Mobilisation du 30 mai : et maintenant ?

Confortés par la grève massive du 30 mai, les syndicats pharmaceutiques doivent désormais se retrouver le 5 juin avec l’Assurance maladie pour une nouvelle multilatérale sur la revalorisation de la rémunération. Une réunion qui ne devrait pas être conclusive, tant les positions des uns et des autres sont encore très éloignées. Raison pour laquelle les syndicats entendent maintenir la pression. L’idée d’une suite à donner au mouvement pendant les JO n’est pas exclue.

Jacques Nadel, publié le 31 mai 2024

Mobilisation du 30 mai : et maintenant ?

Partout en France, ce 30 mai 2024, 10 ans après leur première mobilisation historique, les pharmacies ont baissé à nouveau le rideau pour que les pharmaciens titulaires et leurs équipes descendent dans la rue manifester leur colère, leur inquiétude et défendre les valeurs de la profession. Les étudiants en pharmacie ont également grossi les cortèges, soit au total 30 000 manifestants selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

Plus de 3000 manifestants à Lille

Une mobilisation exceptionnelle et impressionnante de plusieurs centaines, voire milliers de pharmaciens comme à Lille, où 3000 à 3500 d’entre eux ont défilé dans les rues à coups de slogans et au son des sifflets, de chants bon enfant, de banderoles, depuis la place de la République pour atteindre l’ARS en fin de matinée.

Entre 85% et 90% des pharmacies en grève

Selon l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), le mot d’ordre de grève a été suivi entre 85% et 90% (hors pharmacies réquisitionnées par les ARS pour assurer le service de garde). Ce score frôle même les 100% dans certains départements (Saône-et-Loire…) et dans certaines villes du Sud (Menton, Roquebrune-Cap Martin…). À Nice, Marseille, Toulouse, Dijon, Montpellier, Nancy…, le nombre de manifestants a dépassé le millier pour une démonstration de force réussie. Ils étaient aussi 3000 manifestants à battre le pavé parisien, depuis la faculté de pharmacie Paris V jusqu’au ministère de Bercy.

Vente en ligne : Berçy tend une perche

Reçue pendant plus de 2 h à l’issue de la manifestation par le conseiller sur les professions libérales auprès de la ministre déléguée chargée des entreprises, Olivia Grégoire, la délégation de responsables syndicaux a pu faire état d’une écoute bienveillante à leurs doléances (revalorisation de la rémunération, pénuries de médicaments, dérégulation du modèle officinal, réforme du 3ième cycle des études…). Mais pas que.

Sur le sujet de discorde le plus important avec le gouvernement, la potentielle libéralisation de la vente de médicaments en ligne, l’interlocuteur de Bercy a indiqué qu’il n’y avait pas de calendrier calé concernant le second volet du projet de loi Macron 2 qui devra légiférer sur les professions réglementées, contrairement à ce qu’a laissé entendre Matignon sur l’examen de ce texte à l’automne. Il a même appelé les syndicats à l’apaisement en leur assurant que la profession sera associée à la co-construction du projet de loi sur la vente de médicaments sur Internet. Et à continuer de négocier avec l’Assurance maladie.

La contre-proposition de l’USPO

« Nous avons été écoutés et respectés lors de cette réunion, avec l’annonce d’une feuille de route claire sur certains dossiers (financiarisation de l’officine, réforme des études, sauvegarde du réseau…) », se félicite Philippe Besset, président de la FSPF. Mais pas de quoi faire abaisser la garde des syndicats qui attendent des actes concrets et significatifs. D’autant que, du côté des négociations conventionnelles, la contre-proposition de l’USPO à la seconde proposition de l’Assurance maladie, moins favorable que sa première proposition en termes d’évolution de la rémunération, est toujours de demander 1 Mds€ de ressources supplémentaires à l’Assurance maladie, mais étalé sur 3 ans (de 2025 à 2027) avec une allocation de 70% à 80% dès l’année prochaine.