Journée du 18 et automne sous tension : l’USPO met la pression

Dans un contexte de tensions entre la profession officinale et l’exécutif, marqué par l’arrêté du 4 août sur les remises des génériques et le changement de Premier ministre, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appelle à la fermeture des officines le 18 septembre. Au-delà de cette date, le syndicat décrit sa feuille de route. Entretien avec Lucie-Hélène Pagnat, directrice générale de l’USPO.

Par Armance Gelaude, publié le 12 septembre 2025

Journée du 18 et automne sous tension : l’USPO met la pression

Une journée pour montrer un territoire sans pharmacies

Face à l’arrêté du 4 août et à ses futures conséquences économiques armanqui s’annoncent désastreuses pour le maillage officinal, l’USPO veut matérialiser l’impact d’une offre fragilisée sur le terrain. Lucie-Hélène Pagnat résume : « La première chose qui a été actée par notre Conseil d’administration, c’est le fait de fermer les officines durant cette journée du 18. Pour démontrer ce qu’est qu’un territoire affaiblit, sans officines disponibles. ».

En parallèle de ces fermetures, des actions locales sont prévues devant les préfectures, avec des rencontres des ARS et des élus, dans une dynamique intersyndicale.

 

Un message aux pharmaciens, aux patients et aux pouvoirs publics

Dans un contexte de pénuries récurrentes et de fragilité accrue des territoires, l’appel de l’USPO vise l’ensemble des formats d’officine, sans distinction. Le syndicat met en avant l’appui de la patientèle, nourri par une pétition relayée en officine.

Sur les ressentis, l’organisation évoque de la colère, mais pas de résignation : « Je n’ai pas de remontées de résignation. C’est surtout de la frustration, parce que ça n’avance pas assez vite et que, politiquement, on n’a pas l’écho de la mobilisation menée, tant côté terrain que côté syndical », indique Lucie-Hélène Pagnat.

La directrice générale précise l’enjeu concret pour le public : « Le patient sait qu’en l’absence d’une pharmacie de proximité, il va y avoir des difficultés àse fournir ses traitements. Ce qui impliquera d’aller plus loin. »

 

Changement à Matignon : cap maintenu

Avec la nomination d’un nouveau Premier ministre, l’USPO dit avoir rapidement demandé un échange pour clarifier la trajectoire gouvernementale. Le syndicat revendique deux priorités : suspendre l’arrêté du 4 août et ouvrir les discussions sur une réforme profonde du mode de rémunération de la profession. « On a fait partir hier un courrier au Premier ministre pour l’informer de la situation : le gel, la suspension, l’abrogation de l’arrêté du 4 août et l’ouverture d’un avenant pour avoir un mode de rémunération qui corresponde aux réels besoins économiques de la profession. » L’organisation plaide aussi pour un ministère de la Santé « fort et souverain, qui ne soit pas soumis aux arbitrages budgétaires de Bercy ».

 

Après le 18 : deux chantiers distincts

Au-delà de la journée de mobilisation, l’USPO inscrit son action dans le calendrier budgétaire et juridictionnel de l’automne.

Contexte parlementaire oblige, le syndicat veut porter ses propositions via le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. « Le PLFSS, ça va être un gros chantier d’automne dès le lendemain de la manifestation. Nos équipes ont déjà pas mal travaillé. », indique la directrice générale de l’USPO, en rappelant l’appui d’élus : « On a toujours beaucoup de parlementaires qui nous soutiennent et qui vont continuer de poser des questions au gouvernement pour défendre la profession. »

Sur le terrain juridique, l’USPO vise l’annulation de l’arrêté contesté. « On est en train de travailler au dépôt d’un recours contre l’arrêté pour le faire abroger, en démontrant certaines illégalités du texte et en montrant son inefficacité par rapport à la pertinence de l’offre de soins. » Le syndicat confirme préparer un recours devant le Conseil d’État.

En ligne de mire, à l’automne : « Le PLFSS va déjà pas mal nous occuper pour les deux mois à venir », conclut la directrice générale de l’USPO, tout en présentant le 18 septembre comme un jalon dans la défense du maillage officinal.