Deuxième Peau® : quand le textile devient un soin pour l’eczéma

Longtemps minimisé, l’eczéma impacte pourtant profondément le quotidien des patients. Barbara Desclaux, créatrice de Deuxième Peau®, a transformé son vécu en innovation textile : des vêtements certifiés, en soie et Tencel®, conçus comme une véritable barrière protectrice. Entre cycle de la maladie, conseils pratiques et intégration en officine, son projet redonne aux équipes un nouvel outil pour accompagner les peaux atopiques.

Par Thomas Kassab, publié le 24 septembre 2025

Deuxième Peau® : quand le textile devient un soin pour l’eczéma

Une innovation née de l’expérience patiente

À l’origine de Deuxième Peau®, il y a l’histoire de Barbara Desclaux, patiente atteinte d’eczéma sévère depuis l’enfance. « C’est lors d’une hospitalisation en 2021 que j’ai compris, en lisant mon compte-rendu, que l’eczéma était une maladie à part entière. Jusque-là, on me disait : “ce n’est pas grave, c’est juste de l’eczéma”. » Adolescente, elle vit une période difficile : « À 14 ans, j’étais à vif, le visage enflammé et exposé aux regards. On finit par s’habituer à la douleur et par la minimiser, comme nos proches. »

Barbara Desclaux, fondatrice de Deuxième Peau®

Barbara Desclaux, fondatrice de Deuxième Peau®

Designer en innovation textile, elle décide de transformer son vécu en solution concrète. « Je voyais que certaines fibres interagissaient différemment avec la peau. Je me suis dit qu’un textile adapté pouvait devenir un soin. »

Riliv.tech®, une matière conçue pour protéger

De cette intuition est née la matière Riliv.tech®, un textile sans couture, certifié OEKO-TEX® Standard 100 et Step, composé de soie et Tencel®. « La soie est utilisée en chirurgie et ne capte pas les graisses, tandis que le Tencel®, issu de cellulose d’eucalyptus, évacue l’humidité et limite la prolifération bactérienne mieux que le coton. »

Résultat : un tissu compressif, doux et respirant, qui agit comme une barrière mécanique. « Beaucoup de patients nous disent : “ça fait pansement, c’est rassurant”. Cela évite les frottements, retarde le grattage et accompagne la cicatrisation. » Lavable environ 70 fois, il est réutilisable sur plusieurs mois et compatible avec les soins topiques (crèmes, cortisone).

Comprendre le cycle de l’eczéma

Barbara Desclaux insiste sur la nécessité de mieux former les soignants, en particulier à l’officine. « Le cycle de l’eczéma se déroule en trois phases : inflammatoire, sécheresse, puis sec. On ne peut pas mettre de crème hydratante sur une plaque inflammatoire, sinon on prolonge la crise. Dans cette phase, la seule option est la vaseline ou une protection mécanique comme Deuxième Peau®. »


Un message essentiel pour le conseil officinal, afin d’éviter de retarder la guérison et de redonner confiance aux patients souvent découragés.

De la fast fashion à la dermato-textile

Deuxième Peau® se distingue aussi par un discours engagé contre la prolifération des fibres synthétiques. « Les fibres inertes, très utilisées dans la fast fashion ou les vêtements de sport, ne prennent pas en charge l’humidité et laissent un biofilm bactérien. À l’inverse, les fibres biocompatibles comme la soie ou la laine interagissent avec l’environnement et sont bien mieux tolérées par la peau. »

En ce sens, le textile devient un véritable outil de santé, et non plus un simple habit.

Gamme actuelle et perspectives

Aujourd’hui, la gamme se compose de manchettes pour les bras et de tubes pour les jambes, tricotés sans couture. « Les tubes pour les jambes sont encore en précommande, mais la demande est forte. Nous travaillons aussi sur des cagoules et sur des gants, qui nécessitent une technique particulière. »

Un pack de 8 paires (2 par taille, du XS au L) permet une première implantation en officine. L’accueil est particulièrement favorable dans les pharmacies rattachées à des cures thermales dermatologiques, où les médecins prescrivent déjà.

Une caution hospitalière

Deuxième Peau® bénéficie déjà d’un soutien médical : le Pr Bouaziz, chef du service dermatologie de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP), accompagne le projet, aux côtés de plusieurs CHU (Marseille, Toulouse, Nantes, Montpellier). Le textile est également labellisé par l’Association Française de l’Eczéma (AFE).

Les retours patients confirment son intérêt : « Je viens d’enfiler les manchettes, j’ai envie de pleurer tellement ça me soulage. Je ne sens plus l’inflammation. » D’autres témoignent d’une cicatrisation plus rapide et d’une diminution du grattage nocturne.

Former les équipes officinales

Avec le collectif Eczéma France, Barbara Desclaux souhaite former pharmaciens et préparateurs à mieux détecter et accompagner les patients. « Beaucoup n’osent plus parler de leur souffrance. En pharmacie, un conseil adapté peut éviter des semaines de crise supplémentaires. »

Pour l’entrepreneure, l’intégration officinale passe par la pédagogie : comprendre la pathologie, puis proposer le textile comme maillon manquant entre dermocosmétiques et traitements médicamenteux.

Mon conseil officinal

Devant un patient atopique en crise, il faut d’abord rappeler que l’hydratation ne se fait pas en phase inflammatoire. Les vêtements Deuxième Peau® (manchettes, tubes) apportent une barrière mécanique protectrice, réduisent le grattage et améliorent l’efficacité des traitements locaux. L’argument clé : un textile validé par des CHU, lavable et durable, qui rassure les patients et complète la prise en charge.