Vers un rattrapage vaccinal élargi contre les HPV jusqu’à 26 ans

La Haute Autorité de santé recommande d’étendre la vaccination contre les papillomavirus humains à tous les jeunes adultes. Un changement de cap qui pourrait concerner 3,6 millions de personnes en France.

Par Armance Gelaude, publié le 14 mai 2025

Vers un rattrapage vaccinal élargi contre les HPV jusqu’à 26 ans

Un fardeau sanitaire important, mais évitable

Les HPV touchent la majorité des personnes sexuellement actives. Si l’infection est souvent transitoire, elle peut, dans 5 à 10 % des cas, persister et évoluer vers des lésions précancéreuses. Chaque année, en France, environ 6 400 cas de cancers sont attribués aux HPV, dont près de la moitié concernent le col de l’utérus. À ces chiffres s’ajoutent 35 000 atteintes précancéreuses et 100 000 cas de condylomes ano génitaux.

La vaccination, introduite pour les filles en 2007 puis élargie aux garçons en 2021, constitue avec le dépistage un outil reconnu de prévention. Pourtant, la couverture vaccinale reste insuffisante. En 2024, seuls 48 % des adolescentes et 24,5 % des adolescents de 16 ans avaient complété leur schéma vaccinal, bien loin de l’objectif de 80 % fixé pour 2030.

 

Une recommandation fondée sur des données épidémiologiques

Initialement destiné aux adolescents, le rattrapage de la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) pourrait bientôt s’ouvrir à un public plus large. Saisie par le laboratoire MSD (titulaire de l’autorisation de mise sur le marché de Gardasil 9), puis par l’association IMAGYN (Initiative des malades atteintes de cancers gynécologiques), la Haute Autorité de santé (HAS)) préconise désormais une extension du rattrapage vaccinal jusqu’à 26 ans révolus, sans distinction de sexe ni d’orientation sexuelle.

Jusqu’ici, ce rattrapage n’était recommandé que jusqu’à 19 ans pour l’ensemble des adolescents, avec une exception jusqu’à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. 

Pour étayer sa proposition d’élargissement, la Haute Autorité de santé s’est appuyée sur plusieurs données épidémiologiques. Les études montrent que près de 75 % des jeunes adultes âgés de 20 à 26 ans n’ont pas encore été exposés aux virus HPV. Cependant, le début de la vie sexuelle constitue une période de vulnérabilité accrue : environ 60 % des primo-infections surviennent dans les cinq premières années suivant les premiers rapports.

Des enquêtes récentes révèlent par ailleurs une forte acceptabilité du vaccin Gardasil 9 dans cette tranche d’âge : près de 80 % des 18-24 ans y sont favorables, un taux en hausse de 16 points après les campagnes scolaires de 2023. 

 

Le pharmacien, acteur clé de la vaccination HPV en officine

Depuis l’automne 2023, les pharmaciens d’officine peuvent prescrire et administrer le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) aux personnes âgées de 11 ans et plus, sous réserve d’une formation spécifique.

 

Conditions d’administration en officine

Le vaccin Gardasil 9 est recommandé pour l’immunisation active des individus à partir de 9 ans contre les maladies dues aux HPV.

Le schéma vaccinal du Gardasil 9 varie selon l’âge et le profil du patient :

  • Pour les enfants de 11 à 14 ans, la vaccination se fait en deux doses séparées par un intervalle de 6 à 13 mois.
  • En ce qui concerne les adolescents de 15 à 19 ans, trois doses sont requises, selon le calendrier suivant :
    • La deuxième injection est effectuée deux mois après la première.
    • La troisième est réalisée six mois après la première.
  • Pour les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, jusqu’à l’âge de 26 ans complet : Trois doses sont données ; la deuxième dose est administrée deux mois après la première ; la troisième dose est donnée six mois après la première.

Le vaccin peut être administré en même temps que d’autres vaccins recommandés, tels que le rappel dTcaP ou la vaccination méningo-coccique ACWY.

 

Conservation et traçabilité

Le Gardasil 9 doit être conservé entre +2 °C et +8 °C, à l’abri de la lumière, et ne doit pas être congelé.

Après administration, les informations relatives à la vaccination doivent être enregistrées dans le Dossier Médical Partagé (DMP) ou transmises au médecin traitant du patient, sous réserve de son consentement.