La France face à ses choix, quel avenir pour la politique du médicament

Dès l’introduction, Thierry Hulot pose le cadre d’une « responsabilité partagée » entre industries, pouvoirs publics et soignants. Il rappelle que les États‑Unis et la Chine intensifient relocalisations et incitations, pendant que l’Europe cherche son tempo. Dans ce paysage mouvant, le Leem appelle à « des états généraux du médicament » et à « une trajectoire pluriannuelle lisible », afin de sortir d’une logique de mesures ponctuelles et de sécuriser les investissements, comme l’arrivée des traitements.

Accès et délais : effets en chaîne jusqu’à l’officine

Les intervenants s’alarment de délais moyens d’accès au remboursement et à la mise à disposition en ville, supérieurs à 520 jours, et d’une disponibilité effective d’environ 60 % des innovations, certains vaccins dépassant 1 800 jours avant d’atteindre les patients.

Au‑delà du symbole, cette inertie pèserait sur l’attractivité des essais cliniques et freinerait la diffusion en ville, avec des répercussions au comptoir. Ce séquencement — de l’AMM à la publication au Journal officiel puis au passage hôpital‑ville — éclaire l’allongement du délai d’accès remboursé. Il impose aux équipes officinales d’anticiper logistique, paramétrage et information des patients, d’où la nécessité d’un calendrier prévisible et partagé entre acteurs.

Accès précoce : un levier à consolider

Depuis 2021, près de 120 000 patients auraient bénéficié de l’accès précoce à des traitements. Le dispositif montrerait cependant des signes de ralentissement en 2025.

Le Leem redoute que des pistes évoquées pour le PLFSS 2026 — fusion partielle avec l’accès direct et délais de négociation encadrés — « découragent un outil utile aux patients sans alternative ». Le message qu’ils souhaitent envoyer est le suivant : « améliorer » l’accès précoce, « ne pas le fragiliser », en s’appuyant sur les retours de terrain, notamment en oncologie.

Prix, fiscalité et visibilité pour 2026

Sur le terrain économique, les industriels anticipent de nouvelles baisses de prix et l’instauration d’une taxation « à la source » en cumul de la clause de sauvegarde, pour un rendement agrégé autour de 1,6 milliard d’euros.

Le Leem conteste une régulation reconduite d’année en année et plaide pour une enveloppe pluriannuelle articulée à la valeur thérapeutique et à l’ancrage de la recherche clinique en France. Cela afin de préserver la capacité d’investissement tout au long de la chaîne.

Officines : marges, pénuries, vaccination

La tribune insiste sur la nécessité de « ne pas dresser les acteurs » les uns contre les autres et regrette des décisions « sans concertation » qui affectent la lisibilité des marges officinales. S’agissant des pénuries, les orateurs renvoient au plan élaboré avec l’ensemble de l’écosystème et évoquent une décrue récente, tout en reconnaissant que le sujet demeure sensible et exige un suivi coordonné.

Pistes de sortie

Pour avancer, le Leem propose de geler les textes du PLFSS 2026 le temps d’une co‑construction portant à la fois sur la trajectoire de dépenses, la prise en compte de la valeur thérapeutique, l’intégration de la recherche dans la fixation des prix et le renforcement des capacités industrielles, plutôt que la multiplication de stocks d’État.

Les pharmaciens d’officine sont cités comme parties prenantes de cette refondation, avec un rôle à clarifier dans l’accès sécurisé et lisible aux innovations.

Revoir la conférence sur le linkedin du Leem.