Alerte Santé Publique : le danger des injections d'acide hyaluronique clandestines
Dans un contexte où les réseaux sociaux influencent fortement les perceptions et pratiques liées à la beauté, le phénomène de l’auto-injection d’acide hyaluronique, souvent réalisée de manière clandestine et dangereuse, prend de l’ampleur en France. Cet entretien avec le Dr Isabelle Gallay, vice-présidente du Syndicat National des Dermatologues-Vénéréologues (SNDV), met en lumière une pratique alarmante […]
Dans un contexte où les réseaux sociaux influencent fortement les perceptions et pratiques liées à la beauté, le phénomène de l’auto-injection d’acide hyaluronique, souvent réalisée de manière clandestine et dangereuse, prend de l’ampleur en France. Cet entretien avec le Dr Isabelle Gallay, vice-présidente du Syndicat National des Dermatologues-Vénéréologues (SNDV), met en lumière une pratique alarmante : des personnes non qualifiées – esthéticiennes, coiffeuses ou particuliers sans formation médicale – administrent des injections d’acide hyaluronique, en dehors de tout cadre médical réglementé. Cette situation, exacerbée par la promotion en ligne de ces pratiques risquées, a conduit à de graves complications médicales, telles que des accidents vasculaires, la cécité, des déformations faciales, ou encore la nécrose tissulaire.
Face à ces dangers et à la pression sociale générée par les réseaux sociaux, le SNDV se mobilise pour dénoncer ce marché parallèle illégal. La réponse est venue sous la forme d’un décret, publié le 3 novembre 2023, qui encadre strictement la délivrance de l’acide hyaluronique injectable. Ce texte législatif limite la vente de ces produits aux professionnels de santé qualifiés et interdit leur vente en ligne aux particuliers, soulignant ainsi les risques pour la santé publique.
Le SNDV espère, par cette initiative, sensibiliser le grand public aux dangers de ces injections “sauvages” et s’engage à fournir des informations pertinentes pour éclairer ce sujet crucial de santé publique.
Dans ce cadre, une interview avec un membre du SNDV peut offrir une perspective approfondie et experte sur ce sujet d’importance :
Thomas Kassab : Quelle est, selon vous, l’influence des réseaux sociaux sur les normes de beauté actuelles ?
Dr Gallay : Les réseaux sociaux ont un impact indéniable sur la perception de la beauté, surtout chez les jeunes femmes. Les images souvent retouchées et les standards promus par des influenceurs créent des attentes irréalistes. Des tendances comme des lèvres volumineuses ou des traits exagérés gagnent en popularité, mais elles ne reflètent pas la diversité ni la réalité de la beauté.
Thomas Kassab : En parlant de l’acide hyaluronique, pourriez-vous nous éclairer sur les dangers des injections non réglementées ?
Dr Gallay : Même en milieu médical, l’utilisation de l’acide hyaluronique doit être abordée avec prudence. Nous, dermatologues, sommes formés pour comprendre et gérer ces risques. Le danger principal est la nécrose des tissus si l’injection est mal réalisée. Cela peut entraîner des conséquences graves, comme des accidents vasculaires cérébraux ou une perte de vision. Notre syndicat (SNDV ndlr) s’efforce donc de combattre les pratiques illégales et d’informer le public sur l’importance d’une approche médicale rigoureuse.
Thomas Kassab : Comment le récent décret sur l’acide hyaluronique impacte-t-il sa distribution et son utilisation ?
Dr Gallay : Ce décret est une avancée significative pour la sécurité des patients. Il stipule que l’acide hyaluronique ne peut être vendu qu’aux professionnels médicaux. Cette mesure vise à prévenir les abus et garantir que l’utilisation de l’acide hyaluronique reste dans un cadre strictement médical.
Thomas Kassab : Quels conseils donneriez-vous au public pour éviter les pièges des injections illégales ?
Dr Gallay : La règle d’or est de toujours chercher des professionnels médicaux qualifiés. En raison de la banalisation des injections esthétiques sur les réseaux sociaux, beaucoup oublient leur nature médicale. Il est impératif de ne consulter que des cabinets médicaux agréés pour ces interventions.
Thomas Kassab : Comment envisagez-vous l’évolution des pratiques esthétiques ?
Dr Gallay : Avec l’augmentation de la demande, il est essentiel d’avoir des professionnels qualifiés et bien formés. A partir de 2024, un diplôme universitaire de médecine esthétique sera disponible, offrant une formation spécialisée à un plus grand nombre de médecins. Cette initiative permettra une meilleure régulation des pratiques esthétiques et garantira des traitements plus sûrs pour les patients.
Thomas Kassab : Un dernier mot ?
Dr Gallay : Il est crucial de rester conscient des risques liés aux interventions esthétiques. La sensibilisation du public et l’éducation sont essentielles pour promouvoir une approche responsable et sécurisée de l’esthétique médicale.
Dr Isabelle Gallay