Bronchiolite à VRS : Beyfortus protège-t-il vraiment mieux qu’Abrysvo ?
Pour la première fois, une étude française en vie réelle compare directement les deux stratégies de prévention de la bronchiolite à virus respiratoire syncytial (VRS) chez le nourrisson. À partir des données du SNDS, Epi-Phare montre que l’immunisation directe par nirsevimab (Beyfortus) réduit davantage les hospitalisations et les formes sévères que la vaccination maternelle par Abrysvo. Des chiffres clés qui éclairent le conseil officinal.
Une première étude comparative en vie réelle apporte des données chiffrées
Depuis la saison VRS 2024-2025, deux stratégies de prévention coexistent en France pour protéger les nourrissons contre la bronchiolite à virus respiratoire syncytial (VRS) :
- l’immunisation directe du nourrisson par nirsevimab (Beyfortus),
- la vaccination maternelle pendant la grossesse par RSVpreF (Abrysvo).

Une étude nationale française en vie réelle, menée par Epi-Phare (ANSM-CNAM) à partir des données du SNDS, a pour la première fois comparé directement ces deux approches. Et les résultats montrent un avantage chiffré et significatif en faveur de Beyfortus.
Méthodologie : une large cohorte nationale
- Population analysée : environ 42 500 nourrissons, suivis pendant leur première saison d’exposition au VRS
- Deux groupes comparables :
- nourrissons ayant reçu Beyfortus,
- nourrissons protégés uniquement via la vaccination maternelle par Abrysvo
- Critère principal : hospitalisation liée au VRS
- Critères secondaires : formes sévères (soins intensifs, oxygénothérapie, ventilation)
Il s’agit d’une analyse observationnelle en vie réelle, et non d’un essai randomisé, mais sur des effectifs très importants.
Hospitalisations VRS : un écart net en faveur de Beyfortus
Sur l’ensemble de la saison étudiée :
- 212 hospitalisations pour VRS chez les nourrissons immunisés par Beyfortus
- 269 hospitalisations chez les nourrissons protégés par vaccination maternelle (Abrysvo)
Cela correspond à :
- une réduction relative du risque d’hospitalisation d’environ 26 % en faveur de Beyfortus
- Hazard Ratio ajusté : 0,74 (IC 95 % : 0,61–0,88)
Concrètement : à exposition équivalente, les nourrissons ayant reçu Beyfortus sont environ un quart moins souvent hospitalisés pour bronchiolite à VRS que ceux protégés uniquement par la vaccination maternelle.
Formes sévères : un avantage encore plus marqué
L’écart se renforce lorsqu’on regarde les formes graves de bronchiolite :
- Admissions en soins intensifs pédiatriques :
- réduction du risque d’environ 40 % avec Beyfortus
- Recours à l’oxygénothérapie :
- réduction du risque d’environ 44 %
- Ventilation mécanique :
- réduction du risque d’environ 43 %
Autrement dit, plus la bronchiolite est sévère, plus l’avantage de l’immunisation directe apparaît marqué dans cette étude.
Pourquoi Beyfortus fait mieux ?
L’étude n’est pas conçue pour expliquer les mécanismes, mais plusieurs éléments cliniques sont bien identifiés :
- Beyfortus apporte une dose connue, immédiate et durable d’anticorps neutralisants directement au nourrisson, couvrant l’ensemble de la saison VRS.
- Abrysvo repose sur le transfert placentaire d’anticorps maternels, dont l’efficacité dépend :
- du moment exact de la vaccination pendant la grossesse,
- de la qualité du passage placentaire,
- du déclin physiologique des anticorps après la naissance.
Cela peut entraîner une protection plus variable dans le temps, notamment chez les nourrissons exposés tardivement au virus.
Faut-il opposer les deux stratégies ?
Non. Les auteurs insistent sur plusieurs points :
- la vaccination maternelle reste une stratégie utile, notamment lorsque l’immunisation du nourrisson n’est pas possible ou n’a pas été réalisée ;
- l’étude porte sur une seule saison épidémique ;
- les données sont observationnelles, même si robustes.
Mais elle permet désormais de dire que, à efficacité comparée, Beyfortus offre une protection supérieure contre les hospitalisations et les formes graves de VRS.
Ce que cela change à l’officine
Pour l’équipe officinale, ces chiffres permettent :
- d’objectiver le discours auprès des parents,
- d’expliquer que les deux stratégies protègent, mais pas au même niveau,
- de rappeler que l’immunisation directe du nourrisson est aujourd’hui la plus efficace contre les formes graves,
- de renforcer le rôle de l’officine dans le repérage, l’orientation et l’information autour de la prévention du VRS.
Ce qu’on dit aux parents en 30 secondes
« Aujourd’hui, il existe deux façons de protéger les bébés contre la bronchiolite à VRS.
La vaccination de la maman pendant la grossesse protège le nourrisson, mais de façon variable dans le temps.
L’autre option, c’est l’immunisation directe du bébé avec Beyfortus : on lui apporte directement des anticorps efficaces pendant toute la saison.
Les données françaises montrent que les bébés qui reçoivent Beyfortus sont environ 25 % moins souvent hospitalisés pour bronchiolite, et encore moins souvent pour les formes graves.
Les deux solutions protègent, mais l’immunisation directe est aujourd’hui la plus efficace contre les formes sévères. »
À retenir
- Oui, il y a un écart chiffré réel entre Beyfortus et Abrysvo.
- Environ 25 % de risque d’hospitalisation en moins avec Beyfortus dans l’étude française.
- Un avantage encore plus net sur les formes sévères.
- Ces données devraient peser dans les futures stratégies de prévention du VRS.