Coup de chaleur : la prévention démarre à l’officine

Fatigue intense, déshydratation, confusion, voire urgence vitale : les coups de chaleur guettent les patients les plus fragiles à chaque épisode caniculaire. À l’officine, le rôle du pharmacien est central pour anticiper les risques, adapter certains traitements, et sensibiliser les publics exposés. Conseils pratiques, médicaments à surveiller, conduite à tenir : tour d’horizon pour renforcer la prévention.

Par Thomas Kassab, publié le 17 juin 2025

Coup de chaleur : la prévention démarre à l’officine

Identifier les patients à risque

Personnes âgées, enfants en bas âge, femmes enceintes, patients atteints de pathologies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque ou rénale), travailleurs exposés à la chaleur ou encore sportifs : tous ces profils doivent faire l’objet d’une vigilance accrue dès l’annonce d’un pic thermique. Le repérage à l’officine repose notamment sur l’interrogatoire lors de la dispensation de traitements chroniques.

À retenir : il faut être proactif en repérant les patients seuls, ceux en ALD, ou ceux qui retirent des traitements pouvant majorer la déshydratation ou altérer la thermorégulation.

Vigilance sur certains traitements

Plusieurs classes médicamenteuses peuvent favoriser la survenue d’un coup de chaleur ou aggraver ses conséquences :

  • Les diurétiques (thiazidiques, de l’anse, épargneurs de potassium) majorent les pertes hydriques et salines.

  • Les antihypertenseurs (IEC, sartans, bêtabloquants) peuvent altérer la réponse adaptative à la chaleur.

  • Les psychotropes (neuroleptiques, antidépresseurs, anxiolytiques) perturbent la thermorégulation centrale.

  • Les anticholinergiques (antihistaminiques H1, antiparkinsoniens, oxybutynine…) réduisent la sudation.

  • Les hypoglycémiants oraux et l’insuline exposent au risque de malaise en cas de repas sauté ou de déshydratation.

Le pharmacien doit rappeler que certains effets indésirables liés à la chaleur sont évitables par une adaptation du traitement (en lien avec le médecin), ou par une surveillance accrue (poids, tension, glycémie…).

Répéter les bons conseils de prévention

Le cœur du message officinal repose sur des rappels simples mais essentiels :

  • S’hydrater régulièrement, même sans soif : 1,5 à 2 litres par jour, sauf contre-indication médicale.

  • Rester au frais : éviter de sortir aux heures chaudes, aérer tôt le matin et fermer volets/rideaux le reste de la journée.

  • Adapter son alimentation : privilégier des repas légers, riches en fruits et légumes, et éviter l’alcool.

  • Humidifier le corps (visage, bras, jambes), prendre des douches fraîches, utiliser un brumisateur si besoin.

  • Adapter ses activités physiques, les limiter ou les déplacer en dehors des périodes les plus chaudes.

Le pharmacien peut aussi orienter vers les dispositifs locaux (appels aux personnes isolées, espaces climatisés municipaux…).

Compléments utiles et solutions disponibles

En plus des conseils, plusieurs produits peuvent être proposés à l’officine :

  • Solutions de réhydratation orale (SRO), utiles en cas de diarrhée ou de pertes importantes.

  • Sérums physiologiques en unidoses pour les nourrissons.

  • Brumisateurs ou lingettes rafraîchissantes pour le confort.

  • Éventails, ventilateurs nomades ou compresses de gel réfrigérantes.

  • Eaux minérales riches en sodium et magnésium, à conseiller avec discernement.

Le Plasma Marin Hypertonique (OLIGOCEAN® PMH, SuperDiet) peut aussi être évoqué en cas de fatigue ou de perte de minéraux, hors contre-indications, notamment chez les hypertendus.

Que faire en cas de signes d’alerte ?

Le pharmacien doit connaître les signes d’un coup de chaleur grave nécessitant une prise en charge en urgence :

  • Température corporelle > 39 °C

  • Confusion, propos incohérents, somnolence

  • Crampes musculaires, peau chaude et sèche

  • Maux de tête intenses, nausées, vomissements

Conduite à tenir : placer la personne à l’ombre ou dans un endroit frais, l’hydrater si consciente, la rafraîchir (eau, linge humide) et appeler immédiatement les secours (15).

En résumé

Le pharmacien est en première ligne pour limiter les accidents liés à la chaleur. À chaque vague de chaleur, la mise en place de réflexes simples – comme l’affichage de conseils en vitrine, la vérification des traitements à risque, et le dialogue patient – peut faire toute la différence. Une prévention active, au comptoir, vaut parfois mieux qu’un traitement curatif trop tardif.

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