors des pics épidémiques).

Mais lors de la campagne réunionnaise début 2025, 40 effets indésirables ont été signalés, dont 16 graves et 3 décès (un directement imputable au vaccin). La majorité des cas concernait des patients de 62 à 89 ans, souvent atteints de comorbidités. L’EMA avait alors suspendu l’utilisation du vaccin chez les 65 ans et plus, à titre de précaution.

Ce qui change concrètement

  • La restriction est levée, mais uniquement en cas de risque d’exposition avéré.

  • Les professionnels de santé recevront une lettre d’information de l’EMA avec les nouvelles conditions d’utilisation.

  • Le résumé des caractéristiques du produit (RCP) sera actualisé, avec des précautions spécifiques pour la tranche des +65 ans.

  • Les patients immunodéprimés restent formellement contre-indiqués, le vaccin étant vivant atténué.

Ce que doit savoir l’équipe officinale

Le pharmacien ne vaccine pas contre le chikungunya, mais il joue un rôle clé d’orientation, d’alerte et de pédagogie, en particulier lorsqu’un patient évoque un voyage ou une situation à risque.

👉 En pratique :

  • Interroger systématiquement les patients âgés qui évoquent un voyage dans les DOM ou en zone tropicale.

  • Vérifier l’absence de traitement immunosuppresseur, de greffe, ou de cancer en cours.

  • Rediriger vers le médecin traitant ou le centre de vaccination agréé pour une évaluation.

  • Informer sur les alternatives de prévention (répulsifs, moustiquaires, vêtements couvrants…).

« Le pharmacien peut être l’un des premiers à identifier un senior en situation d’exposition au virus, et donc à enclencher une décision vaccinale éclairée », rappelle un infectiologue de l’hôpital de Saint-Pierre.

À savoir : pourquoi c’est stratégique ?

Le chikungunya n’est plus seulement une menace « exotique » : avec le changement climatique et la diffusion d’Aedes albopictus en métropole, le virus gagne du terrain. Les personnes âgées constituent la population la plus à risque de formes invalidantes, notamment arthralgiques ou neurologiques.

À retenir pour le comptoir

🔍 Risques 👴 Public cible 🚫 Contre-indications
Virus en forte circulation dans certaines zones Personnes âgées exposées, en voyage ou vivant en zone épidémique Immunodépression, grossesse, fièvre, pathologie aiguë
Formes graves plus fréquentes chez les seniors Évaluation individuelle avec le médecin Vaccin vivant atténué
Effets indésirables signalés lors de la campagne 2025 Vaccination possible à nouveau avec précaution Lettre EMA à venir aux professionnels

En officine : quels réflexes ?

  • Mettre à jour les connaissances de l’équipe officinale sur ce vaccin.

  • Anticiper les demandes lors des pics saisonniers (vacances, missions à l’étranger, croisières…).

  • Collaborer avec les centres de vaccinations internationales pour fluidifier le parcours.

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