Remises : trois mois de répit, la FSPF parle de “cessez-le-feu”
Le gouvernement a reculé. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a décidé de reporter l’arrêté abaissant le plafond des remises commerciales. Un nouveau texte, publié début octobre, rétablit le plafond de 40 % pour les génériques (15 % pour les biosimilaires). Pour la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), il s’agit d’une victoire d’étape, obtenue grâce à la mobilisation unie de la profession.

« Une semaine décisive »
« C’est une semaine extrêmement importante pour la profession », a souligné Philippe Besset en conférence de presse ce vendredi. Depuis deux mois et demi, la FSPF alertait sur le risque de mettre à genoux un réseau déjà fragilisé. En recevant les syndicats à Matignon, le chef du gouvernement a voulu envoyer un signal de confiance : « Votre histoire de remise, elle est incompréhensible pour les Français… mais on comprend qu’il y a un problème pour les pharmacies, parce qu’on voit bien qu’elles ferment », a-t-il confié aux représentants de la profession.
Une écoute retrouvée à Matignon
La rencontre de mercredi soir a réuni autour de la même table l’Ordre, l’USPO et la FSPF, face au Premier ministre et à son équipe. Pour Philippe Besset, l’échange a marqué un tournant : « Nous avons, avec ce Premier ministre, quelqu’un de confiance. » La méthode assumée par Sébastien Lecornu : agir vite sur les points de blocage et ouvrir dans le même temps un chantier plus large sur le modèle économique de l’officine.
Concrètement, l’arrêté contesté ne disparaît pas : ses effets sont suspendus pour au moins trois mois, le temps de mener une mission d’évaluation sur l’état économique du réseau officinal et d’envisager sa rénovation.
Une mobilisation mise en pause
La Fédération a choisi d’interrompre le mouvement. « C’est en fait un cessez-le-feu. Pendant le cessez-le-feu, on travaille. Mais je reste l’arme au pied : si en janvier ça ne se passe pas bien, on reprendra », a prévenu Philippe Besset.
Cette trêve n’efface pas la détermination. Le président de la FSPF a rappelé deux urgences : l’érosion continue des revenus depuis 2011, qui décourage les installations, et la prise en compte des 130 000 collaborateurs d’officine, essentiels au fonctionnement du réseau.
Vaccination et arrière-pensée politique ?
Lors de la conférence, la question a été posée : « Ce report de trois mois n’est-il pas simplement stratégique, pour éviter que les pharmaciens ne bloquent la campagne de vaccination Covid et grippe ? »
Réponse sans détour :
« Ah non, ça n’a absolument rien à voir. Il était hors de question de prendre en otage les patients. L’idée de notre mobilisation a toujours été d’être avec eux. »
Selon lui, la décision s’explique par deux éléments :
- la démonstration auprès du gouvernement de la fragilité économique du réseau,
- et le soutien quasi unanime du Parlement, toutes sensibilités confondues, contre l’arrêté initial.
Biosimilaires et prochaines batailles
Autre enjeu mis en avant par la FSPF : la promotion des biosimilaires. Philippe Besset réclame, dès le prochain PLFSS, la prescription en DCI, le tiers payant contre biosimilaires et la fin des stratégies de contournement des laboratoires.
Cap sur Lyon et le Congrès national
En parallèle, la Fédération prépare son Congrès national, les 12 et 13 octobre à Lyon. L’événement, intégralement en plénière, sera inauguré par le futur ministre de la Santé. Édouard Philippe viendra ensuite livrer son regard sur l’avenir de la santé et de la pharmacie. Des séquences seront également consacrées à la sécurité, avec l’intervention d’un ancien négociateur du RAID, et à la lutte contre la soumission chimique.