Officines : le plafond des remises à 40 % fait son retour

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la suspension de l’arrêté abaissant le plafond des remises sur les génériques. Les pharmaciens obtiennent ainsi trois mois de respiration et un retour au dialogue avec l’État.

Par Thomas Kassab, publié le 24 septembre 2025

Officines : le plafond des remises à 40 % fait son retour

Un arrêté suspendu, un signal politique fort

Le 24 septembre, lors d’une rencontre avec les deux syndicats représentatifs de la profession, le Premier ministre a décidé de suspendre pour trois mois l’arrêté controversé sur les remises commerciales. Ce texte prévoyait l’abaissement du plafond des remises sur les médicaments génériques, un coup dur pour la rémunération des pharmacies déjà fragilisées.
Désormais, les officines retrouvent le plafond habituel de 40 % sur les génériques, élargi aux médicaments hybrides, tandis que les biosimilaires restent plafonnés à 15 %.

Une victoire d’étape pour la mobilisation

La profession a multiplié ces dernières semaines les actions : grèves de gardes, fermetures symboliques, arrêts de PDA… La décision gouvernementale est interprétée comme une première victoire. « C’est le signe que la mobilisation a payé et que le dialogue reprend », se félicite-t-on du côté de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

Une mission « flash » IGAS-IGF

Pour éviter un simple sursis, le gouvernement a mandaté l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale des finances (IGF). Leur mission : analyser en trois mois les flux financiers du circuit de distribution du médicament et mesurer l’impact des évolutions de plafonds sur la rémunération des officines. Le protocole signé avec la FSPF élargit également le champ d’étude à l’identification des leviers nécessaires pour pérenniser le modèle économique officinal.

Focus sur les zones fragiles

Autre engagement fort : la prise en compte du maillage territorial. Le Premier ministre a reconnu les alertes des pharmaciens sur l’érosion de l’offre de soins dans certains territoires. Près de 900 officines rurales, situées dans des zones dépourvues de médecins généralistes, bénéficieront d’un accompagnement prioritaire. Cela passera par des aides financières ciblées et le développement de missions de soins de proximité.

OSyS généralisé

Dans cette logique, l’expérimentation OSyS (Offre de Soins de première intention en officine), promue par la FSPF, sera généralisée. Ce dispositif permet aux pharmaciens de prendre en charge les maux du quotidien directement en officine, en orientant ou en traitant efficacement les patients, contribuant ainsi à désengorger les cabinets médicaux et les urgences.

Vers une trêve syndicale

En contrepartie de ces annonces, la FSPF appelle à une pause des mobilisations, le temps de la mission IGAS-IGF. Mais le syndicat prévient : il n’acceptera ni aujourd’hui ni dans trois mois des mesures qui remettraient en cause la pérennité économique des pharmacies.

Une pause, pas un aboutissement

Ce répit de trois mois constitue une victoire d’étape, mais pas une issue définitive. Tout dépendra des conclusions de la mission et de la volonté politique d’assurer un modèle économique stable aux officines. D’ici là, le secteur reste mobilisé, vigilant et déterminé à défendre la valeur de son rôle dans le système de santé.