Chikungunya : le vaccin IXCHIQ contre-indiqué chez les plus de 65 ans
Alors que Mayotte est officiellement passée en phase épidémique de chikungunya, la campagne vaccinale utilisant le vaccin vivant atténué IXCHIQ est recentrée sur les adultes de 18 à 64 ans présentant une comorbidité. En cause : la survenue de plusieurs effets indésirables graves chez les personnes âgées, entraînant une contre-indication temporaire chez les plus de 65 ans. Décryptage officinal d’une actualité sensible.

Une campagne ciblée face à la menace virale
Le virus chikungunya circule activement à Mayotte depuis plusieurs semaines, poussant les autorités sanitaires à déclarer la phase épidémique le 27 mai 2025. Avec plus de 500 cas recensés depuis le début de l’année et une forte augmentation hebdomadaire, la situation impose une réponse vaccinale rapide, en complément des mesures de lutte antivectorielle. Comme à La Réunion, la campagne repose sur le vaccin IXCHIQ, développé par Valneva et autorisé en Europe depuis fin 2023.
Contre-indication chez les plus de 65 ans : pourquoi ?
Début mai, le Comité européen de pharmacovigilance (Prac) a lancé une évaluation des données de sécurité d’IXCHIQ, après des signalements d’événements indésirables graves, parfois mortels, survenus majoritairement chez des patients âgés de 62 à 89 ans. Sur environ 43 000 doses administrées dans le monde, près de 40 % l’ont été à des personnes de plus de 65 ans. C’est dans cette population que se concentrent les cas graves, notamment à La Réunion.
En conséquence, le vaccin IXCHIQ est désormais contre-indiqué de manière temporaire chez les 65 ans et plus, dans l’attente des conclusions de l’enquête européenne.
Quels profils restent éligibles ?
La vaccination est maintenue pour les personnes de 18 à 64 ans présentant une ou plusieurs comorbidités. Cette stratégie ciblée vise à protéger les individus les plus à risque de formes sévères sans exposer les plus âgés à des effets potentiellement délétères. Chez les patients de 55 à 64 ans, un suivi spécifique est recommandé, avec un appel téléphonique à J+3 après l’injection pour détecter précocement tout effet indésirable.
Un rôle pour l’officine dans la campagne
L’arrêté publié au Journal officiel du 28 mai 2025 autorise l’administration du vaccin dans les lieux habituels de soins, y compris en pharmacie d’officine, sous réserve d’une prescription médicale préalable. Dans ce cadre, les pharmaciens peuvent :
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Participer à la dispensation du vaccin IXCHIQ ;
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Conseiller sur la balance bénéfices/risques chez les patients avec comorbidités ;
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Orienter les personnes âgées vers des alternatives ou un suivi médical renforcé ;
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Informer sur les signes d’alerte post-vaccination et les mesures de prévention vectorielle.
Quelle conduite à tenir au comptoir ?
En pratique, le pharmacien doit :
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Vérifier l’âge du patient et la présence éventuelle de comorbidités (diabète, hypertension, insuffisance cardiaque, etc.) ;
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Refuser toute vaccination en officine chez les plus de 65 ans, même si le vaccin est disponible ;
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Encourager la déclaration d’effets indésirables via le portail de pharmacovigilance ;
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Fournir les informations essentielles sur le suivi post-injection, en particulier chez les 55-64 ans ;
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Expliquer le caractère vivant atténué du vaccin, contre-indiquant son administration chez les immunodéprimés.