TESTS ET PRÉVENTION

Grippe : tout ce qu'il faut savoir au comptoir

Distinguer une grippe d'un autre virus respiratoire, c'est plus qu'un réflexe diagnostique : c'est un enjeu de santé publique. Un résultat rapide évite un antibiotique inadapté, limite la contagion et protège les plus fragiles. Chez la femme enceinte, la personne âgée ou le patient cardiorespiratoire, il oriente aussi la prise en charge et la prescription antivirale.

Par Alexandre Kerval, publié le 21 novembre 2025

Grippe : tout ce qu’il faut savoir au comptoir

La « technique du sandwich »

Les tests rapides de détection de la grippe reposent sur une immunochromatographie en « sandwich » ciblant la nucléoprotéine du virus influenza A ou B, un antigène interne hautement conservé. Après prélèvement nasal ou nasopharyngé, l’échantillon migre sur une membrane où un anticorps marqué se lie à l’antigène viral. Ce complexe antigène-anticorps, associé à une particule colorée, est ensuite capturé plus loin par un second anticorps fixé, formant la bande colorée caractéristique. Une ligne témoin valide la migration et l’intégrité du test.

Le principe du sandwich

Le principe du sandwich

Sensibilité, spécificité

La spécificité des TROD grippe est élevée, comprise entre 95 et 99 % : en période épidémique, un résultat positif est donc très fiable, avec une valeur prédictive positive supérieure à 95 %. En revanche, la sensibilité reste plus variable (55 à 75 % selon la HAS), influencée par la charge virale, le délai depuis le début des symptômes et la qualité du prélèvement.

Les tests nasopharyngés, plus profonds, captent davantage de particules virales et offrent une meilleure sensibilité que les prélèvements superficiels. À l’inverse, les autotests nasaux, limités au vestibule nasal, sont plus confortables, mais moins sensibles, la concentration virale y étant plus faible.

En pratique, un test réalisé par un professionnel demeure plus fiable qu’un autotest à domicile, surtout dans les 48 premières heures de symptômes, période de charge virale maximale.

Mais, quel que soit le dispositif, un résultat négatif n’exclut jamais une grippe lorsque la clinique est parlante.

Les TROD et autotests grippe ciblent la nucléoprotéine (NP), une protéine interne très conservée du virus influenza. Les mutations saisonnières touchent surtout les protéines de surface (hémagglutinine HA, neuraminidase NA), non impliquées dans ces tests. Résultat : leur fiabilité reste stable d’une saison à l’autre.

Un marché en plein essor

Les tests 3-en-1 (grippe A/B, Covid, VRS) s’imposent au comptoir pour lever l’ambiguïté clinique (fièvre, toux, myalgies). Le marché est désormais structuré autour de :

AAZ-Labs : pionnier de l’autotest VIH, AAZ a étendu sa technologie aux infections respiratoires avec All In Duo®, autotest combiné Covid et grippe A/B, et All In Triplex®, autotest 3-en-1 Covid, grippe A/B et VRS, à prélèvement nasal. Côté professionnel, COV-GRIP® applique la même logique (Covid + grippe A/B) sur prélèvement nasopharyngé.

Biosynex : le groupe alsacien propose Influenzatop® BSS, un TROD grippe A/B, et la gamme COMBO Covid-Flu BSS, déclinée également en Covid-Flu-RSV pour inclure le VRS.

Boiron : le laboratoire développe désormais le diagnostic officinal avec sa ligne Test&Care via son autotest nasal 2-en-1 Covid & Grippe et son test combo professionnel Covid/Grippe.

Autotest Grippe & Covid de Boiron

Autotest Grippe & Covid de Boiron

D’autres références existent, comme Toda Pharma (test pro Fluronadiag® Covid + grippe A/B) ou Sejoy, présent aussi bien sur le segment professionnel (test 3-en-1 Covid/Grippe/RSV) que sur celui des autotests grand public (autotest combo Grippe/Covid).

Au-delà du test

Tester oriente, mais ne protège pas. L’hygiène des mains, l’aération des pièces et le port du masque en cas de symptômes limitent la transmission, mais seule la vaccination prévient les formes graves et les hospitalisations. Au comptoir, le message doit rester clair : le test rassure, le vaccin protège.

Cinq réflexes à rappeler

Hydrater : boire régulièrement pour compenser les pertes liées à la fièvre.

Se reposer : aérer les pièces, ne pas surchauffer, éviter l’activité physique durant la phase aiguë.

Utiliser uniquement le paracétamol : 1ᵉʳ choix pour fièvre et courbatures.

Éviter aspirine et AINS : CI sans avis médical (risque de syndrome de Reye).

Surveiller et orienter : consulter si fièvre > 40 °C, essoufflement, toux persistante ou fatigue prolongée.

Soutenir le terrain immunitaire

La prévention ne s’arrête pas à la vaccination : elle passe aussi par l’entretien du terrain immunitaire, afin d’optimiser la résistance de l’organisme face aux virus hivernaux.

Côté plante

Deux références majeures peuvent être proposées en soutien saisonnier :

  • Échinacée (E. purpurea) : reconnue par l’ESCOP et la Commission E pour réduire la fréquence, la durée et l’intensité des infections respiratoires bénignes. À recommander en cures courtes, en début d’hiver ou en relais post-infectieux.
  • Ginseng (P. ginseng) : adaptogène validé par l’EMA, il soutient l’énergie, la concentration et la résistance générale, notamment en cas de stress ou de fatigue hivernale.

Côté oligo-élément

Les oligo-éléments participent à la régulation fine de l’immunité :

Les complexes Cu-Au-Ag (Oligosol®) exercent une action immunostimulante douce et antivirale d’appoint, souvent utilisés en prévention ou en convalescence.

Le zinc, oligo-élément clé de la réponse immunitaire, peut être proposé en cure courte (15 à 30 mg/j pendant 7 à 10 jours) chez les patients fragilisés ou sujets aux infections ORL répétées. Une supplémentation prolongée doit être évitée pour prévenir un déficit secondaire en cuivre.

Côté homéopathie

En complément, certains patients recourent à des médicaments homéopathiques à visée préventive. Par exemple, Oscillococcinum® (Boiron) est traditionnellement utilisé en soutien du terrain lors des périodes d’exposition accrue. Son usage reste possible en relais du vaccin ou chez les patients demandeurs d’une approche globale.

Alexandre Kerval