Mobilisation des pharmaciens : le 16 août a-t-il été un succès ?

La journée du samedi 16 août a marqué une étape décisive dans la mobilisation des pharmaciens. Des milliers d’officines ont gardé rideau baissé pour protester contre la baisse programmée des remises génériques. Un signal fort adressé au gouvernement, dans un contexte de tensions croissantes entre la profession et les pouvoirs publics.

Par Thomas Kassab, publié le 18 août 2025

Mobilisation des pharmaciens : le 16 août a-t-il été un succès ?

Plus de huit pharmacies sur dix fermées

Si les chiffres précis restent difficiles à établir, les premiers retours convergent vers une mobilisation massive. « Nous essayons d’avoir des chiffres fiables et fins, ce qui n’est pas évident du tout. Mais d’après nos estimations basses en recoupant les premières données que nous avons, nous sommes quand même au-delà de 80 % », indique Sébastien Lagoutte, vice-président de l’USPO, contacté ce jour par la rédaction de Pharma365,

Pour l’organisation, il ne fait aucun doute que « l’objectif est rempli ». Le représentant syndical insiste :

La profession a montré sa détermination par sa mobilisation, malgré les appels au boycott de certains.

Une quasi-unanimité en Bourgogne

Certains départements ont affiché des taux record. « En Saône-et-Loire, sur 171 pharmacies, seules six n’ont pas voulu fermer. Soit 96 % de fermeture. Je ne parle pas des cinq pharmacies réquisitionnées, mais qui s’étaient déclarées fermées avant réquisition », détaille Sébastien Lagoutte.
En Côte-d’Or, les chiffres se rapprochent de ce niveau, confirmant une mobilisation exceptionnelle.

PACA au rendez-vous, contrastes ailleurs

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur a également connu une forte participation. « En PACA, le mouvement a été très suivi », souligne le vice-président de l’USPO. Dans d’autres territoires en revanche, la mobilisation a pris des formes plus contrastées. « C’est plutôt ville dépendant que département ou région dépendant », nuance-t-il, relevant que certaines grandes agglomérations ont connu des fermetures massives tandis que d’autres zones restaient plus mitigées.

Un mouvement qui dépasse le symbole

La fermeture de milliers d’officines au cœur du mois d’août, période habituellement peu propice à la mobilisation, témoigne du malaise profond de la profession. L’arrêté gouvernemental réduisant le plafond des remises génériques est perçu comme une menace directe sur la viabilité économique de nombreuses pharmacies, notamment les plus fragiles.

Pour les pharmaciens, cette journée du 16 août n’était pas une grève ordinaire, mais une action exceptionnelle destinée à alerter l’opinion publique et les décideurs. Derrière le rideau baissé, le message était clair : sans révision du dispositif, l’équilibre économique du réseau officinal risque d’être gravement compromis.

Et maintenant ?

Si l’USPO salue « une mobilisation réussie », le syndicat prévient que la lutte ne s’arrête pas là. Les discussions avec le gouvernement devront reprendre, mais la détermination reste entière. La profession envisage déjà d’autres actions dans les semaines à venir pour maintenir la pression.

Nous avons prouvé que, même en plein cœur du mois d’août, la profession pouvait se rassembler pour défendre son modèle, conclut Sébastien Lagoutte.