Libéralisation de la vente en ligne des médicaments : Matignon n’exclut pas cette menace.

Economie de l’officine, financiarisation, risque de dérégulation qui s’accompagnerait d’une remise en cause des piliers de l’officine que sont le monopole officinal, la détention du capital et le maillage territorial, réforme des études…

Jacques Nadel, publié le 24 mai 2024

Libéralisation de la vente en ligne des médicaments : Matignon n’exclut pas cette menace.

Les deux syndicats ont été reçus mercredi 22 mai à Matignon, à la demande de la conseillère santé de Gabriel Attal. Afin de prendre le pouls des pharmaciens sur des dossiers brûlants à la veille de la mobilisation générale de la profession du 30 mai prochain.

« Il ne s’agissait en aucun cas d’une réunion d’arbitrage avec le premier ministre, ses services nous ont rappelé qu’ils souhaitaient laisser agir le directeur général de l’Assurance maladie dans le respect de la lettre de cadrage économique que lui a confiée le gouvernement et que nous ne connaissons pas, expose Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), sachant qu« aller au-delà de l’enveloppe » sera du ressort de discussions avec les ministères concernés.

Le gouvernement ne fera pas barrage

Concernant les bruits autour de la dérégulation de l’exercice officinal, les syndicats ne sont pas repartis de cette réunion sans beaucoup de réponses et d’assurances. Même si des convergences de vue et d’intérêts sont manifestes sur la préservation de deux des trois piliers de l’exercice officinal, sur le monopole, « le premier ministre souhaite des évolutions sur la vente en ligne de médicaments non remboursables et ne s’interdit pas de soutenir un projet de loi Macron 2 porté par les députés de la majorité qui arriverait à l’automne », s’inquiète Philippe Besset.

Les centrales d’achat : un rôle à renforcer

Pour barrer la route à un tel projet et à la mise en place de stocks de médicaments déportés via des plateformes commerciales, les syndicats ont expliqué qu’il n’y avait pas nécessité d’avoir un service type Amazon sachant que les français disposent d’une pharmacie en moyenne à 7-8 minutes de chez eux. Pour eux, une alternative qui ne déstabiliserait pas le maillage consisterait à renforcer législativement le rôle des centrales d’achats et favoriser les achats groupés, pour apporter une réponse prix plus adaptée au pouvoir d’achat des Français.