Hypoparathyroïdie : une réponse substitutive grâce à la technologie TransCon®
Longtemps privée d’un traitement hormonal substitutif, l’hypoparathyroïdie entre dans une nouvelle phase thérapeutique. La biotech danoise Ascendis Pharma lance une innovation de rupture : un analogue de la parathormone à libération prolongée, destiné à rétablir une calcémie physiologique et à alléger la charge quotidienne des patients. Sa directrice générale France, Carol Brucker, revient pour Pharma365 sur cette avancée.

Maladie rare mais largement sous-estimée, l’hypoparathyroïdie repose encore trop souvent sur une prise massive de calcium et de vitamine D, sans traiter la cause hormonale. Grâce à la technologie TransCon®, Ascendis Pharma a développé une forme prolongée de parathormone, déjà disponible en accès précoce hospitalier. À l’heure où se prépare son arrivée en ville, Carol Brucker, Directrice Générale d’Ascendis Pharma France, détaille les enjeux scientifiques, médicaux et logistiques de ce traitement substitutif.
Quels étaient les principaux freins à un traitement substitutif de l’hypoparathyroïdie ?
Carol Brucker : La parathormone a une demi-vie extrêmement courte, de quelques minutes à peine, ce qui rendait difficile toute administration efficace. Il fallait développer une solution permettant une libération prolongée, stable et physiologique de cette hormone, pour espérer remplacer réellement la fonction déficiente des glandes parathyroïdes.
Comment fonctionne concrètement la technologie TransCon® ?
C.B. : TransCon® repose sur un triptyque : un transporteur inerte (PEG), une molécule active (la PTH 1-34) et un linker intelligent, conçu pour se cliver lentement dans l’organisme. Cette libération progressive permet une exposition continue à la parathormone sur près de 60 heures. Ce mécanisme diffère fondamentalement des “long-acting” classiques : ici, l’objectif est de mimer au plus près la sécrétion naturelle, sans pics, ni creux.
Quel est l’intérêt clinique de cette libération prolongée ?
C.B. : Elle permet de restaurer une calcémie physiologique, en supprimant — à terme — la dépendance au calcium et à la vitamine D active. On vise ici à traiter la cause, pas simplement à compenser les symptômes. Cela réduit également les effets iatrogènes liés aux doses élevées de suppléments : hypercalciurie, néphrocalcinose, etc.
Comment se présente le traitement, et comment l’adapte-t-on ?
C.B. : Le TransCon PTH est administré par voie sous-cutanée, en injection quotidienne à l’aide de stylos multidoses. Trois stylos existent, chacun contenant trois paliers. On commence par la dose médiane (stylo orange), puis on ajuste selon la réponse clinique. En pratique, les patients stabilisent leur posologie au bout de deux mois environ.
À quels patients ce traitement s’adresse-t-il ?
C.B. : Sur environ 16 500 patients atteints d’hypoparathyroïdie en France, près de 5 000 seraient mal contrôlés malgré la supplémentation conventionnelle. Ce sont ces patients — souvent en errance thérapeutique — qui pourront bénéficier prioritairement du traitement. L’objectif est de répondre à un besoin non couvert persistant, avec un vrai bénéfice sur la qualité de vie.
Les données cliniques montrent une réduction des compléments. Qu’en est-il ?
C.B. : Dans l’étude pivot PATHway, 98 % des patients ont pu arrêter complètement la vitamine D active, et environ 80 % ont réduit ou arrêté leur apport en calcium. Il s’agit d’une vraie bascule physiopathologique. Pour les pharmaciens, cela implique d’accompagner les patients dans cette transition, en posant les bonnes questions au comptoir.
Où en est la commercialisation en France ?
C.B. : Le médicament est actuellement en accès précoce hospitalier. La demande de remboursement est en cours de discussion avec les autorités françaises. Nous espérons une mise à disposition en ville d’ici la fin de l’année, via les grossistes répartiteurs. La prescription restera spécialisée, mais la délivrance sera possible en officine.
Comment fluidifier la transition entre hôpital et ville ?
C.B. : Cette transition devra être anticipée. Les PUI seront informées de la fin de l’accès précoce, et les officines devront être prêtes à prendre le relais. Il s’agit à la fois de logistique — assurer la disponibilité via les répartiteurs — et d’information. Nous allons lancer des campagnes via le Vidal et fournir des supports pratiques aux pharmaciens.
Quels outils ou formations prévoyez-vous pour les pharmaciens ?
C.B. : Nous collaborons avec des associations de patients et de professionnels pour co-construire des outils clairs : schémas de titration, rappel des objectifs, rôle dans l’arrêt des compléments… Toute la dimension éducative est cruciale. Notre directeur marketing, Brice Boiroux, coordonne ces actions avec un focus fort sur l’accompagnement officinal.