La santé intégrative selon PiLeJe : « Optimiser la physiologie pour que la thérapeutique fonctionne mieux »
À l’occasion de l’inauguration du nouveau site industriel de PiLeJe à Saint-Bonnet-de-Rochefort, la rédaction de Pharma365 a rencontré Emmanuelle Bocandé, docteur en pharmacie et directrice scientifique du groupe.

Entre microbiote, santé mentale et micronutrition, elle dévoile la philosophie de la santé intégrative portée par PiLeJe : une approche globale, ancrée dans la science, qui vise à réconcilier médecine conventionnelle et prévention physiologique.

Dr. Emmanuelle Bocandé. Directrice médicale de PiLeJe
La santé intégrative, c’est quoi ?
Emmanuelle Bocandé : C’est la rencontre entre les médecines conventionnelles et les approches complémentaires, dans une vision globale de l’individu.
On ne se limite pas à traiter une pathologie : on s’intéresse aussi au mode de vie, à l’équilibre physiologique, à la nutrition, au microbiote.
Cette logique existe déjà en oncologie, avec des approches comme l’hypnose ou l’art-thérapie. Chez PiLeJe, nous travaillons sur cette complémentarité : le médicament est indispensable, mais il agit d’autant mieux que l’organisme fonctionne de manière optimale.
Pourquoi optimiser la physiologie ?
E. B. : Parce que si l’organisme manque de briques essentielles – vitamines, minéraux, acides gras –, la thérapeutique ne sera pas pleinement efficace.
Certaines dépressions, par exemple, sont résistantes en raison d’une carence en zinc.
D’autres cas sont liés à une inflammation intestinale qui perturbe l’axe intestin-cerveau. Corriger le terrain physiologique permet de potentialiser le traitement. La vitamine D, les oméga-3 ou certains micronutriments ont montré leur rôle dans la régulation immunitaire et la santé mentale.
Et dans le sport, quel intérêt ?
E. B. : Plusieurs de nos références sont labellisées Sport Protect, un label antidopage reconnu. Cela permet aux équipes médicales qui accompagnent les sportifs professionnels d’utiliser nos produits en toute sécurité. Nous collaborons avec des clubs comme l’OGC Nice ou des équipes cyclistes, mais ce sont leurs médecins qui décident des protocoles. Ils savent qu’un déficit en vitamine D ou une altération de la barrière intestinale peuvent nuire à la récupération ou à la performance. Là encore, tout repose sur la physiologie.
Probiotiques, post-biotiques, métabiotiques : quelle différence ?
E. B. : L’Europe a interdit les probiotiques par voie vaginale, car les compléments alimentaires sont destinés à être ingérés. En revanche, on peut utiliser des post-biotiques : des bactéries inanimées, entières ou partielles, associées ou non à leurs métabolites. Cette définition, proposée en 2021 par l’ISAPP, coexiste encore avec l’ancienne où le terme désignait uniquement les métabolites issus des micro-organismes.
Chez PiLeJe, nous parlons souvent de métabiotiques, pour désigner spécifiquement ces métabolites produits par des probiotiques.
Et les “psychobiotiques”, de quoi s’agit-il ?
E. B. : Là, on ne définit plus le composé mais la cible.
Un psychobiotique est un probiotique ou un métabolite qui agit sur l’axe intestin-cerveau.
Cette approche illustre bien la complexité des interactions entre microbiote, système nerveux et inflammation.

Exemple de psychobiotiques : Melioran Regul de PiLeJe
Tant d’actualités autour du microbiote ?
E. B. : C’est un domaine scientifique en pleine effervescence ! Je coordonne les Rencontres du Microbiote depuis dix ans, et la progression est vertigineuse ! Au départ, je pouvais suivre l’ensemble des publications : une centaine par mois. Aujourd’hui, c’est des milliers ! Les connaissances se renouvellent sans cesse : on a cru que le placenta était stérile, puis des travaux ont identifié un microbiote placentaire… avant qu’une autre étude ne le contredise. C’est un champ vivant, où chaque découverte bouscule les certitudes précédentes.
Comment se construit le microbiote ?
E. B. : C’est un écosystème dynamique, façonné par de multiples facteurs : mode de naissance, rang dans la fratrie, contact avec les animaux, environnement, alimentation, crèche ou garde à domicile… Tout influe ! Le microbiote se stabilise vers trois ans, continue d’évoluer jusqu’à l’adolescence, puis reste modulable : un traitement antibiotique, un voyage ou un changement alimentaire peuvent le perturber.
Pourquoi le conseil personnalisé est-il essentiel ?
E. B. : Parce qu’un probiotique, c’est une rencontre entre une souche et un écosystème propre à chaque individu. Il ne peut donc pas convenir à tout le monde. C’est pour cela que le conseil d’un professionnel de santé est indispensable : un probiotique très documenté pourra être bénéfique pour une personne, mais inefficace pour une autre. Cette variabilité existe aussi pour les médicaments. L’enjeu est d’individualiser le conseil, de comprendre le terrain avant d’intervenir.
Propos recueillis par la rédaction de Pharma365, lors de l’inauguration du site de Saint-Bonnet-de-Rochefort.