Génériques : l'USPO dénonce une nouvelle "entourloupe" gouvernementale

Alors que le Gouvernement annonce une réduction des remises sur les médicaments génériques, l’USPO tire la sonnette d’alarme. Cette décision, dénoncée comme une « entourloupe », menace de fragiliser davantage des officines déjà sous tension, tout en contredisant les ambitions affichées pour les biosimilaires. Derrière cette mesure d'économie, se cache une vision court-termiste de la santé publique, au détriment des pharmaciens et des patients qu’ils accompagnent au quotidien.

Par Thomas Kassab, publié le 21 novembre 2024

Génériques : l’USPO dénonce une nouvelle « entourloupe » gouvernementale

Alors que les débats sur le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) se jouent actuellement au Sénat, une annonce de dernière minute du Gouvernement suscite l’indignation des pharmaciens. La proposition de diminuer les remises accordées sur les médicaments génériques d’au moins 100 millions d’euros est dénoncée par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) comme une véritable « entourloupe ». Une mesure qui pourrait, selon l’USPO, mettre en péril l’équilibre économique déjà fragile des officines françaises.

Une économie à court terme, un désastre pour les officines

Cette réduction des remises, décidée à la hâte et sans concertation, apparaît comme un mauvais signal envoyé à une profession sous pression. Les pharmaciens, déjà confrontés à une augmentation continue de leurs charges depuis trois ans, se voient à nouveau fragilisés par cette décision qui impactera directement leur rémunération.

Pour rappel, ces remises sont des marges négociées avec les industriels sur les médicaments génériques, qui permettent aux officines de compenser les baisses régulières des prix imposées par le Comité économique des produits de santé (CEPS). En d’autres termes, ces remises ne sont pas un bonus, mais bien un élément structurant de la rémunération des pharmaciens.

Le paradoxe des biosimilaires

Cette décision est d’autant plus incohérente qu’elle vient contrecarrer un amendement porté par l’USPO et repris par le Gouvernement pour encourager le développement des médicaments biosimilaires. En permettant des remises encadrées sur ces derniers, cet amendement visait à initier une dynamique vertueuse : offrir aux officines de nouvelles opportunités économiques tout en poursuivant les efforts de maîtrise des dépenses publiques.

En s’attaquant aux remises sur les génériques, le Gouvernement envoie un double message contradictoire : il fragilise les officines sur le court terme tout en hypothéquant le développement des biosimilaires, pourtant perçu comme stratégique pour l’avenir.

Des remises déjà sous tension

L’USPO souligne également que les remises sur certains médicaments courants, comme l’amoxicilline ou la prednisolone, sont déjà très limitées, atteignant seulement 2,5 %. Ces produits, essentiels pour les patients et souvent en rupture, illustrent la précarité du système actuel. Toute réduction supplémentaire des marges risquerait de pousser certaines officines à la fermeture, notamment dans les zones rurales où elles constituent un maillon indispensable de l’accès aux soins.

Une atteinte à la convention nationale

Au-delà de l’impact économique, cette mesure pourrait contrevenir à la convention nationale pharmaceutique, qui régit les relations entre les officinaux et l’Assurance maladie. Pour l’USPO, toucher au plafond actuel de 40 % de remise sur les génériques reviendrait à rompre un équilibre déjà précaire, mettant en péril la viabilité même du réseau officinal.

Une profession au bord de la rupture

Cette décision illustre une nouvelle fois le décalage entre les aspirations des politiques publiques et la réalité du terrain. Alors que les pharmaciens ont démontré leur engagement sans faille pendant la crise sanitaire, ils se retrouvent aujourd’hui à devoir batailler pour préserver leurs moyens de subsistance.

La profession, souvent perçue comme un maillon fort du système de santé, est pourtant en souffrance. Le Gouvernement doit comprendre que la pérennité des officines est une condition sine qua non pour garantir l’accès aux soins, particulièrement dans les territoires les plus fragiles.

Pour l’USPO, la mobilisation est désormais de mise : il s’agit de défendre un modèle économique qui a fait ses preuves, tout en exigeant une politique de santé publique cohérente et respectueuse de ceux qui en sont les piliers.

Une « entourloupe » aux conséquences graves

Cette mesure d’économie, perçue comme une attaque déguisée contre les pharmaciens, risque de se retourner contre ses initiateurs. En affaiblissant les officines, le Gouvernement s’attaque à un maillon essentiel de la chaîne de soins, au détriment des patients. Une fois encore, c’est le pragmatisme économique qui semble primer sur une vision à long terme de la santé publique.

L’USPO appelle les sénateurs à rejeter cette mesure et à rappeler au Gouvernement l’importance de soutenir, et non de fragiliser, un secteur en première ligne pour la santé des Français.