Réforme des remises sur les génériques : les pharmaciens appellent à la grève des gardes

Annoncée le 21 juin, la baisse des remises sur les médicaments génériques et biosimilaires provoque une mobilisation d’ampleur. Les syndicats alertent sur un risque de fragilisation économique des pharmacies et appellent à une grève des gardes dès cette semaine.

Par Armance Gelaude, publié le 25 juin 2025

Réforme des remises sur les génériques : les pharmaciens appellent à la grève des gardes

Un plafonnement contesté des remises sur les médicaments génériques

Le ministère de la Santé a confirmé, ce 21 juin, sa volonté d’abaisser le plafond des remises sur les médicaments génériques de 40 % à un taux compris entre 20 et 25 %. Les médicaments hybrides semblent, eux aussi, concernés par cette même mesure. Pour les biosimilaires, la limite serait fixée à 15 %.

Les syndicats de pharmaciens (FSPF, USPO, UNPF) et les représentants des groupements (Federgy, UDGPO) rejettent fermement cette réforme. Tous dénoncent une décision unilatérale, prise sans concertation suffisante, qui fragiliserait l’équilibre économique des officines.

 

Un risque accru pour les pharmacies en difficulté

Les remises sur les génériques représentent une source de revenus essentielle, estimée à près de 600 millions d’euros par an. Pour certaines pharmacies, en particulier en zones rurales ou à faible activité, elles permettent de maintenir les effectifs et d’assurer une présence de proximité. Plus de 800 établissements se trouveraient actuellement en situation de fragilité.

Cette réforme risque donc d’accélérer les fermetures d’officines et donc d’alimenter les déserts pharmaceutiques et d’aggraver les difficultés de recrutement, notamment pour les postes d’adjoints et d’apprentis. Le contexte inflationniste, les tensions d’approvisionnement et les arrêts maladie en hausse nourrissent aussi l’inquiétude sur la viabilité du modèle actuel.

 

Une mobilisation des pharmaciens dès le 1er juillet

En réponse à cette réforme, une grève illimitée des gardes de pharmacie est annoncée à partir de cette semaine. 

Elle s’accompagnera d’une manifestation nationale le 1er juillet à Paris. Les pharmaciens se rassembleront dès 11 h sur l’esplanade des Invalides au sein du « Village des professionnels de santé trahis ». Des rencontres avec parlementaires et élus sont prévues avant un départ en cortège vers le ministère de la Santé.

Objectif affiché : alerter sur les conséquences économiques et sanitaires de la réforme. Les syndicats réclament le retrait pur et simple de la mesure et se disent prêts à poursuivre la mobilisation des pharmaciens sous différentes formes, jusqu’à obtenir gain de cause.

 

Des actions en discussion si la réforme est maintenue

En cas d’échec des discussions avec le gouvernement, différentes actions sont envisagées : suspension de la dispensation des médicaments à forte valeur, blocage de la distribution par les grossistes, ou l’arrêt du recrutement. Ces pistes traduisent l’état de tension au sein de la profession.

La promesse d’étendre les remises aux biosimilaires ne suffit pas à rassurer. Ces produits sont encore peu diffusés en ville et génèrent des volumes trop faibles pour compenser la perte sur les génériques. Pour les syndicats, la réforme apparaît comme une erreur de ciblage, touchant les pharmaciens plutôt que d’autres acteurs du circuit du médicament.

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