Cas de comptoir : « J'ai l'intestin irritable »
Lorsqu'un patient se présente en officine en se plaignant de l'intestin irritable, il est essentiel de comprendre cette pathologie afin de fournir des conseils appropriés. Le syndrome de l'intestin irritable (SII) est un trouble fonctionnel fréquent mais souvent mal compris, qui affecte significativement la qualité de vie des patients. Quels conseils prodiguer à l'officine ? Réponses.
Le SII en bref
En France, environ 5 % de la population serait touchée par le SII, et ce trouble est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Les patients atteints de SII consultent fréquemment en raison de l’impact important sur leur bien-être quotidien.
Le SII se caractérise par des douleurs abdominales récurrentes et des troubles du transit intestinal, tels que la constipation, la diarrhée ou une alternance des deux. Selon les critères de Rome IV, ces symptômes doivent être présents depuis au moins trois mois pour poser le diagnostic. Le SII est également associé à des ballonnements et une distension abdominale.
Origines du SII
Les causes exactes du SII restent mal connues, mais plusieurs facteurs sont impliqués :
- Troubles de la motricité intestinale : les anomalies de la contraction des muscles intestinaux peuvent provoquer des symptômes de constipation ou de diarrhée.
- Sensibilité viscérale accrue : les patients atteints de SII ont souvent une perception accrue de la douleur intestinale.
- Dysfonctionnement de l’axe intestin-cerveau : le stress et l’anxiété peuvent exacerber les symptômes du SII.
- Micro-inflammation : une légère inflammation de la muqueuse intestinale est souvent observée.
- Altération du microbiote intestinal : un déséquilibre des bactéries intestinales peut jouer un rôle clé dans le développement du SII.
Diagnostic et suivi
Le diagnostic du SII repose sur les critères de Rome et l’exclusion d’autres pathologies. Les patients doivent faire l’objet d’un suivi régulier pour ajuster les traitements et répondre aux questions et préoccupations qui peuvent survenir au cours de leur parcours de soins. Les signes d’alarme nécessitant des tests supplémentaires comprennent l’âge avancé, la perte de poids, l’hémorragie rectale, l’anémie ferriprive, les antécédents familiaux de cancer du côlon, de maladie intestinale inflammatoire ou de maladie cœliaque, et la diarrhée nocturne.
Symptomatologie
Les symptômes du SII sont variés et peuvent inclure :
- Douleurs abdominales : souvent soulagées après la défécation. Ces douleurs peuvent ressembler à une sensation de barre en travers du bas ventre et sont souvent plus fréquentes au réveil.
- Troubles du transit : constipation (SII-C), diarrhée (SII-D) ou alternance des deux (SII-M).
- Ballonnements : la fatigue chronique, des céphalées, des symptômes urinaires et fibromyalgie peuvent également être présents dans les formes sévères
Quels conseils alimentaires ?
Pour accompagner les patients souffrant de SII, l’une des principales recommandations est l’adoption d’un régime pauvre en FODMAPs (Fermentable Oligo-, Di-, Mono-saccharides And Polyols). Ces glucides à courte chaîne sont mal absorbés par l’intestin grêle et fermentent rapidement sous l’action des bactéries coliques, provoquant des symptômes tels que ballonnements, douleurs abdominales et altérations du transit. La réduction des FODMAPs peut donc soulager efficacement les symptômes chez une grande proportion de patients.
Une hydratation adéquate est essentielle, surtout en cas de diarrhée, pour prévenir la déshydratation. Les boissons riches en électrolytes peuvent être conseillées dans ce cas. En revanche, les boissons gazeuses sont à éviter, car elles peuvent exacerber les ballonnements. L’apport progressif de fibres solubles, comme le psyllium, peut aider à réguler le transit intestinal sans aggraver les symptômes. Le psyllium, en particulier, a montré des bénéfices dans la gestion des symptômes du SII, en raison de sa capacité à former un gel visqueux qui adoucit les selles en cas de constipation et améliore leur consistance en cas de diarrhée. Un dosage quotidien de 10 à 15 g est souvent recommandé, en augmentant progressivement pour éviter les ballonnements. De plus, il est conseillé de limiter la consommation de substances reconnues pour irriter le tube digestif, telles que la caféine, l’alcool, et les aliments épicés. L’évitement des aliments gras et des produits ultra-transformés est également préconisé, car ils peuvent entraîner des troubles digestifs en ralentissant la digestion ou en favorisant une réponse inflammatoire intestinale.
Quelle prise en charge ?
Traitements médicamenteux
- Antispasmodiques : comme le phloroglucinol pour réduire les spasmes intestinaux et les douleurs abdominales et le citrate d’alvérine/siméthicone (Meteospasmyl©).
- Laxatifs : pour le SII-C, les laxatifs osmotiques tels que le macrogol sont fréquemment recommandés.
- Antidouleurs : montmorillonite bedeillitique (Bedelix©) pour SII-C, diosmectite pour SII-D.
- Antidiarrhéiques : pour le SII-D, la loperamide peut aider à réduire les épisodes de diarrhée.
- Antidépresseurs : en cas de SII sévère, les antidépresseurs tricycliques (hors AMM) peuvent être utilisés pour leur effet antalgique à faible dose.
Thérapies non médicamenteuses
La gestion du stress est essentielle pour réduire les symptômes du SII. Des techniques de relaxation, le yoga et les thérapies cognitivo-comportementales peuvent être bénéfiques. De plus, une activité physique régulière contribue à améliorer le transit intestinal et à diminuer le stress. En cas de symptômes sévères, différentes formes de psychothérapie centrées sur la gestion des symptômes fonctionnels intestinaux peuvent être proposées pour offrir un soutien psychologique efficace.
Et en phyto-aromato’ ?
En phytothérapie, il est possible de conseiller divers compléments alimentaires en phytothérapie pour soulager les symptômes du SII. Par exemple, les capsules de Curcuma longa (Full Spectrum Curcumine© de Solgar) sont recommandées pour leurs propriétés anti-inflammatoires et spasmolytiques. Le fenouil doux sous forme d’huile essentielle ou de tisane aide à réduire les flatulences et les ballonnements. Côté aromathérapie, bien que l’huile essentielle de menthe poivrée soit souvent citée, elle est inefficace et expose à des effets indésirables.
Quels probiotiques conseiller ?
Aucun probiotique n’a d’indication formelle dans le SII. En revanche, certains d’entre eux peuvent soutenir le microbiote intestinal et aider à soulager certains symptômes, comme :
Lactibiane© Référence (PiLeJe)
Il contient les souches L. helveticus LA401, B. longum LA101, L. lactis LA103 et S. thermophilus LA104.
Probiolog© (Mayoly Spindler)
Il offre une combinaison de L. acidophilus et B. lactis.
Symbiosys© Alflorex (Biocodex)
Il contient du B. longum 35624, une souche particulièrement efficace pour les troubles fonctionnels intestinaux.