Tennis elbow et golfer’s elbow : deux douleurs, un même combat
Tendinopathies du coude aux mécanismes similaires mais aux localisations opposées, l’épicondylite et l’épitrochléite touchent respectivement les extenseurs et les fléchisseurs du poignet. Fréquentes chez les sportifs comme les professionnels exposés à des gestes répétitifs, elles méritent une prise en charge adaptée, à laquelle le pharmacien peut activement contribuer.

Mouvements répétés, pathologies symétriques
L’épitrochléite, ou « golfer’s elbow », désigne l’atteinte douloureuse des tendons des muscles fléchisseurs de l’avant-bras, s’insérant sur l’épitrochlée (face interne du coude). À l’inverse, l’épicondylite, dite aussi « tennis elbow », touche les extenseurs du poignet, au niveau de l’épicondyle latéral (face externe).
Dans les deux cas, le mécanisme est le même : microtraumatismes répétés, sollicitations excessives, efforts prolongés ou gestes mal réalisés conduisent à une tendinopathie dégénérative. À terme, les fibres de collagène s’épaississent, se désorganisent, parfois se calcifient, provoquant douleurs, perte de force et incapacité fonctionnelle.
Symptômes et signes d’alerte
La douleur est localisée au niveau de l’insertion tendineuse : face externe pour l’épicondylite, face interne pour l’épitrochléite. Elle peut être spontanée, déclenchée par le mouvement ou le toucher, irradier vers l’avant-bras, et devenir chronique si non traitée.
Les patients se plaignent souvent de gêne à la préhension, à la rotation du poignet ou à la flexion-extension, notamment lors de la saisie d’objets, de l’utilisation d’un outil, d’une souris d’ordinateur ou en bricolant. L’altération de la force grippe les gestes quotidiens les plus simples, comme porter un sac ou ouvrir un bocal.
Qui est concerné ?
Les tendinopathies du coude représentent environ un quart des TMS du membre supérieur, selon les données de l’INRS. Les populations les plus exposées sont :
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Les professionnels effectuant des gestes répétitifs : ouvriers du BTP, cuisiniers, coiffeurs, musiciens…
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Les utilisateurs d’outils vibrants : perceuse, marteau-piqueur, visseuse…
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Les sportifs sollicitant le poignet ou l’avant-bras : tennis, golf, escalade, musculation.
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Les travailleurs de bureau, notamment en cas de mauvaise ergonomie informatique.
Prise en charge : du repos à la rééducation
Il n’existe pas de recommandations françaises spécifiques pour la gestion de ces tendinopathies, mais les grandes lignes du traitement sont bien établies :
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Repos relatif avec arrêt ou modification des gestes en cause ;
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Application locale de froid, surtout en phase inflammatoire ;
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Antalgiques et AINS, si nécessaire (en courte durée) ;
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Kinésithérapie ciblée, avec étirements, renforcement progressif, travail excentrique ;
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Thérapies adjuvantes : ultrasons, ondes de choc, taping, voire infiltrations si résistance ;
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Injections de PRP (plasma riche en plaquettes) dans certains cas chroniques.
La chirurgie n’est envisagée qu’en cas d’échec des traitements conservateurs au bout de plusieurs mois.
Orthèses et rôle du pharmacien
En phase aiguë, une orthèse de poignet ou de coude peut être proposée pour limiter les mouvements nocifs. Le pharmacien, en tant que professionnel de premier recours et orthésiste formé, a un rôle essentiel :
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Identifier les gestes déclencheurs ;
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Orienter vers un modèle adapté (brace, bandeau, coudière) ;
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Éduquer le patient sur le port intermittent, les moments clés de la journée, et la durée ;
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Accompagner la reprise progressive des activités avec conseils ergonomiques.
Prévenir les récidives
Les tendinopathies du coude ont un risque élevé de chronicité et de rechute si l’origine gestuelle n’est pas corrigée. La prévention repose sur :
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L’adaptation des outils et postes de travail (ergonomie, repose-poignet, table réglable) ;
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L’apprentissage de gestes techniques corrects (par un kiné ou un coach) ;
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Des pauses régulières et des étirements en milieu professionnel ;
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Une rééducation complète, même après disparition des symptômes.
En conclusion
L’épitrochléite, comme l’épicondylite, ne doit pas être banalisée : il s’agit de véritables tendinopathies pouvant altérer durablement la qualité de vie et la performance. Le pharmacien joue un rôle clé dans la détection précoce, l’orientation thérapeutique, la dispensation des orthèses et la prévention des récidives. Une approche personnalisée, centrée sur les gestes du quotidien, permet souvent d’éviter une évolution vers la chronicité.