PLFSS 2026 : le Parlement sanctuarise les remises génériques et biosimilaires

Après plusieurs mois de mobilisation de la profession, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 a été définitivement adopté par l’Assemblée nationale. Le texte entérine plusieurs mesures structurantes pour le réseau officinal, au premier rang desquelles l’inscription dans la loi des plafonds de remises sur les médicaments génériques et biosimilaires.

Par Thomas Kassab, publié le 17 décembre 2025

PLFSS 2026 : le Parlement sanctuarise les remises génériques et biosimilaires

Remises génériques et biosimilaires : un verrou législatif inédit

C’est l’un des points les plus sensibles de ces derniers mois. Le PLFSS 2026 inscrit désormais dans la loi un plafond de 40 % pour les remises sur les génériques et de 20 % pour les biosimilaires.
Jusqu’ici, ces plafonds relevaient du pouvoir réglementaire, exposant les officines à des ajustements rapides et unilatéraux. Leur inscription dans la loi constitue un changement de nature juridique, destiné à sécuriser durablement une ressource économique majeure pour le réseau.

Pour les pharmaciens, l’enjeu est clair : éviter la répétition de décisions gouvernementales brutales sur un levier essentiel de l’équilibre financier des officines.

Aide aux officines en difficulté : un périmètre élargi

Autre mesure adoptée : l’extension de l’aide conventionnelle aux officines en difficulté, au-delà des seuls territoires fragiles.
Selon les estimations avancées par la profession, près de 800 officines supplémentaires pourraient ainsi devenir éligibles à ce dispositif de soutien, dans un contexte de fragilisation économique persistante du réseau.

Vers une reconnaissance accrue des missions cliniques

Le texte ouvre également la voie à la prise en charge de situations cliniques par les pharmaciens, avec une rémunération associée.
Si les contours opérationnels restent à préciser, cette évolution s’inscrit dans la continuité des missions de santé publique confiées à l’officine ces dernières années : prévention, orientation, accompagnement des patients et désengorgement du système de soins.

Substitution biosimilaire : un cadre renforcé

Le PLFSS 2026 prévoit par ailleurs une accélération de la substitution biosimilaire, reposant sur plusieurs leviers :

  • mise en place d’un tiers payant conditionné à la délivrance d’un biosimilaire ;

  • encouragement de la prescription en dénomination commune internationale (DCI) ;

  • encadrement renforcé de la mention « non substituable », sur un modèle proche de celui des génériques.

Objectif affiché : lever les freins persistants à l’essor des biosimilaires, tout en impliquant davantage l’officine dans la régulation des dépenses.

Maisons France Santé : une labellisation en perspective

Autre signal politique : la reconnaissance du rôle structurant de certaines officines dans l’accès aux soins, à travers une future labellisation en tant que « maisons France Santé ».
Une orientation qui confirme la place centrale de l’officine dans les politiques de proximité, notamment dans les zones sous-dotées médicalement.

Des économies record sur les médicaments

Ces avancées interviennent toutefois dans un contexte budgétaire tendu. Le PLFSS 2026 prévoit 2,3 milliards d’euros d’économies sur les médicaments et produits de santé, un niveau inédit.
Si les mesures de protection du réseau sont censées amortir l’impact de ces baisses de prix, la question du modèle économique de l’officine reste entière.

2026, année charnière pour le modèle officinal

La réforme structurelle de la rémunération est désormais au cœur des discussions. Une réflexion menée notamment dans le cadre de la mission IGAS-IGF, nourrie par les contributions économiques de la profession.
L’objectif affiché : sécuriser l’avenir du réseau, réduire la dépendance aux prix des médicaments et enrayer les fermetures d’officines, qui se multiplient sur le territoire.

Le PLFSS 2026 marque ainsi une étape politique importante. Reste à transformer ces avancées législatives en leviers concrets et durables pour l’officine, dans une année qui s’annonce décisive pour l’avenir de la profession.