Le DMP ouvert aux pharmaciens.

Avec l'accès au DMP, le pharmacien renforce son rôle d'acteur pivot de santé publique et améliore la qualité du suivi de sa patientèle. Il doit cependant maîtriser certains outils numériques.

Par Carole Ivaldi, publié le 08 janvier 2024

Le DMP ouvert aux pharmaciens.

Plus de données pour un meilleur suivi du patient.

Un arrêté du 26 octobre publié au JO du 29 octobre autorise les pharmaciens d’officine à avoir accès à la quasi-totalité des informations contenues dans le DMP. En effet, ils ont désormais la possibilité de consulter les comptes rendus médicaux (biologiques, anesthésiques, hospitaliers), les prescriptions de tous les professionnels de santé, les protocoles de soins et l’imagerie.

Bruno Maleine, président des titulaires d’officine de l’Ordre des pharmaciens, y voit plusieurs avancées positives.

« Avoir accès aux données biologiques est une avancée majeure, car nous pourrons désormais ajuster si nécessaire les posologies du traitement du patient. Ces données vont donner un contexte que nous n’avions pas avec la seule prescription médicale. Le certificat de synthèse va de son côté fournir les informations nécessaires pour que nous prenions le relais en ville de l’hôpital. Sur le versant santé publique, c’est innovant, car le médecin pourra suivre l’observance du patient, puisqu’il aura accès aux médicaments qui auront été délivrés. Enfin, ce partage de données renforce l’efficience des différents professionnels de santé et donc la prise en charge globale du patient. »

Certaines règles à respecter.

La règle est que le patient garde la main sur ses données de santé. Il peut restreindre l’accès à son DMP à certains professionnels. Avec cet arrêté, les pharmaciens ont accès au DMP de leur patientèle uniquement.

« Si un pharmacien d’une zone touristique estime avoir besoin d’une donnée de santé du DMP qui a un intérêt pour la délivrance d’un traitement, il doit au préalable recueillir le consentement du patient. »

Ils peuvent y avoir accès en présence du patient, au comptoir, mais également sans le patient pour préparer son bilan de médication. Le préparateur ne pourra accéder au DMP, puisqu’il faut entrer la CPS du pharmacien.

En revanche, l’arrêté stipule que la grille d’évaluation médico-sociale, le bilan psychologique, la synthèse psychiatrique, le bilan de santé et de prévention de l’enfant, les directives anticipées, l’attestation de résidence, l’attestation d’hébergement et l’attestation de sortie restent non accessibles aux pharmaciens. Tout accès en dehors de ces dispositions-là est passible d’amendes et de peines de prison prévues dans le Code de la santé publique et le Code pénal.

« Consulter un DMP doit toujours être pertinent et réfléchi », insiste Bruno Maleine.

Prendre le virage numérique.

En amont, le patient doit avoir un DMP ouvert.

Le pharmacien doit qualifier l’INS du patient et, pour ce faire, il doit demander la carte d’identité du patient.

« Il va falloir que les pharmaciens se familiarisent avec ces notions-là, car jusqu’à présent, nous demandions la carte Vitale et non la carte d’identité. Nous abordons aujourd’hui un tournant important qui nécessite que les pharmaciens maîtrisent les outils numériques. Avec la deuxième phase du Ségur, ils vont appréhender et utiliser toutes les données qu’ils ont à leur disposition. »