Les poux : guide pratique au comptoir
Infestation récurrente chez l'enfant, la pédiculose reste mal prise en charge. Mauvais produits, conseils bâclés, erreurs d'application... L'échec guette si le pharmacien ne joue pas son rôle de tri, d'éducation et de vigilance. Savoir détecter, traiter et prévenir efficacement est une mission clé à l'officine.

Un parasite opportuniste et strictement humain
Le pou de tête (Pediculus humanus capitis) est un insecte hématophage, strictement humain, mesurant 2 à 4 mm. Il ne saute pas, ne vole pas, mais se transmet par contact tête-à-tête, fréquent chez les enfants en collectivité. La transmission indirecte (bonnets, brosses, oreillers) reste possible, mais rare.
La femelle pond en moyenne 6 œufs par jour, fixés à la base du cheveu par une sécrétion résistante à l’eau. Les lentes éclosent en 7 à 10 jours, et les nymphes deviennent adultes en une dizaine de jours. Le cycle complet dure environ 3 semaines, expliquant qu’une prise en charge incomplète soit vouée à l’échec.
Le diagnostic est clinique, basé sur la présence de poux mobiles ou de lentes vivantes situées à ≤ 1 cm du cuir chevelu. Le prurit rétro-auriculaire ou occipital, associé à des lésions de grattage, est évocateur. Toute impétiginisation du cuir chevelu chez l’enfant doit faire rechercher une pédiculose.
Recommandations actuelles
Selon le Haut Conseil de la Santé Publique, seuls les sujets infestés doivent être traités, mais l’entourage proche doit être examiné. Une seconde application entre J7 et J10 est indispensable pour éliminer les poux nouvellement éclos. En cas d’échec, il faut envisager un changement de traitement ou renforcer le recours au peigne fin – le rasage n’est pas recommandé.
L’éviction scolaire n’est pas requise, sauf en cas de surinfection cutanée (impétigo). La collectivité scolaire doit cependant être informée, pour organiser un dépistage coordonné et une information claire aux familles.
Quelles références recommander aujourd’hui ?
Une étude de 2025* a comparé 27 produits disponibles en 2024. Elle met en évidence de fortes disparités d’efficacité : les formules à action mécanique (silicones, huiles végétales, agents filmogènes) apparaissent comme les plus fiables, notamment face aux résistances croissantes aux neurotoxiques (perméthrine, malathion). À l’officine, le choix dépend de l’âge de l’enfant, des préférences parentales et de la galénique.
Formules à base d’huiles végétales
Ces produits agissent par asphyxie en enrobant la cuticule du pou. Ils sont bien tolérés dès le plus jeune âge :
- Puressentiel® Antipoux – dès 3 ans : huiles végétales et essentielles, temps de pose 5 minutes, application à renouveler à J3.
- Apaisyl® Antipoux Xpress 15′ (P&G Health) – dès 2 ans : huiles de coco et de ricin, efficacité en 15 minutes.
- Marie-Rose® Extra-Forte (Juva Santé) – dès 3 ans : formule à base d’huile végétale, temps de pose 1 heure.
- Pouxit® Végétal (Cooper) – dès 6 mois : lotion à base d’huile végétale, action en 30 minutes.
Formules à base de silicones ou d’esters
- Le diméthicone est l’un des agents les plus utilisés. Il obstrue les orifices respiratoires et excréteurs des poux, sans effet neurotoxique :
- Pouxit XF® (Cooper) – dès 6 mois : lotion à base de diméthicone, efficacité en 15 minutes sur poux et lentes.
- Paranix® Extra Fort (Perrigo) – lotion dès 12 mois ou shampooing dès 2 ans : diméthicone + technologie LPF®, élimine poux et lentes en 5 minutes, et assure une protection 72 h.
- Full Marks® (Reckitt) – dès 2 ans : lotion ou spray, action en 5 minutes, à base d’isopropyl myristate et de cyclométhicone.
Quelle nouveauté ?
Pouxit® Shampooing Lavant & Protecteur 72h (Cooper) : un soin lavant préventif enrichi en LPF®, à intégrer à la routine capillaire en période à risque. Il aide à réduire la charge électrostatique et limite l’adhésion des poux. Deux minutes de pose, à renouveler tous les 3 jours.
À retenir
Ces produits s’appliquent toujours sur cheveux secs, avant un rinçage méticuleux suivi du passage du peigne. Une seconde application entre J7 et J10 est indispensable pour éliminer les poux éclos entre-temps, sauf mention contraire du fabricant.
Face aux parents désemparés par les poux, notre mission est triple :
• Repérer les signes évocateurs (démangeaisons, lentes vivantes à moins d’1 cm du cuir chevelu, observation directe).
• Éduquer efficacement (protocole complet, renouvellement impératif, technique du peigne fin, démystification des fausses croyances).
• Armer contre les récidives (contrôles hebdomadaires stratégiques, coordination avec l’école).
Causes d’échec
Les échecs de traitement sont le plus souvent liés à :
- une application insuffisante ou mal répartie,
- un temps de pose écourté,
- l’absence de deuxième application entre J7 et J10,
- un peigne non utilisé, laissant des lentes en place.
Attention également aux traitements « naturels » non standardisés, parfois irritants ou inefficaces.
Côté prévention ?
Deux profils de sprays répulsifs peuvent être proposés :
- Spray Répulsif Puressentiel® – à base d’huiles essentielles, protection jusqu’à 24 h, à éviter chez l’enfant atopique ou asthmatique. Dès 3 ans.
- Spray Répulsif Paranix® – à base d’IR3535, protection 24 h, dès 12 mois.
Conseillez à votre patient d’utiliser quotidiennement un peigne fin métallique pour retirer efficacement les poux morts et les lentes. Recommandez-lui également de traiter l’environnement en :
Lavant à 60 °C les textiles ayant été en contact avec la tête
Vaporisant un spray antipoux sur les textiles non lavables
Isolant les objets non traitables dans un sac hermétique pendant au moins 3 jours
Autres conseils pratiques
- Attacher les cheveux longs et éviter le contact tête-à-tête.
- Ne pas partager brosses, peignes, bonnets ou oreillers.
- Utiliser systématiquement le peigne fin après traitement.
- Jeter les cheveux coupés dans un sac fermé.
Le peignage humide peut constituer une alternative non médicamenteuse, à condition d’être répété et rigoureux.
*Source : Toubate B, Louchez A, Debierre F, et al. (June 23, 2025) In Vitro Evaluation of the Efficacy of 27 French Over-the-Counter Anti-lice Treatments.