Le pharmacien correspondant arrive

Exercice officinal

Depuis fin mai, le pharmacien correspondant désigné par le patient peut modifier le traitement, en accord avec le prescripteur. Mais seulement dans le cadre d’un exercice coordonné.

Publié le 07 juin 2021

Le pharmacien correspondant arrive

Le décret du 28 mai 2021 permet la désignation, par le patient, d’un pharmacien correspondant qui peut renouveler un traitement et, éventuellement, en ajuster la posologie, en accord avec le prescripteur. Mais cela n’est possible que s’il appartient à une structure d’exercice coordonné.
Ce décret est pris en application de l’article 28 de la loi n°2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé.
Deux conditions sont requises pour l’exercice de cette nouvelle mission : l’officine doit « disposer de locaux avec une isolation phonique et visuelle » et le pharmacien doit « informer le médecin traitant du patient et participer à la même structure d’exercice coordonné », c’est-à-dire une équipe de soins primaires (ESP), une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) ou encore un centre de santé.
Le patient remplit un formulaire Cerfa (comme pour le médecin traitant) pour désigner son pharmacien correspondant auprès de l’Assurance maladie ; un téléservice devrait être mis en place par la suite. Celui-ci pourra renouveler périodiquement les traitements chroniques et, si besoin, ajuster la posologie.

La prescription médicale doit comporter une mention autorisant le renouvellement par le pharmacien correspondant de toute ou partie des traitements prescrits. Le cas échéant, une mention autorise un ajustement de posologie. « Toutes ces conditions sont très restrictives. L’intérêt de ce dispositif est d’autant plus restreint que le médecin peut très bien rédiger une ordonnance pour douze mois » note Philippe Besset, président de la FSPF. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) réclame, en l’absence de structure territoriale de collaboration interprofessionnelle, que le pharmacien correspondant puisse exercer cette mission directement en accord avec le médecin traitant.
L’ordre des pharmaciens souligne que « le pharmacien indique alors sur l’ordonnance les actions entreprises. Le Dossier Pharmaceutique et le Dossier médical partagé doivent intégrer ces données ».
La durée totale du traitement ne peut excéder douze mois. Il est précisé que « pour des motifs de santé publique, une liste de traitements non éligibles au dispositif pourra être fixée par un arrêté du ministre de la Santé ».
Les modalités de rémunération sont en discussion avec les syndicats qui refusent une rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) et réclament un paiement à l’acte.
Rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) et réclament un paiement à l’acte.
« Il ne faut pas bouder ce dispositif qui ouvre une nouvelle porte à la coopération médecin-pharmacien. Il faudra ensuite élargir cette mission aux relations ville/hôpital » conseille Philippe Besset. Pourtant certains représentants des médecins appellent à s’opposer à cette pratique.

J. S.