Automédication : une année 2025 sous haute tension

En 2025, l’automédication traverse une zone de turbulences. Malgré un marché qui pèse encore près de 2 milliards d’euros, les dernières données de GERS Data confirment un décrochage progressif, accentué à l’automne. Baisse des volumes, listages, changements de statut et complexification du conseil officinal redessinent les contours d’un segment historiquement stratégique pour l’officine.

Par Thomas Kassab, publié le 16 décembre 2025

Automédication : une année 2025 sous haute tension

Automédication : une année 2025 sous tension malgré un marché à 2 milliards d’euros

Novembre 2025 marque un nouveau point bas pour l’automédication. Selon les dernières données GERS Data, le marché accuse une baisse de –6,3 % sur le mois, aggravant une tendance déjà négative en cumul annuel (–1,2 %). Une contre-performance qui confirme que l’automédication traverse, en 2025, une phase de fragilisation profonde, bien au-delà des seuls effets saisonniers.

Un marché toujours massif, mais en net recul

La délivrance de médicaments sous conseil officinal, quel que soit leur taux de TVA, représente toujours près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires depuis le début de l’année, pour 359 millions de boîtes délivrées. Mais cette masse critique ne masque plus la réalité :

  • –1,2 % en valeur,

  • –3,4 % en volume.

Autrement dit, les patients achètent moins, et l’augmentation des prix ne suffit plus à compenser la baisse des volumes. Une tendance préoccupante pour un segment historiquement central dans l’économie officinale.

Trois classes qui soutiennent encore la croissance

Sur les douze derniers mois, seules trois classes thérapeutiques contribuent positivement à l’évolution du marché, apportant +21 millions d’euros au réseau officinal :

  • les traitements de l’état grippal,

  • la constipation,

  • le reflux gastro-œsophagien (RGO).

Ces segments partagent plusieurs points communs : des pathologies fréquentes, parfois chroniques, pour lesquelles le rôle du conseil pharmaceutique reste déterminant. Ils illustrent une évolution du comportement des patients, davantage enclins à solliciter l’expertise officinale sur des troubles identifiés et récurrents que sur des symptômes aigus banalisés.

Les maux d’hiver durement pénalisés

À l’inverse, les classes traditionnellement motrices de l’automédication hivernale concentrent l’essentiel de la décroissance. Selon GERS Data, les rhumes, maux de gorge et la toux pèsent à eux seuls –43 millions d’euros sur la période.

Le facteur explicatif est clairement identifié : le listage de la pseudoéphédrine en décembre 2024, qui a profondément modifié le parcours de délivrance.

Résultat :

  • une baisse mécanique des ventes,

  • une complexification du conseil au comptoir,

  • et, dans certains cas, un report vers le médecin… ou un renoncement pur et simple à l’achat.

Une automédication de plus en plus encadrée

Pour GERS Data, la situation actuelle résulte d’un empilement de contraintes :

Changement de statut, changement de taux de TVA, listage, modification du conseil du pharmacien : l’automédication est bien grippée.

Cette phrase résume à elle seule le sentiment partagé par de nombreux pharmaciens : le champ de l’automédication se réduit, non par désintérêt des patients, mais sous l’effet de décisions réglementaires successives qui transforment en profondeur l’exercice du conseil.

Quel message pour l’officine ?

Les données 2025 envoient un signal clair :

  • l’automédication ne disparaît pas,

  • mais elle se recentre sur des classes où la valeur ajoutée du pharmacien est pleinement reconnue,

  • tandis que les segments les plus emblématiques du “libre accès” deviennent plus contraints, moins lisibles et moins dynamiques.

Dans ce contexte, le conseil officinal reste un levier stratégique, mais il évolue dans un environnement réglementaire et économique de plus en plus serré. Un enjeu majeur à suivre de près pour 2026.

Source : données SOG early – GERS Data