Prix des biosimilaires : la France en tête… de la casse
Le GEMME tire la sonnette d’alarme : en 2024, le prix des biosimilaires en France est 44 % plus bas que chez nos voisins européens. Un paradoxe inquiétant alors que ces médicaments sont censés soutenir la soutenabilité du système de santé.

France : championne du prix bas… au détriment de l’équilibre du secteur
C’est un constat sans appel que dresse le GEMME (Générique, même médicament) dans son étude comparative dévoilée ce 2 juin : en moyenne, une unité de dispensation de biosimilaire coûte 212 € en France, contre 377 € dans les quatre pays voisins étudiés (Allemagne, Espagne, Italie et Royaume-Uni). Soit une différence de -44 %, qui atteint même -51 % face à l’Allemagne. Une politique tarifaire qui, au lieu de dynamiser l’usage des biosimilaires, menace leur pérennité économique.
« Les biosimilaires sont le premier levier d’économies sur le poste médicament. Il est absurde de les pénaliser au lieu de les protéger », alerte le GEMME.
Clause de sauvegarde : un mécanisme devenu contre-productif
Outre la faiblesse structurelle des prix, les laboratoires dénoncent l’application de la clause de sauvegarde aux biosimilaires. Ce mécanisme, destiné à réguler les dépassements de l’ONDAM, frappe indistinctement les industriels, y compris ceux qui permettent de générer des économies via les médicaments génériques, hybrides ou biosimilaires. Une distorsion que le GEMME qualifie d’injuste :
« Cette clause revient à sanctionner ceux qui participent à l’efficience. Il est temps d’en exonérer les médicaments à effet levier. »
Le message est clair : les économies attendues ne doivent pas se faire au détriment des seuls acteurs qui les rendent possibles.
Substitution officinale : accélération en 2025
Face à la faible pénétration des biosimilaires en France (35 % de parts de marché contre 53 à 79 % ailleurs en Europe), les LFSS 2024 et 2025 ont tenté un électrochoc. Trois leviers ont été actionnés :
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Élargissement du périmètre des molécules substituables
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Réduction du délai d’entrée en vigueur des arrêtés de substitution
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Instaurations de remises officinales encadrées
Mais le GEMME prévient : si la remise devient la seule incitation, le risque est grand d’entrer dans une guerre des prix destructrice. D’où l’appel à un plafond raisonnable des remises, pour préserver l’écosystème.
Pour une politique cohérente et soutenable
Cette nouvelle alerte du GEMME intervient dans un contexte de fragilité du tissu industriel français, mais aussi de tensions d’approvisionnement récurrentes. Avec un prix d’achat trop bas, les laboratoires réduisent la distribution, délaissent le marché français ou ralentissent les innovations.
« Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement le prix. C’est la souveraineté pharmaceutique, l’investissement industriel, la santé publique », conclut le collectif.
En somme, l’appel à un rééquilibrage vise à libérer le plein potentiel des biosimilaires sans menacer la chaîne de valeur. Et permettrait – à condition d’être bien réinvesti – de renforcer les piliers du système de soins (officine, hôpital, prévention, accès équitable…).
À savoir !
L’étude a porté sur 13 molécules phares commercialisées en ville : adalimumab, énoxaparine, époétine, étanercept, filgrastim, follitropine alfa, insuline glargine, pegfilgrastim, ranibizumab, somatropine, teriparatide, tocilizumab, ustekinumab. L’insuline asparte a été exclue, faute de données homogènes.