"Nous entrons en résistance" : la FSPF sonne l’alerte après l’échec des négociations
Dans un webinaire de crise, Philippe Besset et François-Xavier Hemeryont détaillé l’échec des négociations sur les remises génériques, les pertes à venir pour le réseau, et les actions intersyndicales décidées face à ce qu’ils dénoncent comme une « trahison » gouvernementale.

Une rupture inédite
« Nous sommes entrés dans la politique du pire. » Le ton du président de la FSPF, Philippe Besset, ne laisse place à aucun doute : l’arrêté gouvernemental plafonnant les remises génériques à 30 % au 1er août (et à 15 % pour les biosimilaires), avec un passage imposé à 20 % pour tous au 1er janvier 2027, constitue à ses yeux une cassure historique. Une « trahison d’un accord conventionnel signé avec l’Assurance Maladie » et un « arbitrage industriel » en faveur des laboratoires, au détriment des officines de proximité.
« C’est un choix de société », tranche-t-il. Et un choix unilatéral : « Le Premier ministre nous a imposé ce texte. Il ne changera pas d’avis. »
Des pertes massives pour les pharmacies
Le volet économique, détaillé par François-Xavier Hemery (FSPF), chiffre l’impact avec deux méthodes de simulation (avec ou sans prise en compte des ruptures) :
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Un passage de 40 % à 30 % des remises sur les génériques engendre une perte de 170 à 260 millions d’euros pour le réseau officinal.
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À l’horizon 2027, avec l’instauration d’un plafond à 20 %, la perte cumulée s’élèverait à 380 à 520 millions d’euros, soit plus de 10 000 € par pharmacie.
Les gains potentiels issus des biosimilaires plafonnés à 15 % ne compensent pas ces pertes, sauf en cas de substitution massive, encore hypothétique.
Le plan intersyndical est lancé
Face à cet échec, l’intersyndicale FSPF–USPO, avec le soutien des groupements et de l’UNPF, a enclenché un plan d’actions musclé :
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Grève des gardes, avec suppression du tiers payant pendant les réquisitions, immédiate et reconduite jusqu’à nouvel ordre.
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Fermeture des officines tous les samedis, à compter de fin septembre.
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Manifestation nationale le 18 septembre, jour de présentation du PLFSS.
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Grève de la PDA en EHPAD, à l’étude pour l’automne.
Autre levier de pression : une pétition intersyndicale visant à recueillir un million de signatures, soutenue par une campagne de communication auprès des patients.
Une bataille à porter au Parlement
Le président de la FSPF ne nourrit plus d’espoir à court terme : « Le combat pour empêcher la publication de l’arrêté est perdu. À présent, nous devons obtenir son abrogation par le Parlement. »
C’est donc à l’Assemblée nationale, à travers un amendement au PLFSS 2025, que se jouera la suite. « Soit le Parlement corrige cet arrêté, soit il faudra changer de gouvernement », martèle Philippe Besset.
La stratégie repose désormais sur la mobilisation de l’opinion publique, via les élus locaux, les patients, les associations. « Ce n’est plus un combat technique. C’est un combat politique. Et il sera long. »
« Ne rien faire serait trahir le réseau »
L’option d’un compromis à 34 % avait été proposée par la FSPF, à travers un « plan pharmacie » incluant l’abandon du 20/20 en 2027. Ce plan a été rejeté par l’USPO, les groupements et le gouvernement.
Résultat : « Nous voilà avec un arrêté à 30 % dès le 1er août. Et ce sera la loi, jusqu’à preuve du contraire », déplore Philippe Besset.
« Certains pharmaciens ne tiendront pas. D’autres vont geler les embauches, réduire les horaires, abandonner certains actes. Mais ensemble, nous pouvons inverser la tendance. Nous devons mobiliser les Français. »