La réponse de Cyclamed : quand les médicaments périmés s’invitent dans le débat public
L’enquête choc de l’UFC-Que Choisir sur les médicaments périmés a mis le feu aux poudres en affirmant qu’ils restent souvent efficaces bien après leur date limite d’utilisation. Face à cette polémique, Cyclamed réagit fermement pour rectifier certaines informations et rappeler l’importance du retour des MNU en pharmacie. Baisse des collectes, risque pour la santé, enjeux environnementaux… Découvrez les dessous d’un débat qui secoue la sphère pharmaceutique. Entre vérités et raccourcis, qui a vraiment raison ?
La réponse de Cyclamed : quand les médicaments périmés s’invitent dans le débat public
L’article de l’UFC-Que Choisir sur l’efficacité des médicaments périmés a déclenché un véritable tollé dans le milieu pharmaceutique. L’association de consommateurs a en effet affirmé que de nombreux médicaments restaient actifs bien après leur date de péremption, posant ainsi la question de la pertinence de cette dernière. En réponse, l’éco-organisme Cyclamed a publié un communiqué visant à clarifier certains points et à corriger ce qu’il considère comme des interprétations erronées de ses données. Voici les éléments clés de cette controverse et les enjeux qu’elle soulève.
L’étude de l’UFC-Que Choisir : des médicaments toujours actifs
Dans son enquête, l’UFC-Que Choisir a testé 30 échantillons de médicaments périmés, principalement du paracétamol et de l’ibuprofène. Les résultats montrent que ces médicaments conservent leur principe actif bien au-delà de leur date de péremption. Par exemple, des comprimés d’Efferalgan datant de 1992 affichaient encore 100 % de leur principe actif, et des Dafalgan périmés en 2018 contenaient toujours 95 % de paracétamol malgré un stockage dans des conditions difficiles.
L’association a également rappelé qu’aucun rapport de toxicité lié à l’utilisation de médicaments après leur date de péremption n’a été publié à ce jour. Selon elle, la principale conséquence d’une prise de médicaments périmés serait une diminution de l’efficacité, mais pas de risques sanitaires graves, sauf pour les médicaments à marge thérapeutique étroite.
La réaction de Cyclamed : un geste de tri toujours nécessaire
Face à ces conclusions, Cyclamed a tenu à rectifier certaines interprétations de l’enquête. L’éco-organisme a précisé que 81 % des Français rapportent au moins une fois par an leurs médicaments périmés ou non utilisés (MNU) en pharmacie, et que parmi eux, 60 % le font de manière systématique. Ce chiffre a été mal interprété par certains médias, qui ont suggéré que 40 % des Français jetaient leurs médicaments à la poubelle. En réalité, il s’agit de 40 % des personnes rapportant leurs MNU qui ne le font pas systématiquement, et non de 40 % de la population totale.
Cyclamed souligne également que le volume de MNU collecté en pharmacie diminue depuis quelques années, passant de 9 415 tonnes en 2022 à 8 500 tonnes en 2023. Cette baisse s’explique par une diminution globale du nombre de boîtes de médicaments vendues chaque année, mais le taux de collecte par Cyclamed continue d’augmenter, atteignant 71 % du gisement en 2023.
Le contexte réglementaire : vers un allongement des dates de péremption ?
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) travaille actuellement avec les laboratoires pharmaceutiques pour envisager un allongement des dates de péremption. Cette initiative vise à réduire le gaspillage et les pénuries, un problème récurrent pour certaines molécules. Cependant, les laboratoires restent réticents, craignant que des dates de péremption plus longues n’affectent l’apparence des emballages et ne modifient la perception des consommateurs vis-à-vis de la qualité du produit.
Pour le moment, les discussions sont toujours en cours et il n’existe pas de directive claire sur une éventuelle extension des dates de péremption. Néanmoins, il est important de rappeler que les dates de péremption actuelles sont définies pour garantir la stabilité, la sécurité et l’efficacité des médicaments pendant toute leur durée d’utilisation.
Les enjeux de santé publique et environnementaux
L’un des principaux arguments de Cyclamed est que le retour des MNU en pharmacie est crucial pour la sécurité sanitaire et la protection de l’environnement. En 2023, plus de 8 500 tonnes de médicaments ont été collectées et incinérées dans des conditions sécurisées, empêchant ainsi ces produits de se retrouver dans les poubelles ménagères ou, pire, dans la nature. Une mauvaise gestion des MNU peut entraîner des risques d’intoxication, notamment pour les enfants et les seniors, ainsi que des pollutions environnementales dues aux résidus de médicaments dans les eaux et les sols.
Cyclamed rappelle que les Français sont de plus en plus sensibilisés à ces enjeux. Selon une étude réalisée en février 2024, 66 % des personnes qui rapportent leurs médicaments en pharmacie trient également les emballages en carton et les notices pour les recycler de manière appropriée.
Une nécessaire évolution des pratiques
Si l’étude de l’UFC-Que Choisir a le mérite de soulever un débat nécessaire sur la gestion des médicaments périmés, elle doit être replacée dans un contexte plus large de santé publique. La validité des dates de péremption mérite sans doute d’être réévaluée, mais il est essentiel que cela se fasse avec rigueur scientifique et dans le respect des standards de sécurité pour les patients.
En conclusion, l’initiative de l’UFC Que Choisir interroge sur la pertinence des dates de péremption actuelles, mais l’importance du retour des MNU en pharmacie ne doit pas être minimisée. Cyclamed et l’ANSM continueront à œuvrer pour sensibiliser les Français à ces enjeux, tout en explorant les voies possibles pour réduire le gaspillage sans compromettre la sécurité des médicaments.