Voix de la mobilisation : le combat des étudiants en pharmacie pour le changement

Nicolas Savic, porte-parole et attaché de presse de l'Association Nationale des Étudiants en Pharmacie de France, dévoile les enjeux de la manifestation étudiante en pharmacie du 21 novembre dans cette interview exclusive.

Par Thomas Kassab, publié le 16 novembre 2023

Voix de la mobilisation : le combat des étudiants en pharmacie pour le changement

Alors qu’une manifestation des étudiants en pharmacie se profile à l’horizon, le 21 novembre prochain, soulignant un moment clé pour cette profession, nous avons saisi l’occasion d’interviewer Nicolas Savic, étudiant en pharmacie, porte-parole et attaché de presse de l’Association Nationale des Étudiants en Pharmacie de France. Cette discussion offre un aperçu précieux des défis actuels rencontrés par les étudiants en pharmacie et met en lumière leur détermination à instaurer des changements positifs dans leur domaine.

Thomas Kassab : Pourriez-vous détailler les raisons de la mobilisation étudiante en pharmacie et vos objectifs ?

Nicolas Savic : Notre mobilisation est centrée sur plusieurs points clés. Premièrement, nous réclamons une meilleure structuration des spécialisations en pharmacie d’officine et d’industrie, ainsi que la valorisation des diplômes d’études spécialisées. Nous souhaitons aussi l’introduction de maîtres de stage universitaires pour encadrer notre formation pratique. Un point crucial est l’extension de la durée de stage en officine à un an, pour une formation plus complète. Enfin, nous revendiquons une rémunération juste pour les étudiants en pharmacie, incluant des indemnités pour couvrir les frais de logement et de transport, surtout pour ceux effectuant leurs stages en milieu rural.

Thomas Kassab : Quelle a été la réaction des autorités face à vos demandes ?

Nicolas Savic : Le dialogue avec le gouvernement a été difficile. Bien qu’il y ait eu des discussions depuis 2016, les négociations concrètes ont manqué. Des promesses ont été faites, mais peu ont été tenues. Récemment, le gouvernement a adopté une position rigide, nous laissant avec des propositions peu satisfaisantes et loin de nos attentes. Cette réaction a renforcé notre détermination à lutter pour nos droits.

Thomas Kassab : Quel impact espérez-vous pour cette manifestation ?

Nicolas Savic : Nous espérons que cette manifestation éveillera la conscience du grand public et des politiques sur nos luttes. Nous souhaitons montrer que, contrairement aux perceptions, les étudiants en pharmacie sont déterminés et prêts à se battre pour leurs droits. Nous voulons également mettre en lumière les défis auxquels notre profession est confrontée, tant dans les secteurs industriels que dans les officines.

Thomas Kassab : Pourquoi y a-t-il une telle résilience ou un manque de mobilisation dans le secteur pharmaceutique ?

Nicolas Savic : La culture de notre formation est fondée sur la discipline et le respect, ce qui peut parfois freiner les mouvements de contestation. Historiquement, les pharmaciens se mobilisent principalement en cas d’urgences critiques pour la profession. Cependant, face à l’indifférence actuelle du gouvernement, nous ressentons une urgence croissante à nous unir et à exprimer nos préoccupations de manière plus visible et organisée.

Thomas Kassab : Comment expliquez-vous l’augmentation des places vacantes en pharmacie ?

Nicolas Savic : Ce phénomène est le résultat d’une série d’échecs politiques. La réforme de la formation en santé n’a pas suffisamment mis en valeur les études de pharmacie, ce qui a entraîné un désintérêt pour la profession. De plus, la place du pharmacien dans la société a évolué ; autrefois un pilier de la communauté, le rôle du pharmacien a semblé s’effacer, bien que la pandémie ait récemment inversé cette tendance.

Thomas Kassab : Quel est votre message final pour les étudiants, le gouvernement et le public ?

Nicolas Savic : Aux étudiants en pharmacie, je dis : votre engagement est essentiel, mobilisez-vous ! Aux professionnels : nous avons besoin de votre soutien. Ensemble, nous sommes plus forts. Au gouvernement : nous exigeons des négociations sérieuses et une mise en œuvre rapide des réformes. Si nos voix ne sont pas entendues, nous serons prêts à manifester massivement le 21 novembre. Notre unité et notre détermination sont nos plus grandes forces

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