Noémie Chantrel-Richard : "L’Anepf poursuivra sa mission de représentation, d’innovation et d’engagement pour les étudiants en pharmacie"
Nouvelle présidente de l’Anepf depuis juillet, Noémie Chantrel-Richard entend renforcer les liens entre étudiants, institutions et professionnels. Dans un contexte de fortes tensions dans la profession, elle revient sur ses priorités et sa vision du rôle des futurs pharmaciens.

Noémie, vous venez d’être élue présidente de l’ANEPF. Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a menée jusqu’à ce rôle de représentation nationale ?

Noémie Chantrel-Richard
Noémie Chantrel-Richard : Je suis actuellement en cinquième année de pharmacie à Rouen, avec une orientation officine. J’ai commencé à m’engager localement, dans mon association étudiante d’UEF (Union des Étudiants en Pharmacie de Rouen), d’abord pour aider, puis par passion pour la défense des droits étudiants. Ensuite, j’ai intégré le bureau national de l’Anepf, où j’ai découvert toute l’ampleur du travail de représentation, de dialogue avec les institutions et d’organisation des temps forts de la vie étudiante. De fil en aiguille, l’envie de porter la voix de tous les étudiants en pharmacie s’est imposée. Je suis très honorée de cette confiance.
Quels seront vos grands chantiers à la tête de l’Anepf cette année ?
Noémie C.-R. : Nous allons poursuivre le travail engagé, mais aussi impulser de nouvelles dynamiques. D’abord, continuer à défendre les droits des étudiants, notamment sur les conditions de stage, la gratification, la reconnaissance du travail accompli, et l’amélioration de la formation sur les cinq filières. Nous voulons aussi renforcer la place des étudiants dans les débats nationaux sur la santé publique, l’accès aux soins, les déserts médicaux ou la prévention.
Ensuite, nous allons développer des outils pour mieux accompagner les élus locaux dans leur engagement, tout en renforçant l’ancrage de l’Anepf auprès des professionnels, des syndicats, des institutions et des facultés. Enfin, nous accorderons une attention particulière à des sujets encore trop souvent relégués au second plan : la santé mentale étudiante, l’engagement écologique des facultés, ou encore la valorisation de l’innovation étudiante.
La profession traverse une période très tendue. Quel regard portez-vous, en tant qu’étudiante et future pharmacienne, sur la mobilisation actuelle ?
Noémie C.-R. : Ce qui se passe est extrêmement préoccupant. On parle de plafonnement des remises, de fin programmée du tiers payant, de pressions économiques croissantes sur les officines.
Ce n’est pas un combat corporatiste : c’est un enjeu de santé publique.
Si les pharmaciens de proximité ne peuvent plus exercer sereinement, ce sont les patients qui en pâtiront. En tant qu’étudiants, nous observons cela avec gravité, car c’est notre avenir professionnel qui se dessine aujourd’hui. Nous avons besoin d’un réseau officinal solide, attractif, pérenne, qui soit capable d’accueillir et de former les jeunes pharmaciens dans de bonnes conditions.
La mobilisation est légitime, et nous suivons avec attention les actions menées. Même si l’Anepf n’a pas vocation à être une organisation syndicale, nous sommes solidaires des préoccupations de la profession lorsqu’elles ont un impact direct ou indirect sur notre futur métier.
Face à ces enjeux, quelle place souhaitez-vous donner à l’engagement étudiant ?
Noémie C.-R. : Je veux remettre l’engagement étudiant au cœur de l’identité des études de pharmacie.
L’Anepf, ce n’est pas une simple instance : c’est un catalyseur d’idées, un pont entre les étudiants et les décideurs.
Nous voulons que chaque étudiant en pharmacie comprenne qu’il peut avoir un impact. Participer à une association locale, s’engager dans un projet de prévention, organiser une action sur la santé menstruelle ou la vaccination : ce sont des actes concrets, utiles, formateurs.
Et nous allons aussi renforcer les synergies avec les acteurs du monde professionnel. C’est en dialoguant avec les syndicats, les URPS, les groupements, les laboratoires, que nous préparons l’étudiant à sa future pratique et que nous faisons vivre la profession.
Justement, comment rapprocher les étudiants des officines et de la réalité du terrain ?
Noémie C.-R. : Il faut créer davantage de passerelles. Le stage de sixième année est un levier essentiel, mais il arrive parfois tard. Nous plaidons pour des immersions plus précoces, un meilleur encadrement des stages, et surtout une valorisation de la mission pédagogique des titulaires.
Un mot pour les étudiants qui hésitent à s’engager dans l’associatif ?
Noémie C.-R. : Engagez-vous ! Vous apprendrez à porter une parole, à défendre des idées, à travailler en équipe, à gérer des projets… Ce sont des compétences précieuses, utiles pour n’importe quel pharmacien. Et c’est aussi un levier de développement personnel. On ressort grandi, plus confiant, plus légitime. L’associatif, ce n’est pas du temps perdu. C’est un investissement dans la profession.